Pour José, massacré par la police, le proc’ demande un an de taule

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Comptes-rendus de justice 6 compléments

Dans leur voiture de police, des flics ont massacré José, un homme originaire de St Fons, le vendredi 20 juin. Ayant eu vent de cette affaire, le procureur de la république a immédiatement déféré en comparution immédiate… José.
Récit de comparution immédiate du 23 juin

Le 20 juin, à Vénissieux, 4 policiers en civil effectuent un contrôle de la route, ils arrêtent et contrôlent une voiture avec 3 personnes à l’intérieur. Ils disent vouloir effectuer un contrôle d’alcoolémie ; le conducteur du véhicule, José, refuse de souffler dans le ballon. Les policiers le sortent de sa voiture et le mettent dans la leur pour l’emmener jusqu’au commissariat Marius Berliet.

Les deux amis du conducteur restent sur place et observent la scène.
Pour le faire rentrer dans le véhicule de police, un des policiers assène des coups de poings sur la tête de José, qui est menotté les mains dans le dos. José baisse la tête, se plie et rentre dans la voiture sous une pluie de coups. Un de ses amis tente d’intervenir pour faire cesser le passage à tabac, il en est empêché par deux policiers qui lui barrent le passage.

La route jusqu’au commissariat Marius Berliet est un calvaire. José se fait massacrer à coups de poings et à coups de pieds par un flic assis avec lui à l’arrière du véhicule. Malgré ses appels à l’aide lancé au conducteur du véhicule et ses hurlements pour que les 2 collègues du flic interviennent, rien ne se produit, José se fait défoncer par un flic pendant 10 bonnes minutes pendant que les autres observent.

Quand il sort du véhicule, au commissariat Marius Berliet, il a la tête en sang. Les policiers le placent en garde à vue. Le médecin de la garde à vue qui vient l’ausculter l’envoie d’urgence à l’hôpital de Lyon Sud où il est pris en charge par une équipe médicale, et hospitalisé pour la nuit et le jour d’après.

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Diagnostic : une fracture du nez, une dizaine de points de suture sur le cuir chevelu, deux dents cassés, l’arcade sourcilière de l’œil droit éclatée, l’intérieur de l’œil gauche éclaté, nécessité d’une opération chirurgicale pour les dents, et presque un mois d’ITT [1]. Le dimanche, José est littéralement tuméfié, méconnaissable, comme le déclareront son frère, ses amis et même l’assistante sociale, venus le voir.

En plus des violences physiques, José est traumatisé psychologiquement et mentalement par ce déchaînement de violence incompréhensible.

Ayant eu vent de cette affaire, le procureur a immédiatement déféré en comparution immédiate… José.

Au tribunal

José se retrouve donc le lundi après midi au Tribunal, dans le box des accusés, menotté et encadré par deux flics.

Il apprendra de la bouche du juge qui présente les faits, que les policiers se sont portés partie civile contre lui et que les procès verbaux qu’ils ont rédigés l’accusent d’avoir refusé d’obtempérer, d’avoir outragé deux flics, de les avoir menacés, et de s’être rebellé pendant leur intervention.
Les lardus ont engagé un avocat pour les représenter ; celui-ci demande des indemnités financières pour les préjudices « qu’ils ont subis », les policiers ayant « fait leur travail correctement », selon leur avocat.
Toujours selon l’avocat des flics, José se serait cogné la tête tout seul, contre la lunette arrière du véhicule de police, pendant le trajet jusqu’au commissariat Marius Berliet.

Le juge interroge José pour connaître un peu son profil sociologique, ses activités : il a 43 ans, 2 enfants, il est marié, tient un bar à St Fons depuis 8 ans et nie toutes les accusations (citées ci-dessus). Le juge l’interroge ensuite sur le déroulement de l’arrestation et cherche à comprendre ce qui s’est passé.
Au bout d’un moment il est interrompu par le procureur, visiblement importuné par ce prévenu qui évoque des violences policières : « Bon, on plaide ou on plaide pas !? » - « Monsieur le procureur, vous aurez la parole plus tard » lui répond le juge avant de reprendre ses questions à José.

Quand c’est au procureur de parler, il « ne donne pas de crédit à la parole du prévenu » et requiert un an de prison, dont six mois avec sursis, et l’obligation d’indemniser les policiers !

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Du côté de la défense, l’avocat de José plaide la relaxe et argumente.
La nature et la violence des blessures empêchent que José se soit blessé seul, en se cognant la tête contre la lunette du véhicule.
Les dépositions des policiers n’expliquent pas pourquoi José a la tête en sang au sortir du véhicule de police.
D’autre part, comment expliquer qu’aucun des 4 policiers n’ait d’ITT alors qu’ils décrivent José comme violent et agité ?
La défense mentionne aussi que le témoignage d’un des pompiers qui ont emmené José aux urgences contredit clairement certains des procès verbaux des policiers.
Enfin, le refus des flics d’entendre et de recevoir le témoignage d’un des passagers de José tout comme celui des autres pompiers qui accompagnaient José à l’hôpital confirme qu’il pèse de sérieux doutes sur la version policière.

José a été victime de violences policières et d’une tentative de manipulation de la justice par les flics

Bon nombre des accusations, notamment les insultes, les menaces, la rébellion et les outrages ont été inventées par les policiers pour la « couverture » de leurs violences.
Il s’agit d’une hideuse tentative pour manipuler la justice et faire condamner un homme innocent : à la suite des violences qu’ils ont commis sur une personne, les policiers mentent dans leurs procès verbaux, inventent des délits imaginaires pour faire condamner le prévenu et vont jusqu’à engager un avocat pour défendre et présenter les bourreaux comme des victimes. Scandaleux !

La suite ça sera le 24 juillet, au tribunal de grande instance de Lyon, puisque le Tribunal a ordonné un supplément d’information et que l’affaire a été renvoyée à cette date. José a été remis en liberté en attendant la future audience. Il compte déposer plainte contre les flics.

P.-S.

- Vous pouvez retrouver régulièrement les récits de comparutions immédiates sur le site Compim-Lyon ou dans le dossier qui leur est consacré sur Rebellyon.
- Un observatoire des comparutions immédiates à Lyon est en cours de création, afin d’amplifier la veille judiciaire et la collecte des témoignages sur les comparutions immédiates.

Notes

[1ITT réalisée par un médecin généraliste

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  • Le 1er juillet 2008 à 21:34, par J.Ph.CH

    Malheureusement, la Constitution de 1793, concession momentanée de la Montagne en grande difficulté à la Sans-Culotterie, n’a jamais été appliquée, ni même promulguée et est donc restée lettre morte. Et il est vrai que ce fut la constitution la plus radicalement révolutionnaire de ce temps-là. Et de tous les temps aussi.

  • Le 29 juin 2008 à 17:18, par magalie

    moi aussi j’aimerais le soutenir
    il faut pas le laisser seul

  • Le 28 juin 2008 à 14:23

    Petite précision : même la déclaration de 1789 ne constitue pas un texte de loi opposable dans un procès par exemple. Ce sont des grands principes censés guider le droit.... (hahahah)

    De toutes façons on s’en fout, pas besoin de textes pour savoir ce qui est dégueu . Arrêtons de farfouiller dans des livres pour légitimer notre rage.

    Après oui, ça montre toujours les contradictions de ce système, mais quand on voit des lois immondes s’appeler « égalité des chances ».... faut-il encore s’étonner ?

  • Le 27 juin 2008 à 23:01, par vince

    Petite précision,
    La déclaration des droits de l’homme que tu cites est celle de 1792 (ou 1793), et non celle de 1789. Seule cette dernière est (malheureusement) reconnue en france, comme fondement constitutif du droit.

  • Le 27 juin 2008 à 19:31, par Seb

    Juste un petit rappel de la déclaration des droits de l’homme de 1793.
    Les articles 31, 33, 34 et 35 sont d’une brulante actualité :

    Article 31

    Les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n’a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens.

    Article 33

    La résistance à l’oppression est la conséquence des autres droits de l’homme.

    Article 34

    Il y a oppression contre le corps social, lorsqu’un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.

    Article 35

    Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

  • Le 27 juin 2008 à 13:20

    Il faut absolument soutenir cet homme !

    Serait-il d’accord pour que des gens viennent le soutenir lors de son procès le 24 juillet ?

    A-t-il besoin d’aide de la part de la caisse de solidarité ?

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