1 ) Le candidat de la « sécurité »
Le candidat UMP a réussi à maintenir au pouvoir la majorité sortante en jouant la « rupture ». En particulier, cette rupture a été assimilé à un « retour à l’ordre » face à l’insécurité, à la figure du délinquant qu’on a voulu assimiler à l’étranger, au jeune des quartiers populaires, au « déviant », etc.
Mais Sarkozy est lui-même un puissant facteur d’insécurité. Par ses provocations, il a contribué à déclencher les émeutes dans les quartiers populaires et à les attiser. Son élection elle-même est accueillie par des violences urbaines.
Certes, dans un premier temps, ces phénomènes risquent de le renforcer. Néanmoins, à moyen terme, la supercherie apparaitra à un nombre toujours croissant de personnes, qui se tourneront soit vers l’extrême-droite, soit vers une compréhension plus réfléchie de la cause de l’« insécurité » - la décomposition du mode de production capitaliste.
2 ) Le favori des petits-bourgeois, des commerçants et des artisans
Si on exclut la classe des grands capitalistes qui n’a aucun poids électoral, Sarkozy recueille ses meilleurs scores parmi les petits artisans, commerçants, les petits-bourgeois. Ceux-là, qui ne comptent pas leurs heures de travail, veulent se venger des prolétaires et des salariés qui ont acquis par leurs luttes un poids social et des acquis supérieurs aux leurs. Beaucoup d’entre eux suintent d’une haine sociale farouche contre les "RMistes", les "glandeurs", les fonctionnaires. C’est le « travailler plus pour gagner plus ».
Mais Sarkozy, mis à part via quelques éventuelles mesures démagogiques sans effets sur la durée, est incapable d’assurer un avenir à cette classe de la société. C’est le président non pas du petit patronat familial, mais du grand capital financier du CAC 40. Les grands groupes bénéficieront de privilèges accrus sur le marché - même si c’est au prix de golden-parachutes moins dorés ou visibles -, et écraseront toujours plus de leur poids le petit négoce, le petit commerce, la petite exploitation paysanne. Rapidement, cette classe de la société se tournera soit vers l’extrême-droite, soit vers le parti des salariés et des opprimés.
3 ) Le favori des réactionnaires radicaux
Une réserve de voix conséquente de Sarkozy provient de ceux qui ont une conception viscéralement réactionnaire de la société. Les racistes, les nostalgiques, les partisans de l’« identité nationale ».
Cependant, les rapports sociaux entre les classes, le poids conséquent des salariés et des opprimés dans la société, interdisent à Sarkozy de donner satisfaction à ce secteur social, du moins immédiatement. Dès son discours du soir de l’élection, Sarkozy a appelé ses électeurs à « respecter ceux qui n’ont pas voté pour lui », et il fait des pieds et des mains pour donner à son gouvernement les apparences d’un gouvernement d’ouverture « à gauche et au centre ».
Ces manœuvres ne convainquent pas grand monde à gauche. Le centre est destiné à s’écrouler rapidement car il n’y a pas de place pour ceux qui se donnent l’apparence de « modérés » dans une période de radicalisation. Par contre, ces démarches d’« ouvertures » ont déjà déçu ceux qui s’attendaient à une victoire viscéralement hargneuse, revancharde.
Le fait même que les protestations qui, pour la première fois de l’histoire, acceuille le soir même un président élu, n’ont pas été écrasées complètement est insupportable pour ces secteurs sociaux.
4 ) Le favori d’une fraction minoritaire des chômeurs, des ouvriers
Sarkozy a été battu dans la plupart des quartiers populaires et des zones ouvrières où existe un mouvement syndical et politique des travailleurs implanté.
Néanmoins, dans les zones de déshérence industrielle, de chômage de masse suite aux licenciements opérés en nombre sous les gouvernements de droite comme de gauche, Sarkozy arrive souvent en tête.
Les grands capitalistes qui se cachent derrière Sarkozy sont bien incapables de trouver une quelconque perspective pour cette population là. Ici encore, elle se retournera soit vers l’extrême-droite, soit vers les révolutionnaires.
Nécessité d’un programme révolutionnaire
Le gouvernement actuel est donc bâti sur du sable, même si nous avons exagéré volontairement ses points faibles et qu’il ne faut pas oublier sa force actuelle.
Mais, si il se coalise avec l’extrême-droite - ou reprend visiblement ses thèmes -, il perd une part substantielle de sa base sociale. Si, inversement, il joue l’« union nationale », il en perd une autre. Si il fait les deux à la fois - comme aujourd’hui - il brouille les pistes momentanément, mais les mêmes contradictions ressurgissent. Il ne peut donc être durablement soutenu par une majorité sociale. Si il joue la répression vraiment brutale, sa majorité se fissure rapidement ; si il ne le fait pas, elle se fissure aussi.
Surtout, il agit pour le compte d’une minorité infime de privilégiés qui va porter des coups durs à toutes les autres classes pour maintenir sa position sur les marchés mondiaux. Un expédient serait la militarisation, la guerre, mais là encore le poids social des opprimés l’en empêchera.
Nous n’en sommes donc pas au « fascisme », comme se le fait croire une fraction de la gauche, de l’extrême-gauche et des libertaires - choquée légitimement par la reprise des thèmes et des exigences de l’extrême-droite et du pétainisme. Seuls certains de ses germes sont présents : disons que nous sommes dans une phase de renforcement grave de l’appareil répressif de l’état et de dislocation accélérée des libertés publiques.
Il s’agit d’une phase récurrente en régime capitaliste, à chaque montée du mouvement social, mais cela ne signifie pas que l’Etat ait les moyens - pour l’instant - de nous écraser, et de mobiser pour cette tâche un mouvement de masse des désespérés endoctrinés sous sa bannière. Nous pouvons, nous devons bloquer cette nouvelle donne. Infliger une première défaite à cette tendance peut se tenter en revendiquant, par exemple, la dissolution pure et simple du ministère de l’« immigration » et de l’« identité nationale », d’inspiration pétainiste, qui en est la consécration la plus aboutie.
A court ou moyen terme, l’offensive du gouvernement va se heurter immanquablement à des limites, des explosions sociales vont se déclencher. Il faut se préparer à les doter d’un programme révolutionnaire, pour enfin balayer l’infâme régime social capitaliste qui produit les Sarkozy et les Le Pen - c’est le programme minimum pour gagner ! Inversement, c’est la défaite de ces mobilisations - assurée si elles restent dans le cadre inoffensif voulu par les directions syndicales collaboratrices avec le pouvoir - qui ouvriraient la voie à la réaction sous sa forme la plus brutale.
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