Procès au TGI : les néo-nazis déboutés et violents en plein tribunal

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Jeudi 9 juin avait lieu à Lyon le procès de deux antifascistes, accusés de violence par des néo-nazis du Bunker Korps Lyon. Les accusations grossières des fachos n’ayant pas tenu le coup, nos camarades s’en tirent avec 200 € d’amende, les fascistes ayant quant à eux fait une fois de plus preuve de leur violence en attaquant, entre deux saluts hitlériens, un journaliste puis les militants antifascistes pendant le délibéré.

Voir aussi un récit en photo sur le blog de la CNT69

En début d’après-midi, une demi-heure avant que le procès ne commence, la place devant le tribunal est déjà occupée par le rassemblement antifasciste. La salle d’audience ne tarde pas à être remplie elle aussi par de nombreuses personnes venues soutenir les accusés. Les fachos (les deux « victimes » accompagnés de trois autres) n’entrent dans la salle qu’en retard, après l’arrivée du juge. Les trois observateurs passeront le début de l’audience debout au milieu de plusieurs dizaines d’antifascistes. Dès le début, l’accusation parait grossière : les accusés font facilement la moitié du volume des prétendus agressés, lesquels ont pour l’occasion troqué bombers et rangers contre des costards ridicules.

L’audience commence par un rappel des faits par le juge, puis par le témoignage des deux parties, interrogées par le juge puis par l’avocat de la partie adverse.

L’accusation tourne autour de deux altercations supposées. Selon les fafs, la première est une agression qu’ils auraient subie de la part d’une quinzaine d’antifascistes, et à laquelle il prétendent qu’un des deux antifas a participé. Ce que les deux nient et que rien ne vient appuyer sauf un hématome sur le bras d’un des fascistes. Plus tard le même jour, les deux antifas, pris à partie par les deux fachos, font usage de gaz lacrymogène pour se sortir de ce mauvais pas.

L’avocat des fafs, aussi connu pour être leur avocat dans le procès faisant suite au guet-apens armé ayant eu lieu à Villeurbanne en janvier dernier, prend son temps mais n’arrive pas à sortir des détails, cherchant le détail manquant dans la déposition des antifa, ce qu’il n’arrivera pas à faire. Son plaidoyer ne vaut guère mieux et nous réserve les plus beaux morceaux :
M. le juge, il y a ici des faux témoignages
- la salle : rire et références au fait que les faux témoignages ne sont pas à chercher du coté antifa mais de l’autre.
- Veut-on nous faire croire qu’il s’agit d’un procès politique ?
- rire dans la salle -

L’avocat des accusés est relativement court quand il questionne les « victimes » :
- Maitre Sayn : M. avez-vous un casier judiciaire ?
- Premier facho : Oui
- Me S. : Avec quelle condamnation ?
- Violences (en regardant ses pieds)
- Me S. : Vous êtes trésorier du Bunker Korps Lyon ?
- Plus depuis deux ou trois mois.
- Me S. : Deux ou trois mois ? C’est une responsabilité trésorier vous devriez savoir !
- Trois mois
- Me S. : Et depuis quand circule ce dossier ? - en sortant le dossier sur le Bunker Korps Lyon - dans lequel vous êtes nommément accusé ?

S’en suit quelques minutes pendant lesquelles Sayn rappelle les rapports entre l’association de la « victime » et les milieux néo-nazis, photos et preuves à l’appui, pour finir par poser la question : « Etes vous encore néo-nazi ? » à laquelle répondra un non bien mou en regardant ses chaussures.

Quand il questionne le deuxième, mis en cause pour « non assistance à personne en danger » dans le cadre de l’agression de Villeurbanne, à la question « d’où venait la mise en danger ? » l’avocat des fachos s’énerve et tente de mettre fin à la série de questions. Ce qui n’empêchera pas son confrère de continuer l’interrogatoire : comment, alors que la « victime » demande des jours d’ITT, a-t-elle pu le lendemain matin aller passer sans problème l’épreuve sportive d’entrée à la formation pénitentiaire ?

La procureure se lance à son tour dans son réquisitoire : d’emblée elle écarte la « première attaque » à laquelle seule la parole des fafs donne crédit (et des témoignages non signés de « commerçants du quartier » portés par la défense). Puis elle ironise sur la deuxième partie : pourquoi les fachos, traumatisés - ce qu’ils prétendent - par l’agression, vont-ils, en les voyant plus loin, « demander des explications » aux deux antifas ? Personne n’est dupe de ce que cela sous-entend de la part de nervis racistes et violents. Seule est donc conservée comme accusation la possession de la bombe lacrymogène, son usage pouvant relever de la légitime défense.

L’avocat des deux accusés remet une dernière couche sur l’incohérence de l’accusation et le lourd passif des « victimes » connu pour leurs faits de violence. Puis, en attendant le rendu, la plupart des personnes sortent dans la cour. D’abord les antifascistes, nombreux, puis la brochette des cinq. Face à ces derniers, personne ne bouge, dans l’attente de la délibération. Les quelques photos que prennent avec leur portable les fachos ne provoquent pas de réponses.

Un journaliste présent sur les lieux prend quelques clichés du rassemblement et des cinq fachos présents à l’extérieur du TGI. Rapidement l’un des nervis fascistes s’approche de lui, l’invective et lui demande son appareil photo. Le journaliste refuse et alors que le facho tente de lui arracher son appareil, un antifasciste le repousse en lui demandant pourquoi il s’en prend au journaliste. La réponse ne tarde pas, il lui crache dessus puis se jette pour le frapper. Il est rapidement repoussé avant que ses quelques camarades viennent se joindre à lui pour réclamer leur part de baffe.

En une ou deux minutes la police intervient et refoule à l’intérieur du TGI les fachos repoussés par les participants au rassemblement qui se mettent à scander slogans sur slogans antifascistes. Depuis l’intérieur du tribunal, derrière les vitres et le rang de policiers, les fachos s’énervent, enchaînent les saluts nazis et les insultes. Certains ne trouvant rien de mieux à faire que de montrer leur bite à travers la vitre. Par deux fois ils tentent, en braillant, de passer le rang de flics (qui leur tournent le dos) pour attaquer les antifascistes. La première tentative est rapidement refoulée par les antifas, et la deuxième, à l’aide du mobilier du TGI, se solde par une immobilisation en règle par les bleus.

Les fachos, éructants, sont emmenés à l’intérieur du tribunal pendant qu’un détachement supplémentaire de policiers vient boucler l’entrée. A l’intérieur, les soi-disant « victimes » rejoignent la salle d’audience pour le rendu du procès et n’hésitent pas, sous le nez du juge, à menacer les deux antifas accusés : « on va te choper, te tuer, tu es mort ». Le rendu du procès viendra rapidement leur clouer le clapet : l’accusation d’agression qu’ils portent n’est pas retenue par le juge. Le seul élément conservé est la possession par les antifascistes d’une bombe lacrymogène -son usage ayant tacitement été considéré comme de la légitime défense-. Les fachos sont donc déboutés de leur plainte et nos deux camarades écopent de 200 € d’amende pour port d’armes prohibées.

Le journaliste attaqué ainsi qu’une autre personne ont fait part de leur volonté de porter plainte.

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  • Le 14 juin 2011 à 13:23, par hélène

    J’ai vraiment halluciné de voir que dans tous les journaux, au sujet de cette histoire, les journalistes parlent de « partisans d’extrême droite » et « partisans d’extrême gauche » qui s’affrontent, alors que ce sont (comme souvent), les fachos qui ont provoqué. De plus, je suis antifacho dans l’âme, dans le cœur, j’ai été élevée dans cet esprit et je le dis haut et fort : je ne suis pas d’extrême gauche ! Marre de ces clichés, de ces raccourcis faciles et bas de plafond. Pour finir, à l’école de journalisme, la première chose qu’on vous apprend est de VÉRIFIER SES SOURCES. On ne le dira jamais assez...
    Ps : pour avoir mon amoureux à Corbas, je peux vous dire que tous les matons ne sont pas des fafs et que toutes mes lettres sont lues et lui parviennent quand même malgré tous nos échanges sur les fafs et nos idées antifafs, nous n’avons jamais été censurés. Et oui, certaines lettres sont censurées en prison...

  • Le 10 juin 2011 à 11:55, par MaxLanar

    @ Massimo :
    Pour avoir connu un ancien maton, il me disait que dans la prison, à part lui, c’était tous des nazis (!). Et le gars était pas spécialement politisé.

    Si on ne porte pas les matons dans notre coeur c’est bien qu’il y a une raison : à cause de la fonction qu’ils occupent et du type de personnage susceptible d’être intéressé pour être maton (=mater du prisonnier) : des nazis (à 95%, les 5% restant ne faisant pas long feu dans l’administration pénitentiaire)...

    Donc ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier. D’ailleurs peut-on souhaiter une prison « plus humaine » et est-ce de toute façon possible ? Je ne suis pas sur...

    @ Thibault :
    Je confirme, on se serait vraiment passer de ton post-scriptum qui te met au même niveau que ces beaufs de faf du tribunal. T’as quel age sérieux ?

  • Le 10 juin 2011 à 09:41, par lui

    Malheureusement l’immobilisation n’était pas en règle car n importe qui d’autre aurais fait ce qu’ils ont fait se serais retrouvé en gardav ou en HP ils ont détruit du matériel de l’état exhibition sur la voie publique et dans un tribunal proférer des insultes violence en réunion etc... devant des schmits impassible .D’ailleurs si les keufs les protegent c’est qu ils se sentent soutenue ce qui ne serais pas forcément le cas si ils nous tournais le dos à nous on serais tenté d’en faire béton au passage. lol

  • Le 10 juin 2011 à 07:03, par Massimo Tartaglia

    Je sais que personne ne porte les matons dans leur coeur sur ce site (et moi non plus)
    neamoins ,il est tres grave qu’un neo-nazi passe le concours de maton et risque de se retrouver a Corbas ou ailleurs prochainement.
    Si des camarades ont l’identite de ce futur maton ,qu’ils fassent tourner.
    les matons ont un devoir de traiter de la meme facon TOUS les prisonniers ,quelque soit leur race ,leur religion ou leur opinion politique.Le fait qu’ un maton soit membre d’un groupuscule neo-nazi violent est contradictoire avec son statut.
    Ca pourrait etre une bonne idee de faire tourner l’info ,et si jamais il est pris de faire tourner l’info aux assos de defense des prisonniers ,a l’observatoire international des prisons ,mais aussi a la CGT penitentiaire et au canard enchaine.
    Il y a une dizaine d’annee (outre manche),le journal searchlight avait publie les noms et photos des membres de Blood and Honour travaillant dans la fonction publique et les avait fait quitter leur poste ,arguant du fait qu’un neo-nazi ne peut pas traiter equitablement les gens quelque soit leur « race » ou religion.Une piste a mediter.
    Les neo-nazis sont avant tout des beaufs ,et il y a des choses qui leur font beaucoup plus peur que prendre un pain de la part d’un « gauchiste » :
    Ils ont peur d’avoir un casier judiciaire,et ils ont peur que leur nom soit connu du public et que ca nuise a leur carriere professionnelle.

  • Le 10 juin 2011 à 00:52, par EmiSaire

    C’est quand même triste qu’on en finisse toujours par se demander qui a la plus grosse ! ça aussi c’est du fascisme.

    Une meuf

  • Le 9 juin 2011 à 23:26, par Thibault

    Sans oublier lors des 2 récidives d’attaques qu’ils ont pris des tables et des panneaux de l’acceuil (qui sont la propriété de l’Etat), et que la cinquantaine de bleus présents faisaient toujours face à nous, qui ne demandions rien à personne. Et devinez qui se sont pris les coups de tonfa ? Et bien nous camarades, c’est bizarre non ?! Nous avons encore vu l’intelligence des vaches en nous bombardant de coups de tonfa, les fafs étant « seulement » rapatriés à l’intérieur sans aucun coup des bleus. Heureusement qu’on a pu leur mettre 2 ou 3 baffes.
    Citation d’un camarade : « Je ne suis pas pour la peine de mort, mais ces gens là il faut les tuer, les bruler, les pendre ».

    PS : J’ai vu leur bite, et sérieux, bah y’a rien d’exceptionnel.... Au contraire (étonnant ?)

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