quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série Numéro 5 – Décembre 2006

Editorial : L’arroseur arrosé

I1 n’est plus question de savoir si des policiers ont été agressés ces dernières semaines dans de nombreuses cités et quartiers, ces dernières semaines. Le phénomène ne fait que se multiplier. L’essentiel est de rappeler que, depuis des années, les jeunes des banlieues dites « sensibles » sont constamment harcelés par des policiers (CRS et BAC), bien plus provocateurs et haineux que réellement soucieux d’assurer un ordre public qui n’est pas menacé.

La proximité des élections présidentielles fait craindre la multiplication de ces « contacts » entre jeunes et forces de l’ordre. En effet, il est désormais certain que la campagne électorale sera placée sous le signe de l’insécurité – seule possibilité pour Nicolas Sarkozy d’espérer sortir vainqueur de la compétition. Comme en 2002, si la gauche institutionnelle se laisse entraîner sur ce terrain, il y a de fortes chances pour qu’elle y perde à nouveau son âme.

I1 s’agit de s’interroger sur la réaction de ces jeunes, qui attaquent ou répliquent à ces policiers représentant à leurs yeux un Etat qui les rejette. Pourquoi, malgré les risques que cela peut représenter, tant de jeunes des quartiers font face aux policiers ? Beaucoup sont désespérés. Certains estiment n’avoir plus rien à perdre. Plus généralement, quand on ne peut plus supporter, on ne supporte plus !

Bien entendu, les syndicats de policiers dénoncent une recrudescence de violences à leur égard, tout en évitant de demander des comptes à une hiérarchie qui n’ignore en rien les raisons de ces affrontements brutaux, injurieux et racistes, quand ils ne sont pas sexistes. Trop de policiers ne comprennent pas la logique infernale de ce choc en retour. Pour les rassurer, le ministre de l’Intérieur demande que les auteurs d’agressions contre des policiers soient jugés en cours d’assises.

Après avoir conduit une véritable guerre contre la jeunesse des banlieues, issue de l’immigration maghrébine et d’Afrique noire -et semé la haine- les policiers se disent aujourd’hui victimes absolues, oubliant la fable de « l’Arroseur arrosé. »

Certes, il n’y a pas à se réjouir de cette situation, qui fait également le lit de la droite extrême, et de tout ce que ce pays compte de xénophobes et de racistes. N’oublions pas que pour Le Pen et ses séïdes, l’insécurité vient de l’immigration.

Nicolas Sarkozy n’a pas manqué de lui emboîter le pas dans cette affirmation délivrée de façon imprécatoire. Sans doute veut-il ignorer que les jets du « Karcher » peuvent lui revenir en pleine figure.

Maurice Rajsfus

La peur de la police

Le 5 octobre, à Château-Thierry (02), un homme s’est suicidé au volant de sa voiture. Les policiers s’apprêtaient à le contrô1er pour défaut de port de sa ceinture de sécurité, alors qu’il circulait en sens interdit. Lorsque les policiers l’ont poursuivi, en lui intimant l’ordre de s’arrêter, cet homme de 48 ans s’est tiré une balle dans la tempe droite, avec une arme de collection. (Source, La Liberté de l’Est, 7 octobre 2006)

« T’as d’la chance ! »

Le 24 juillet 2006, dans le 17 ème arrondissement de Paris, un jeune éditeur, qui a le mauvais goût de contester une infraction imaginaire, et se trouve rudement interpellé par des policiers qui lui passent brutalement des menottes aux poignets et aux chevilles. Pour que l’imprudent comprenne bien ce que vaut la parole du policier, l’un d’eux éructe : « t’as de la chance qu’il soit pas président ! » En clair, quand le croquemitaine sera au pouvoir, vous aurez tout intérêt à la fermer. Jean-Jacques Reboux, victime ordinaire de policiers qui ont souvent les pouvoirs qu’ils se donnent, vient de relater son aventure dans une Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, ministre des libertés policières. Ce document salutaire vient à son heure. (Aux éditions Après la Lune, 80 pages,7 euros)

La peur de la police (2)

Le 16 octobre, à Saint-Denis (93), alors qu’un commissaire de police pénètre dans son appartement, un jeune homme se défenestre, entraînant sa belle-soeur dans sa chute. Il est grièvement blessé tandis que la jeune femme perd la vie. Une fois de plus il faut bien constater que la police fait peur. (Source, Libération, 18 octobre 2006)

Policier énervé

Au terme d’un procès en assises, à Bobigny (93) plusieurs personnes s’étaient énervées. Ce qui a conduit les policiers présents à faire usage de leurs flash-ball. (Source, 20 Minutes, 19 octobre 2006)

Municipaux privés de flingue

A Notre-Dame de Cravenchon (Seine-Maritime), après des incidents avec des jeunes, qui ont porté plainte, la police municipale a été désarmée (Source, 20 Minutes, 18 octobre 2006)

A trop boire

Des demandes de suspension ont été déposées contre trois policiers, à Pont-Château (Puy-de-Dôme). Ces braves défenseurs de l’ordre public avaient été interceptés par des gendarmes alors qu’ils déambulaient ivres et armée dans cette petite ville. (Source, 20 Minutes, 18 octobre 2006)

Complicité objective

A Nantes, une maman congolaise sans papiers, hospitalisée depuis le 19 octobre, apprenait le lendemain qu’elle faisait l’objet d’une mesure d’expulsion pour le lendemain. Pour être certains de réaliser leur mauvais coup, les policiers de la PAF avaient demandé à un agent hospitalier de les avertir dès la sortie de l’hôpital de cette mère d’un petit garçon de six ans. Ce qui fut fait, et la maman était interpellée à la sortie des urgences, le 25 octobre, avant d’être expulsée avec son fils. La direction de l’hôpital ne voyant rien à redire à cette pratique. Ce qui a provoqué un communiqué indigné du Collectif Enfants Etrangers, Citoyens solidaires : « On sait aujourd’hui que même l’hôpital et ses abords ne sont plus un hâvre de paix pour les plus fragiles d’entre nous. » (Source, Libération, 27 octobre 2006)

Bis repetita

Le 20 juillet, quatre familles de sans-papier étaient expulsés par la police d’un immeuble qu’ils squataient, à Saint-Ouen (93). Depuis le 5 octobre, ces familles campaient devant la mairie de la ville, dans l’attente d’un relogement. Le 25 octobre, d’autres policiers revenaient pour les évacuer. (Source, 20 Minutes, 26 octobre 2006)

Ils protègent la France…

Le 15 octobre, sur la quai de la gare de Clamart (92), vers 17h50, trois policiers arrivent : deux femmes et un homme. Ils dévisagent les usagers qui attendent le train, puis interpellent une femme noire -bien habillée- lui demandent ses papiers. Cette femme, qui a le seul tort d’avoir la peau colorée, ne les a pas sur elle, et ne comprend pas vraiment les policiers, qui lui reprochent de ne pas parler correctement le français. Les policiers lui parlant comme à une enfant débile. Ce soir-là, elle ne retrouvera pas son petit garçon car elle a été rapidement placée dans un centre de rétention. (Source, Libération, d’après un courrier de lectrice, 23 octobre 2006)

Miction impossible

Dans la nuit du 28 au 29 août, un naturel de Concarneau, plutôt pris de boisson, s’était laissé aller à uriner sur un distributeur de billets de banque. Confondu par la caméra vidéo du distributeur, et nécessairement interpellé par les soins de la police, ce dangereux pochtron a été condamné à un mois de prison ferme, le 18 octobre. (Source, 20 Minutes, 20 octobre 2006)

Culture ? Mon oeil !

A l’aube du 18 octobre, contre l’avis du Conseil de Paris, des CRS ont évacué les occupants du squat d’artistes installé au cinéma Barbizon dans le 13ème arrondissement de Paris. Suite à cette intervention, trois ans de recherches théâtrales et de cinéma ont été perdues, ainsi que l’arrêt d’expositions de peintres qui participaient à l’animation de ce lieu très apprécié des habitants du quartier. (Source, FR 3, 18 octobre 2006)

BAK…

Un gentil entrepreneur de La Courneuve (93), réalise des tee-shirt avec l’inscription « BAK 93. » 1l se trouve que les policiers du secteur ont décodé le message : Brigade anti-Keufs. Le 14 octobre, ce petit artisan est interpellé à Drancy, à bord de sa voiture, avec un petit stock de sa marchandise, par des CRS qui le mettent en examen pour « outrage » et « apologie de l’atteinte à l’intégrité d’agents de la force publique. » Pour le syndicat de policiers Alliance, qui se félicite de l’intervention de la justice envers de genre de délinquants, « ce type d’agissements participe de la banalisation de la haine des policiers. » (Source, 20 Minutes, 15 octobre 2006)

Parrain des délateurs

Eric Raoult, député de Seine Saint-Denis et maire du Raincy (93) s’est déclaré favorable à la délation pour retrouver les auteurs d’agressions contre les policiers. Dans une question écrite au ministre de l’Intérieur, l’élu de l’UMP propose d’instaurer « des appels à témoins gratifiés de récompenses allant jus qu’à 15 000 euros » pour les bons citoyens qui s’associeraient aux recherches de la police judiciaire. (Source, Libération, 17 octobre 2006)

Bises-billes

Le 26 octobre, l’un des dirigeants régionaux du syndicat Alliance de la police nationale demandait à Nicolas Sarkozy de démissionner, s’exclamant : « nous voulons un vrai flic à part entière à la tête du ministère. Quand au ministre-candidat, nous lui demandons de se consacrer à ses ambitions personnelles et de quitter ses fonctions ! . » Le 1er novembre, le syndicat Alliance, inquiet de cette sortie, intempestive à son gré, a tenu à réaffirmer son « attachement » à la politique de Nicolas Sarkozy. (Source, 20 Minutes, 2 novembre 2006)

Les matons au placard !

Le 31 octobre, la cour d’appel de Versailles a condamné à deux mois de prison avec sursis cinq gardiens de la prison de Poissy (91), tous coupables d’agressions sexuelles envers une collègue. En première instance, ces matons avaient bénéficié d’une dispense de peine. (Source, 20 Minutes, 2 novembre 2006)

Municipaux furieux

Le 30 mai, à Toulouse, un ouvrier qui effectue des travaux de terrassement, près la place du Capitole, est pris à partie par des policiers municipaux, qui lui reprochent de gêner le stationnement. Un témoin, qui tente de calmer un des deux agents, est agressé à son tour : « Aussitôt, le policier m’a saisi à la gorge, en me disant : dégage, sinon en t’embarque ! » Est-il nécessaire de souligner que l’ouvrier, Français de Guyane, est noir de peau, et que le témoin se prénomme Salah ?

Comme l’ouvrier revient à son véhicule, les deux policiers tentent de l’en sortir en utilisant leur matraque et en balançant des gaz lacrymogènes. Selon un autre témoin, l’un des policiers éructe « Fils de pute », tandis que l’autre matraque l’ouvrier avant de le menotter. Des passants qui tentent de s’interposer sont violemment repoussés par les policiers qui sont hués par une cinquantaine de personnes. Il n’en reste pas moins que la victime a été mise en examen pour outrage et rébellion. Le 27 octobre, le procureur du tribunal correctionnel de Toulouse demandait une peine de trois mois à six mois de prison contre la victime, qui a été insultée, tutoyé et matraquée. Jugement le 12 décembre 2006. (Source, Libération, 28 octobre 2006)

Déontologie

Au terme de ses six années à la tête de la CNDS (Commission nationale de déontologie de la sécurité), le président honoraire de la cour de cassation, Pierre Truche, a fait le bilan des activités de cette institution. Au fil des années, les mêmes plaintes contre des policiers n’ont fait que se multiplier. Particulièrement « les irrégularités de la part de fonctionnaires dans leur pratique professionnelle » : Particulièrement placements en garde à vue et fouilles injustifiés, recours à la force exagérée etc. Ce bilan cite en référence la circulaire du 11 mars 2003 « relative à la dignité des personnes gardées à vue » qui rappelle aux fonctionnaires de police plusieurs règles essentielles, notamment en matière de fouille de sécurité, de mennonite, d’alimentation, d’hygiène ou de droits de la défense.

Dans 1e même temps, le président de la CNDS dénonçait les propos virulents, parfois même outrageants, qui ont été tenus par certains syndicats de police à l’égard de deux de ses membres – avec mesures d’intimidation visant à entraver le fonctionnement de la CNDS. (Source, Libération, 2 novembre 2006)

Police républicaine…

Dès que les têtes pensantes du syndicat Alliance de la police nationale (syndicat majoritaire ches les gardiens de la paix) ont eu connaissance du rapport de la CNDS sur les mauvaises pratiques policières, ils ont immédiatement exprimé leur indifférence. En clair, ce syndicat fait savoir qu’il se moque parfaitement des avis d’une institution officielle. Toujours bon à savoir. (d’après, 20 Minutes, 3 novembre 2006)

Le prix du pavé

Dans la nuit du 25 au 26 octobre, un jeune toulousain (21 ans) lançait deux pavés sur un commissariat de police da la ville rose. Jugé en urgence absolue, il a été condamné à un an de prison ferme, le 27 octobre par le tribunal correctionnel de Toulouse. Six mois par pavé… (Source, 20 Minutes, 30 octobre 2005)

Rien de mieux à faire ?

J’ai assisté par hasard, le 28 octobre, à midi, au spectacle étonnant d’une grande mobilisation policière dans un parc, à Marseille, pour empêcher une bande de jeunes -tout à fait amicaux- de faire une course de caisses à savon. Mobiliser cinq voitures de police, et une vingtaine d’agents pour empêcher les jeunes de s’amuser dans un parc est vraiment scandaleux. N’ont-ils pas mieux à faire ? (Source, courrier des lecteurs de Métro, 31 octobre 2006)

Les bons citoyens

Le député UMP de la Haute-Vienne, Alain Marsaud, ancien juge d’instruction, se propose de jouer les policiers. Le 2 octobre, suite à une dégradation de sa permanence, à Limoges, le parlementaire appelait ses militants et sympathisants à manifester devant le domicile d’un mineur de 17 ans, soupçonné d’avoir participé à cette opération, donnant le nom, l’adresse et le numéro de téléphone du garçon. Ces renseignements venaient-ils de la corbeille à papier des RG locaux ? Dans le même temps, cet excellent politicien mettait en cause « les nervis de la LCR », nullement responsables. (Source, Le Monde, 29 octobre 2006)

Malaise cardiaque : un mort !

Interpellé en flagrant délit dans le cadre d’un affaire de violence avec arme, en réunion, un homme âgé de 39 ans est décédé, le 29 octobre d’un « malaise cardiaque », au cours d’une garde à vue au commissariat de police d’Evreux (Eure). Les policiers ne sont peut-être pas responsables de ce décès… (D’après Libération, 31 octobre 2006)

Forcenés de l’ordre !

A Clichy-sous-Bois, dans la nuit du 26 au 29 octobre, un garçon de 16 ans, jeune Français prénommé Jiad, qui regagne son domicile est agressé par un policier en civil qui le blesse au visage par un tir de flash-ball tiré à bout portant : il est gravement blessé à l’oeil gauche. Le jeune homme sera interpellé alors qu’il est pantelant et conduit à l’hôpital de Montreuil. Il paraît que l’IGS enquête. Pour le procureur. « Il n’y a pas de lien de causalité entre l’utilisation du flash-ball et la blessure à l’oeil gauche. » (Sources, France Inter et France Info, 20 octobre, Libération, 31 octobre 2006)

Tortionnaires assermentés

Le 17 décembre 2005, à Marseille, un homme de 39 ans, prénommé Milhoud, est interpellé par des policiers et conduit sans résistance à l’Evêché (hôtel de police de Marseille). Son délit ? Ce vendeur à la sauvette écoulait des contrefaçons de parfums sur un marché. A son arrivée dans les locaux de police, il est « reçu » par un brigadier, officier de police judiciaire, qui l’accueille par un coup de poing au visage, et une invective : « T’es un homme ou un pédé ? » Un autre policier entre dans le bureau. « On aurait dit qu’il avait bu », précise Milhoud, qui va se faire passer à tabac par les deux fonctionnaires. Il raconte : « On aurait dit qu’ils voulaient me tuer… » La scène bascule quand le brigadier dégaine son arme de service puis, tirant sa victime par les cheveux, lui bascule la tête en arrière pour plonger son Beretta 9 mm dans la bouche de sa victime. Au procès, devant le tribunal correctionnel, le 24 octobre, Milhoud explique qu’il a été humilié et roué de coups au sol. Par malchance pour le brigadier, l’ADN de Milhoud a été retrouvé sur le canon de son Beretta. On vous fait grâce des détails, y compris les graves atteintes à l’honneur de la mère et de la femme de la victime. Cette fois, la justice est passée… avec modération. Les deux policiers ont été condamnés à trois ans de prison dont un an ferme, peines assorties de l’interdiction définitive d’exercer le métier de policier. (Source, La Marseillaise et La Provence, 25 octobre 2006)

Pochtrons en réunion

Des gendarmes du Puy-de-Dôme qui s’activent à contrôler des voitures, à Pont-du-Château, le 15 octobre, se trouvent face à quatre « individus » passablement avinés, circulant à bord d’une voiture banalisée. Ils exhibent une carte de policiers et expliquent la présence d’armes à bord de leur véhicule du fait qu’ils reviennent d’une séance de tir. Pour couper court à ce contrôle, ces policiers en goguette leur lancent : « On est de la Maison », avant d’insulter copieusement les gendarmes. A l’éthylomètre, il s’avère que le conducteur affiche 1,32 gramme d’alcool par litre de sang, soit trois fois le seuil autorisé. Placés en cellule de dégrisement, les policiers étaient récupérés à l’aube par un commissaire. Ces mêmes policiers, en poste à Clermont-Ferrand avaient au préalable fait une tournée des établissements de boisson, proférant des propos racistes. Dans un bar, tenu par des Maghrébins, ils avaient éructés : « Il y a trop de Boukakes, ici ! » Pour les responsables du syndicat UNSA-Police, de Clermont-Ferrand : « Il faut rester prudent car la présomption d’innocence doit prévaloir… » Sans blague. Il paraît que le préfet, furieux, aurait demandé la suspension de ces ivrognes. (Source, La Liberté de l’Est, 16 octobre 2006)

Vautours policiers

Le 31 octobre, à Paris, à la veille de la trêve hivernale interdisant les expulsions des domiciles, des équipes de policiers, secondés par les services de nettoyage de la ville, ont procédé au démontage des tentes situées sur le quai de Valmy, qui abritaient des SDF français, Roms et Iraniens. « Leurs affaires ont été balancées dans des camions et détruites », révèle un membre du Collectif des exilés du Xème arrondissement de Paris. (Source, Métro, 3 novembre 2006)

Brutalité ordinaire

Le 24 octobre, à Reims, une douzaine de policiers interviennent au domicile d’une famille congolaise « expulsable. »Le père et la mère sont immédiatement interpellés tandis que deux des quatre enfants, mineurs, sont menottés. La famille étant ensuite conduite au centre de rétention de Rouen. Dans une lettre de protestation adressée à la préfecture, le Réseau éducation sans frontière (RESF) s’indigne : « Des témoignages recueillis sur place laissent penser qu’il y a eu des comportements violents. » (Source, La Liberté de l’Est, 27 octobre 2006)

Miam-miam

Tous les goûts sont dans la nature. Le 18 octobre, un jeune homme interpellé pour infraction au Code de la route, près du commissariat d’Orléans, déchira le PV qui vient de lui être dressé, avant de prendre la fuite. Appréhendé un peu plus tard, il menace les policiers de les « manger » et de « s’occuper d’eux. ».. (Source, La République du Centre, 20 octobre 2006)

La peur de la police (3)

Le 30 octobre, à Amiens, un Guinéen sans papiers, âgé de 23 ans, tente de s’enfuir en sautant d’une fenêtre du commissariat de police. Après une chute de sept mètres, le jeune homme se fracture un péroné. Quelques jours plus tôt, il avait déclaré qu’il risquait la mort dans son pays. (Source, 20 Minutes, 31 octobre 2006)

CRS à la rescousse des patrons voyous

Le 8 novembre, des CRS étaient postés devant l’usine de sous-traitance automobile de Thomé-Guénot, à Nouzonville (Ardennes) mise en liquidation le 24 octobre, mettant à la rue quelque 300 ouvriers, sans le moindre plan sociale, ni indemnité., l’Etat traînant les pieds pour prendre le relais. Comme les ouvriers décident de mettre le siège devant le centre administratif de Mézières, une compagnie de CRS est dépêchée depuis Dijon. Ces braves policiers étant prêts à sortir les triques. Peu importe à ces humanistes que le sort de centaines d’ouvriers, abandonnés à leur sort par un patron voyou, soit en jeu. Le 10 novembre, les CRS vont même pénétrer dans l’usine occupée par ses salariés, ce qui constitue une véritable provocation. Non contents de coup de force, les policiers vont même charger ces ouvriers qui ne font que défendre leurs droits. (Source, L’Ardennais, 9, 10 et 11 novembre 2006)

Fumette

Le 9 novembre, un adjoint de sécurité du commissariat de Valence (Drôme), âgé de 23 ans, a été condamné à 18 mois de prison dont 9 mois ferme. Motif : trafic de cannabis ! (Source, Libération, 10 novembre 2006)

Joli coco

Le 4 novembre, un commandant de police qui participait à un réseau d’aide illégale à l’immigration, a été condamné à trente mis de prison, dont vingt-quatre avec sursis. Cet excellent fonctionnaire prévenait certains étrangers en situation irrégulière des éventuelles descentes de police, et facilitait surtout le séjour des femmes contre des faveurs sexuelles. Ce joli coco a tout de même été suspendu de ses fonctions. (Source, 20 Minutes, 6 novembre 2006)

Comptabilité

Le 3 novembre, prenant la parole à Villepinte (93), Nicolas Sarkozy a précisé : «…J’ai demandé à la police de ne pas reculer d’un centimètre et, chaque nuit, je tiens le décompte précis des présumés coupables qui ont été interpellés. » (Source, Le Monde, 6 novembre 2006)

Père fouettard

Le 7 novembre, devant les préfets, procureurs et recteurs d’université, réunis à Paris, Nicolas Sarkozy a montré clairement que la police de proximité – quoi qu’on en pense – n’était pas sa tasse de thé. Pour le ministre de l’Intérieur, qui ne veut pas abandonner son costume de Père Fouettard : «..Le rôle de la police n’est pas d’entretenir des relations publiques avec les habitants du quartier (…) Le rôle de la police, c’est d’interpeller les délinquants et de les déférer à la justice. » Sans craindre de se contredire, le même jour, devant l’Assemblée nationa le, lors de la présentation du budget pour la sécurité dans la loi de finance pour 2007, Nicolas Sarkozy précisait que 33 millions d’euros « seraient consacrés à l’action sociale, en particulier pour fidéliser les policiers dans les quartiers sensibles… » (Source, Libération, 8 novembre, et Le Monde, 9 novembre 2006)

Derniers chiffres connus

Décidément, nous sommes bien protégés. Les derniers chiffres concernant les effectifs de la police nationale viennent d’être communiqués par le ministère de l’Intérieur. A une unité près, nous bénéficions de 150.762 fonctionnaires de police :

– 1.691 commissaires et hauts fonctionnaires de police

– 13.175 officiers

Р104.086 gardiens de la paix et grad̩s

– 15.810 personnels administratifs, techniques et scientifiques

Bien entendu, il convient de comptabiliser les 100.000 gendarmes et les quelque 20.000 policiers municipaux, et même les 20.000 douaniers le plus souvent armés. Sans oublier les officines privées de sécurité. « La police nous protège, mais qui nous protège de la police ? » comme nous le confiait un jeune philosophe de la banlieue. (D’après Libération, 9 novembre 2006)

Etats d’âme policiers

Le 6 novembre, le syndicat national des officiers de police (SNOP), qui ne se veut pas de droite,interpellait par écrit Jacques Chirac pour lui demander de « sonner la fin de la récréation », afin que chacun retrouve « le sens de la responsabilité. Cette intervention directe auprès du chef de l’Etat, passant au-dessus de la tête de Nicolas Sarkozy, peut avoir de quoi surprendre. Le SNOP, par la voix de son secrétaire général, Dominique Achispon, s’interrogeait : » une politique de sécurité ne vaut-elle pas d’être protégée des idéologies ? « Ajoutant même : » Est-il vraiment impossible qu’elle échappe à l’alternative désuète entre la répression et la prévention ? « Cette intervention ne manque pas d’étonner, mais il semble bien que certains syndicats de policiers tentent de prendre de la distance avec Nicolas Sarkozy. En fait, l’approche de l’élection présidentielle ne doit pas être étrangère à cette prudence affichée, dans le même temps que les sénateurs proposent de » réactiver une véritable police de proximité.  » (Source, Le Monde, 8 novembre 2006)

Effectifs

Le 27 octobre, un lecteur de La Gazette (de Montpellier) se plaignait, dans le « courrier » de cet hebdomadaire, du manque de policiers :  » Il manque cent policiers à Montpellier ! Quelques jours plus tard, une lectrice réagissait, amèrement, à cette revendication :

«…L’autre jour, cinq policiers se sont présentés à notre domicile, à cinq heures du matin, alors que tout le monde dormait encore, pour emmener mon ami faire un déposition au commissariat concernant un accrochage qui avait eu lieu il y a un an. Il a été emmené menotté – comme un grand criminel – les victimes de l’accrochage avaient porté plainte. Il manque sans doute des policiers, mais il faudrait peut-être revoir l’emploi qui est fait de ces policiers… » (Source, Courrier des lecteurs de La Gazette, 3 novembre 2006)

Romantisme policier

L’humanisme policier est bien connu. Il nous reste à démontrer le sens du romantisme des serviteurs de l’ordre public. Le 3 octobre, vers 17 heures 45, un véhicule de police banalisé freine brusquement devant le monument à la mémoire des déportés, de Montpellier, où deux jeunes lycéens, âgés de 16 ans, échangent de tendres baisers.

Venant de la voiture, une voix éructe : « Va faire ça ailleurs ! » Le conducteur qui s’avérera être un policier, poursuit sa harangue : « T’es con ou quoi ? t’as entendu ? Tu parles bien le français ? » Comme le jeune homme, qui n’a pas encore compris qu’il avait affaire à un policier, ose répliquer, tout bascule. Le garçon est jeté à terre par l’un des policiers, qui paraît pris de boisson et hurle : « C’est un monument aux morts, ici, mais toi, tu t’en bas les couilles ! »

Après quelques lourdes grossièretés, le garçon est fouillé. A ce stade, les policiers ne se sont pas encore présentés comme tels, mais l’un d’eux attrape l’adolescent par le col, le traîne jusqu’à la plaque centrale du monument, pour le forcer à lire l’inscription : « Aux soldats de l’ombre. » Cela fait, ces policiers qui font partie de la BAC, regagnent leur véhicule et démarrent en trombe.

Suite à cet incident, une lectrice de La Gazette (de Montpellier), écrit à cet hebdomadaire : « il est évident que la dégaine des policiers de la BAC a de quoi prêter à confusion, pour les non-initiés. Cela dit, les policiers de la BAC doivent décliner leur identité en présentant leur plaque professionnelle. Ils doivent avoir sur eux un brassard Police. Ils ne peuvent pas non plus procéder à des fouilles au corps. S’ils demandent à la personne interpellée de viser ses poches et qu’elle refuse de le faire, il leur faut le concours d’un officier de police judiciaire… »

En fait, tous les policiers sont plus ou moins devenus officiers de policiers judiciaire ou adjoints. Dans le cas décrit ici, il n’y a pas eu interpellation. Pas de délit constaté. Pas de contrôle d’identité. Pas de P.V. Simplement une promenade active de policiers en mal d’action répressive, désireux de délivrer une leçon de morale patriotique à de jeunes amoureux. (Source, La Gazette, 3 novembre 2006)

Déontologues ?

Suite au dernier rapport de la Commission nationale de déontoologie de la sécurité (CNDS), les réactions des syndicats de policiers sont vives. Comme à l’ordinaire, d’ailleurs. Il en va de même lors de la publication des rapports de la Commission européenne des droits de l’homme, toujours qualifiés d’excessifs.)

Le bilan des violences policières communiqué récemment par le CNDS a été particulièrement mal reçu par le syndicat Synergies-Officiers, qui juge ce rapport « caricatural » et « partial. »Ces policiers invoquent nécessairement une « prétendue spirale de la violence policière, afin de justifier l’existence d’une institution en mal de légitimité… » Rien que cela ! Poursuivant sa critique, Synergie-Officiers montre d’un doigt vengeur ce CNDS qui serait : « un cercle de déontologues auto proclamés qui ignore sciemment les conditions de plus en plus éprouvantes d’exercice des missions de police, notamment dans les quartiers sensibles où ils ne mettent jamais les pieds… » En clair, cette argumentation ne fait que légitimer la violence policière qui, par ailleurs, est niée par Synergie-Officiers. De plus, le néologisme Déontologues formulé par ce syndicat, fait sinistrement penser au Droitdel’hommisteéructé par Nicolas Sarkozy, en 2002, après son arrivée au ministère de l’Intérieur. (D’après Nouvel Observateur. Com, 13 novembre 2006)

Un fichier de trop !

Il convient de revenir sur un arrêté daté du 30 juillet 2006, publié au Journal Officiel, le 18 août suivant. Cet arrêté ne concerne rien moins que la création d’un « traitement de données à caractère personnel. » Ce n’est pas anodin car ce véritable fichier en constitution serait justifié par la nécessité de « faciliter l’éloignement des étrangers se maintenant sans droit sur le territoire français. » L’aspect pervers de cet arrêté, c’est que les étrangers en situation irrégulière ne sont pas seuls menacés. En effet, sont aussi visés ceux qui les hébergent, mais également les personnes qui rendent visite à ceux que la police a placé en centre de rétention dans l’éventualité d’une expulsion.

Fort heureusement, plusieurs associations de défense des droits de l’homme (LDH, GISTI, CIMADE et IRIS) ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre ce fichier scélérat déjà connu sous le nom d’ELOI. Comme le soulignent deux universitaires, cet arrêté signifie l’extension sans fin d’une logique du soupçon, qui, par cercles concentriques, passe des clandestins aux immigrés,puis des étrangers à leurs amis.  » (Source, tribune libre publiée dans Le Monde, 15 novembre 2006)

Les CRS et le logement

Le 15 novembre, vers 5 h 30 (l’heure du laitier), à Levallois (92), une dizaine de voitures de police, avec à leur bord de nombreux CRS, ont débarqué devant un immeuble vétuste pour participer à l’expulsion des locataires et des squatteurs qui y logeaient. Après avoir barré la rue, les CRS ont chargé les expulsés récalcitrants et la trentaine de personnes qui manifestaient leur solidarité. Bien sûr, on n’expulse pas durant la saison d’hiver mais le maire UMP, l’honnête Patrick Balkany avait pris un arrêté de « péril imminent. » (Source, 20 Minutes, 16 novembre 2006)

En mémoire de Malik Oussekine

Vingt ans après la mort de Malik Oussekine, assassiné par des « voltigeurs » de la police nationale, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, une réunion publique est organisée pour rappeler que la répression raciste n’a fait que s’amplifier.

Rendez-vous au C.I.C.P., le 6 décembre 2006, à 19 h 30. 21 ter rue Voltaire, Paris XIè. Métro, rue des Boulets.

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