Raymond Aubrac : « Le journal clandestin c’est le squelette de la Résistance »

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Il est des phrases entendues par hasard qui vous accompagnent longtemps. En 2007, celle qui a ému, influencé, des membres du collectif d’animation de Rebellyon sortait de la bouche de Raymond Aubrac, dont on a appris la mort le matin du 11 avril.

Il est des phrases entendues par hasard qui vous accompagnent longtemps. En 2007, ce sont quelques mots de Raymond Aubrac à la radio qui nous ont ému, influencé : il exprimait avec simplicité les idées tordues qu’on essayait de formuler pour penser l’organisation, la structuration de nos médias alternatifs :

« Le système de production et de diffusion du journal clandestin c’est le squelette de la résistance »

C’était dans l’émission « Là-bas si j’y suis », lors d’une rencontre avec les époux Aubrac, dans laquelle Lucie et Raymond expliquaient les débuts de la Résistance, faits de gestes évidents et de coups de main anonymes, loin des grands exploits et des tragédies, et qui ont contribué à former ce réseau dense et immense de combat contre les nazis et leurs collaborateurs. Ils y expliquent que l’information était pour eux à l’époque, et aujourd’hui encore, le premier des combats à mener, parallèlement aux pratiques plus concrètes, aux actions directes de sabotage par exemple. Que chacun-e pouvait trouver sa place dans la production et la diffusion d’un journal, etc.

Pour eux, au moment de l’interview en 2006, le combat était désormais évidemment à mener contre le capitalisme, ce que ne rappelleront certainement pas les politicien-ne-s et les journaleux à la mémoire courte et sélective. Lucie Aubrac finissait même l’émission en souhaitant une énorme grève générale. Pour garder une autre idée que la momification de la Résistance du gouvernement, pour conserver vivantes leurs pratiques dans ce monde qui est toujours sous occupation des exploiteurs et des menteurs, de ceux qui attisent les haines et des propagandistes imbéciles, voici cette interview précieuse :

Entretien avec Lucie et Raymond Aubrac

Aujourd’hui, celui ou celle qui colle des affiches dénonçant l’ordre établi risque de finir en taule. Pour être soupçonné d’avoir écrit un livre et retardé quelques trains, on envoie l’antiterrorisme et on espionne votre famille et vos ami-e-s pendant des années. Pour avoir peut-être saboté une dépanneuse, on fait un an de préventive. Et pour n’importe quoi, on vous fiche, dans des dizaines et des dizaines de fichiers, on conserve vos empreintes génétiques pour empêcher, cette fois-ci, toute Résistance à l’ordre établi.

Contre les falsificateurs de la mémoire, contre les oppresseurs de toutes les époques, l’indignation d’un Stéphane Hessel, le vieux résistant qui passe bien à la télé et ne fait peur à personne, fait pâle figure. Réécouter Lucie et Raymond Aubrac, c’est imaginer à nouveau, pour aujourd’hui et demain, des réseaux faits d’amitié, de coups de main, pour, bien loin de la seule indignation ou du vote de protestation, s’organiser pour renverser ce monde qui nous oppresse. D’abord en participant à des organes (clandestins) de contre-information, efficaces, larges, pour ne plus dépendre de la triste propagande chaque jour déversée sur les antennes, dans les journaux, et trouver ensemble des pistes d’action, donner de l’écho à nos luttes et nous coordonner. Pour, enfin, la grève générale insurrectionnelle.

Raymond Aubrac est mort ce matin. Salut camarade !

Des membres du collectif d’animation de Rebellyon de l’année 2006-2007

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  • Le 17 avril 2012 à 05:32, par Blabla

    Le début de l’article est intéressant mais franchement, que vient faire le terme « journaleux » ? Il faut savoir être précis et cohérent. Quand on site et utilise une interview réalisée par un journaliste (Daniel Mermet) quelle est la logique d’insulter cette profession par la suite. A-t-on déjà vu une démocratie sans journalistes ?

    Quant à la référence à Stéphane Hessel elle est elle aussi insultante pour tous ceux qui se sont battus pendant la seconde guerre mondiale et on fait parti de la résistance, pour tous ceux qui se sont fait déporter, tous ceux qui se sont et se battent pour les droits humains et la dignité de chacun. Ceci n’est absolument pas rhétorique et j’invite les auteurs de cet article à lire la page qui lui est consacrée : http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Hessel
    À visionner son intervention avec d’autres membres (dont les Aubrac) pour les 60 ans du programme du conseil national de la résistance (il est notamment question des services publics et de bien d’autres propositions politiques) :
    http://www.youtube.com/watch?v=vrA9zvqXW-I
    Et pour finir rappelons également qu’il a participé à la rédaction de la déclaration universelle des droits de l’homme : http://www.un.org/fr/documents/udhr/
    Et qu’accessoirement, les indignés en Espagne et ailleurs s’appellent ainsi en référence à son livre.

    Alors je comprends bien qu’aujourd’hui il y ait bien des raisons de se révolter. Mais cette colère doit s’orienter vers ceux qui en sont la source et uniquement vers ceux là.

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