Romans : expulsion de la Maison du Mouton, comme sous Vichy

1980 visites

Un des derniers lieux alternatifs de la Drôme vient de se faire expulser, sous le prétexte d’être un monument historique qui risque d’être dangereux... De plus, la manière dont a été faite l’expulsion est éloquente : les poulets mangent du Mouton !

Voir l’article :La maison du Mouton à la poubelle de l’histoire...

Tout a commencé le lundi 19 juin à 18h par l’intervention d’une équipe municipale qui est
venue demander aux occupants de sortir.
Puis les policiers sont intervenus vers 18h15 et ont commencé à défoncer
les portes.

Une liaison radio a été établie avec l’émission de Radio Labo qui avait lieu à ce
moment-là et l’intervention a pu se faire en direct sur Radio Mega.

GIF - 4.6 ko

La police investit les lieux à 19h
et l’expulsion est terminée.
Les maçons sont appelés pour murer le local, ils n’arrivent que vers 20h, bien
accueillis par les soutiens et les expulsés de cette maison du Mouton, qui devait faire ce soir, mardi 20 juin, un concert avec La casa fantom et Juju queens. Seules quelques personnes de la
mairie étaient encore présentes.
Là commencent le grand guignol.
Les maçons n’ont pas assez de moellons et repartent en chercher.
A 21h ils commencent à faire les travaux à 5 maçons.
Les policiers quittent les lieux petits à petits laissant les soutiens et
les gens qui gèrent la maison du Mouton seuls face aux maçons.
Discussions, quolibets et musique fusent souvent repris par des gens
extérieurs à la maison du Mouton, mais ne comprenant pas pourquoi les maçons, jeunes
pour la plupart, font ce sale boulot de collabos, alors le rapport est fait par
certains avec la collaboration pendant la guerre :
« Ce sont des maçons qui ont construit les camps, ce sont eux qui construisent les prisons ! »

Vers 22h les gens de la mairie ont tous quitté les lieux laissant seuls
trois policiers en civil. Les gens du Mouton sortent alors la cuisine free pour faire
manger toutes les personnes qui sont venues soutenir ce lieu alternatif.
Petite provocation des policiers qui entrent dans un lieu annexe où les
"moutons" préparent la cuisine. Rapidement alertés par les soutiens, ils
sont renvoyés à leur provoque. Puis tout se gâte, le climat devient tendu.
Puis une nouvelle provocation des policiers alors qu’un gars un peu bourré est jeté à terre, pourtant il n’a rien
de menaçant. Les propos fusent, l’énervement devient évident de part et
d’autre. Les maçons reviennent encore avec du matériel nouveau. Du plus
grand guignol, on ne fait pas mieux pour créer un climat malsain. Les
propos sur la collaboration reprennent de plus belle et le contremaître a
cette phrase admirable :
« Heureusement que vous n’étes pas sous Pétain autrement le problème aurait
été réglé depuis longtemps avec vous ! »

D’autres propos fascistes fusent.
A nouveau une altercation : des coups partent de la part des policiers qui font des blessés se mettant dans un coin. Il est
maintenant minuit, les CRS sont appelés en renfort. Le camion de
l’entreprise de bâtiment apparemment est vidé de son contenu. Les maçons
partent en courant voir le sabotage de leur collaboration puis reviennent et
cassent tout ce qu’ils viennent de faire,
puis en partant menacent « qu’ils reviendront avec des flingues pour tout
liquider ! »

Des ouvriers sont revenus et une entreprise de maçonnerie montait des murs à la nuit tombante. Les habitantes et leurs amis conjurait leur amertume par une fête sur la place, agrémentée de quelques blagues et enguelades avec des maçons, dont certains, bizarrement, regardaient les autres travailler...

Puis soudain une échauffourée éclate. Des voisins se battent avec des faux maçons qui sortent immédiatement leur gazeuse... Un peu trop tard pour deux d’entre eux, le visage en sang après avoir reçu une canette. Le camion des ouvriers est légèrement saboté (pneu dégonflé et benne renversée).

Le temps que les esprits se calment, que les ouvriers, dégoûtés, partent sans finir leur ouvrage, tout le monde s’apprêtait à rentrer chez soi lorsqu’une voiture de police, en repartant, s’arrête et rafle un jeune de 16 ans, qui a eu l’idée saugrenue d’avoir peur de la police. Il n’était pourtant passé que pour proposer un chiot à qui voulait. Du coup les gens ont dû aller au commissariat de Romans réclamer sa libération qui viendra assez rapidement.

Tout le monde pouvait donc rentrer à nouveau chez soi, à commencer par les habitants du Mouton et du quartier. Mais dans la rue, une dizaine de policiers empêchent l’accès aux locaux dits salubres et sous contrat. Même pour simplement récupérer une chienne coincée seule à l’intérieur, c’est impossible. Il faut même reculer loin. Alors les flashballs sont braqués et une charge à coup de matraques éloigne hors du quartier les indésirables. Une personne est arrêtée arbitrairement pour trouver un coupable aux échauffourées ayant eu lieu plus tôt. Une autre se retrouve avec le nez et l’oreille en sang, les autres auront des bleus pour plusieurs jours.

Après une heure d’errance et de détours pour arriver chez des voisins prêts à nous accueillir, on s’aperçoit, vers 2 heures du matin, que les policiers sont repartis. On a donc pu dormir à la Maison du Mouton. L’électricité nous avait été coupée... Ce matin, réveil surprise par un bruit de craquement : de la fenêtre on peut voir les policiers de la veille ouvrir au pied de biche la porte de la cave et s’engouffrer hilares à l’intérieur. Les chambres ne donnent pas directement à cet endroit et plus tard dans la matinée, alors qu’un impressionnant dispositif policier est déployé dans le quartier, nous avons découvert le carnage : meubles et instruments (guitare, percussions...) détruits méticuleusement, nourriture répandue à terre...

« Les moutons » ont besoin d’un soutien urgent.
Ce mardi soir, un concert est prévu à Romans
Mercredi soir, un stand sera mis devant le Laboratoire, à Valence, ainsi qu’une table de presse et de la musique.

P.-S.

Soutien aux occupantEs du Mouton :
tel 06 81 70 47 08

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info