Manif du 14 juin à Paname, récit d’autres lyonnais.e.s : « Sais-tu pourquoi mon cœur bat rouge et noir ?! »

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Gros zbeul à plusieurs têtes et nombreuses voix. Où les « moi » et les « je » sont divers, où l’écriture est orale.

On est parti.e.s avec la CGT Vinatier, à Vinatier illes avaient débloqué 3 bus, on arrive il était 5h et quart, à 6 heures on est parti.e.s du stade de Gerland, il y avait un Bus CGT, un bus lycéen.e.s et CGT et un bus CGT et étudiant.e.s, un pote avait négocié avec la CGT pour qu’illes fassent des prix pour les étudiant.e.s et lycéen.e.s, à partir de 10 balles et plus si possible.

Avant de partir, tous à Gerland, la CGT avait déjà sorti le café chaud, thermos géant distribué à tout le monde, tout était gratos, après il y avait une caisse de grève pour les salarié.e.s, qui a circulé un peu plus tard, au pique nique. Les 3 bus se sont suivis tout le temps, dans le bus où on était tou.te.s les étudiant.e.s regroupé.e.s vers le fond du bus et la CGT devant, tout le long du voyage ça s’est échangé, c’était bonne ambiance dans le bus, c’était des super bons rapports entre nous, ça a changé les images qu’illes donnent dans les médias sur la CGT, c’était les personnes quoi, pas des représentant.e.s, la CGT illes étaient content.e.s de nous emmener, ça filait la patate, c’était trop la bonne ambiance.

Au début, c’était l’ambiance fin de nuit, on dormait à moitié, chacun.e avait amené un peu des trucs on a fait quelques arrêts pipi pause clope, on s’est arrêté pour pique-niquer il était vers neuf-dix heures, déjà on est pleins à coller des stickers de la cegette dans la station service, là on a croisé plein d’autres bus qui n’étaient pas partis des mêmes villes, CGT avec grave des vacataires de Lyon 2, FO, Sud solidaire, plein d’autres bus de plein d’autres villes, il y a aussi un bus de touristes chinois.e.s qui s’est arrêté et un pote à fond dans le foot mais anti-euro, il avait fait une grande banderole « UEFA = MAFIA » et comme il était trop fier il l’a sortie dehors à la pause et ça s’est fini en photo avec les Chinois.e.s devant la banderole, bien rigolo.

Après on pique nique, il y a avait une table, un mini-frigo, la CGT illes avaient emmené une grande glacière avec de la charcuterie, des baguettes de pain, des brioches aussi, du vin, du café, on était sur une table d’aire d’autoroute, illes ont sorti la caisse de grève, on a pu discuter entre nous, on est reparti, on croisait les autres bus, on se faisait des coucous, des poings en l’air et tout, il y avait un pote qui mettait le feu dans le bus à chanter plein de trucs, quand on était pas encore à Paris on croisait vraiment plein de bus, et là on a vu que ça allait être un énorme truc, franchement rien que les gens qui sont venu.e.s en bus on était hyper nombreu.se.s, 450 bus avec 60 personnes dedans, sans compter les bus FO et SUD ! Rien que les bus mais après les trains, ouaouh, avant le périph ça a commencé à bien ralentir, en regardant derrière, des bus des bus des bus, en regardant devant, des bus des bus des bus, la folie, franchement ça m’a fait hou ! En fait tu te dis 450 bus c’est beaucoup, mais quand tu commences à les voir avec dedans des jeunes des vieux de tout, t’a jamais vu ça de ta vie, là tout le monde a commencé à se dire on a bien fait de monter !

Sortie de porte d’Italie ça ramait de fou, on faisait une pause de 5 mn, 5 mètres, 20 mn, 5 mètres, on est passé sous le tunnel de la sortie Porte d’Italie, ça chantait ça chantait mais on commençait à péter un câble de l’attente, l’heure qui tournait, on a reçu un message d’un pote qui était dans un bus parti de Grenoble à 3h du mat, alors déjà leur chauffeur s’était trompé de sortie et ils avaient fait tout le tour du Périph, il nous envoie un message : « Là ça bouchonne de ouf, on est peut-être à une heure à pied d’Italie, on sort tou.te.s du bus et on rejoint à pieds », et il me fait « Là on est vraiment vraiment beaucoup. »

Nous dans le bus, on chauffait la CGT, « et tu dis quoi ? ré-si-stance ! » La CGT à fond, « Retrait de la loi travail, et ça dit quoi ? Ré-si-stance ! » La CGT des fois pour chauffer aussi illes lançaient « la force des travailleurs, c’est la grève », et tout de suite c’était féminisé merci à S., « la force des travailleuses, c’est la grève ! » Parce que sûr y avait aussi grave des meufs dans le bus. L’Internationale, un moment on l’a sifflée, ça a commencé tranquille et après un tiers du bus à siffler.

On commençait à dire « on descend, on descend du bus » et là la cégette a dit « bon OK on descend ». Là au milieu du tunnel, on commence à tou.te.s descendre, là c’était l’énergie putain, on voit que ça descend des autres cars, ça descendait des bus partout, dans le tunnel on était sur la bande d’arrêt d’urgence, boum grosse chaleur qui monte dans tout le tunnel et tout le monde fait péter les drapeaux les banderoles les stickers et la CGT sort les gilets de signa. Avant qu’on descende du bus, comme tou.te.s les étudiant.e.s étaient trop impatient.e.s, la CGT a fait péter une bouteille de vin dans le bus en mode sympa, juste après on a commencé à descendre. Après quand on est descendu tout le monde chantait dans le tunnel, on gueulait des trucs, y avait des chants grave, un.e pote a fait péter un fumi, et ille m’a dit, putain pour une fois qu’on est dans le tunnel sur le périph à pied, j’ai trop la mort de pas avoir des bombes pour taguer là-dedans, c’était trop bien, quelques voitures klaxonnaient, ça a fait une foule immense d’un coup, c’était impressionnant, du tunnel jusqu’à Italie on a marché en mode « GREVE, Blocage, manif sau-vage ! », arrivé sur l’avenue tout le monde s’est déployé, on est resté avec les étudiant.e.s, c’était trop bonne ambiance, illes avaient fabriqué un énorme drapeau, avec un symbole antifa, un poing levé, une étoile, le drapeau il était énorme c’était le point de ralliement. On se déploie sur les deux voies de circu, super mobiles, on arrêtait pas de faire des allers-retours pour coller partout des stickers, des trucs du NPA, « Ni chair à matraque, ni chair à patrons », pour LGBT, Pour la Cgt, pour Sud, ça collait partout et ça arrêtait pas les slogans, “Sais-tu pourquoi mon cœur bat rouge et noir ?” Face à … on répond quoi ? « Ré-sis-tance », encore une fois, « Ré-sis-tance », ça donnait putain de la voix, notre petit groupe là on envoyait du pâté ! Avec derrière le mec CGT « retrait retrait retrait de la loi travail », on perd pas les bonnes habitudes hein !

On croise des CRS, on en place une pour elleux, “Si t’es fier d’être CRS frappe ton collègue”, tout super joyeux, y’avait un truc rempli que de joie que de pêche, c’est aussi la différence entre manif et manif sauvage, franchement ça te fait son effet collectif et personnel, même la CGT illes marchaient vite, tout le monde avait rien dormi pourtant on s’est tou.te.s chauffé.e.s les un.e.s les autres, c’était ouh. Gros bordel chouette jusqu’à ce qu’on arrive à Italie, déjà là on croisait des flics des CRS mais il y a eu rien, c’est limite comme si illes étaient pas là, on arrive place d’Italie c’était pas noir de monde c’était coloré de monde, j’ai compté au moins 6 énormes ballons blancs de la CGT, toutes les affaires qu’on pouvait se faire péter on avait commencé à les planquer, les lunettes et tout mais on a vu que ça servait à rien parce que là y avait aucun contrôle des sacs, y’avait trop de monde.

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On s’est pas du tout arrêté.e.s sur la place, on a direct tracé parce qu’en arrivant on a vu que la manif était déjà partie et même bien bien avancée, donc on avance speed dans la manif et en remontant on voit que les CRS illes étaient déjà en train d’enlever les barrière antiémeute alors on s’est dit que la tête elle était déjà bien bien loin, nous on voulait aller vers le cortège de tête pour voir, on a remonté tout le cortège en accéléré, y avait des stands militants blablabla, des stands qui en profitaient genre le stand Mélenchon avec le truc « la France insoumise », des gens qui distribuaient des stickers, vu une banderole « merci El Khomri ta loi a réveillé la conscience de classe ».

C’était une ambiance trop la patate ouvrière jeune et tout, sur les camions il y avait des gens assis sur les toits en train de mettre la joie, c’était électrique mais de joie, nous après on était avec des potes étudiant.e.s qui se sont arrêté.e.s pour faire coucou aux copains copines NPA, là on s’est séparé. et à deux on a remonté remonté, on a marché grave vite, il y a un moment où on est passé.e.s devant un grand escalier et il y avait des gars, des meufs qui mangeaient leur sandwich et j’ai pensé putain, tu peux rester posé là et voir la manif passer pendant des heures, il y avait plein de fanfares, quand on arrive au cortège de tête moi ça m’a super étonné.e parce que tu sais au début c’était annoncé « blackblocks » et tout mais il y avait plein de gens mélangés, à la fois des vieux-vieilles, à la fois des ouvrier.e.s, à la fois des étudiant.e.s, on s’est retrouvé dans le cortège de tête mais c’était pas le « vrai » cortège de tête parce que ça avait déjà été séparé. L’ambiance était toujours bonne entre les gens dans le cortège mais là c’était plus la fête.

On se recevait les lacrymos, devant c’était plus tendu parce qu’illes venaient de se faire séparer, illes venaient de se prendre le canon à eau, il y avait plus de tensions avec les flics, forcément les gens illes répliquaient, quand on est arrivé, ça stagnait grave, illes nous empêchaient d’avancer pour marquer l’autorité et pour pas que ça se rejoigne avec le cortège devant, dans la tête du cortège où nous on était, tout devant c’était une barrière de CRS face-face avec le premier rang de la manif quoi. Dans la tête c’était pas des cortèges vraiment formés en fait, c’était le zbeul, des meufs des mecs de la CGT, FO, deux-trois dockers, un mec FO il était trop en mode mission, allez les gars, c’est parti, on y va on y va les gars, c’était trop drôle. Dans le cortège de tête ça a bien stagné, lacrymo à balles, tirs de flash ball et de LBD, les grenades assourdissantes, ça faisait tremblait la terre, on était choqué, on en a pas encore eu à Lyon, on s’est demandé ce que c’était pendant un moment avant de comprendre, ça faisait ambiance guerre, mais pas le cortège ni la réaction des gens. Y a plein de trucs qu’ont pas été jetés correctement, normalement c’est près du sol, là les flics balançaient ça en hauteur, c’est censé être interdit, normalement ils ont pas le droit, même si normalement ça veut rien dire et qu’illes le font quand meême depuis un moment. Un coup on avançait de 5 mètres et on reculait.

On a vraiment collé sur les réflexes collectifs, il y avait zéro mouvement de panique, dès qu’on commençait à prendre les lacrymos, ça reculait bien doucement, dès qu’on respirait un petit peu mieux, quelqu’un.e lançait un slogan, tout le monde reprenait, c’était pas tendu, c’était du style il s’est passé ça ? Allez on reprend de la force, collectivement, et on repart. Ça se laissait pas impressionner par les flics, alors que c’était super impressionnant, les gens avaient pas peur, c’était marrant parce que comme on était une super grosse foule, quand y en avait un.e qui lançait un slogan, il était repris et de plus en plus loin et ça revenait en écho, il a pu se passer bien quarante-cinq minutes une heure mais bon la notion du temps… On a pas mal stagné, tout le monde essayait un peu de comprendre ce qui se passait devant, les gens illes étaient soulés mais illes rigolaient entre eux elles, des mamans, des papys.

C’était vraiment violent n’empêche, là où on était quand on stagnait, d’un coup le cortège il a bien avancé, il y avait des capsules de lacrymo partout, on a vu une fille se faire emmener par les médics, avec une cheville bien gonflée, et une autre meuf allongée par terre à moitié sur un trottoir, le Tshirt relevé, comme ça, sur toute la côte en fait de là à là, elle avait des hématomes énormes, entourée par les médics, big up à eux, qui ont viré les photographes qui essayaient de la prendre en leur aboyant dessus. On est arrivé à une place et là il y avait un vide de gens, c’est là qu’on a vu le canon a eau, il avait déjà été utilisé, on s’est dit vas-y on la traverse, on a entendu des détonations encore, on s’est planqué derrière un kiosque pour se protéger des flash ball, après on a traversé, juste après il y avait encore plein de détonations et de jets de lacrymos, comme ça faisait vachement longtemps qu’on marchait, on avait tellement respiré de lacrymo qu’on était shooté, on s’est posé dans une impasse pour essayer de se dire, vas-y on fait une pause, on va fumer une clope à deux, là on a entendu parler allemand, italien, espagnol… Ça faisait plais’ quoi !

C’est là qu’était la fille avec la cheville gonflée, il y avait aussi une autre meuf qui se faisait soigner, il y avait des flics de partout, sur cette place il y avait des flics à toutes les sorties, les gens devant les flics y en avait qui passaient mains levées pour signifier qu’il fallait pas tirer. On s’est relevé parce qu’on entendait tellement de détonations, on vu plein de fumée et de lacrymo on a bougé et on a essayé de rattraper la tête de cortège, un moment j’ai vu des lycéen.e.s qui se sont occupé d’une très vieille dame qui s’était pris plein de lacrymo illes l’ont soignée longtemps jusqu’à l’arrivée de la médic team, juste après j’ai vu une équipe de 5 docker nantais juste avec des casques et le gilet au milieu des lacrymo pas du tout équipés et en mode grave détente, oh les dockers ils on donné du rêve ! ils étaient là, mais t’inquiète pas, tout va bien s’passer, ils rigolaient en même temps de se péter leur clopes au milieu des lacrymos.

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On a croisé un pote et il y avait la rumeur que le mec qui s’est pris la lacrymo dans le dos il était mort, un moment on est arrivé tout devant, un cordon de flic nous a coupé.es et nous a fait stopper, tout le monde attendait encore, ça gueulait un peu des slogans contre la police franchement illes se sont lâché.e.s, c’est impressionnant, c’était une ambiance de guerre mais les personnes là elles râlaient plutôt tranquille en mode putain font chier, sur le côté il y avait des murs en métal d’un parc, des gens étaient monté.es sur le petit muret, ça frappait des mains dans le cortège pour se donner la force, les gens sur le muret illes faisaient du gros bruit sur les barrières, boom, boom, y en a un à un moment il a dit bon c’est pas tout ça, c’est bien de faire nasser mais j’ai des gamins à aller chercher à l’école en rigolant avec son pote, lui il était pas du tout équipé, genre même pas d’écharpe. Y avait tellement de gazage qu’au bout d’un moment on se replie sur les trottoirs et le mec dit bon vaz-y là je vais m’équiper parce que là c’est trop.

Les ordres des flics c’était à chaque fois gaze pour séparer, gaze pour séparer. Séparer tout tout tout ! Les foules qui se séparaient c’était tellement énorme qu’il y aurait eu moyen de faire plein de manifs sauvages. De la stagnation jusqu’aux Invalides on s’est fait gazer en continu, c’était écharpe, lunettes, tout le temps tout le temps, les gens se passaient le sérum fi, illes faisaient passer les trucs en levant les mains en l’air pour montrer qu’illes avaient les sérums, les machins au citron, sans s’énerver ni rien, personne était en dèche, quand on a réussi à avancer, pfou t’es arrivé.e à un stade où t’es tellement gazé.e de lacrymo que t’es shooté.e, on était juste à côté des Invalides.

Arrivé.es aux Invalides, tsais c’est vraiment énorme comme place, c’est bien parce que tu peux partir vite mais chaud parce que eux aussi illes peuvent te faire partir vite. On s’est assis dans l’herbe, les gens illes arrivaient dans l’herbe, nous quand on était aux invalides y avait encore des gens place d’Italie. Il y tellement de gens qui arrivent qu’on peut pas voir ce qui se passe. Ça a commencé à chauffer, vu la provoc des flics et la violence, tout est prétexte, un pote a raconté il y a un mec qui a fait tomber une bouteille de bière, sans faire exprès, les flics ont pris le prétexte pour charger lancer les lacrymos et tout. Là y a eu des gros gros gazages aux Invalides, nous on s’est posé, un pote nous a proposé une binch, c’est trop bien de pouvoir juste boire quelque chose, un quart d’heure peut-être on a eu et là les gros gazages qui recommencent. En fait il y avait un bon vent, ça fait que chaque lacrymo balancée se propageait très vite. Nous trop gazé.es on est parti vers les quais pour voir de loin, et là, de loin c’était la guerre quoi ! Les CRS dans la foule à charger Bam, tout le monde qui s’éloignait Ouah, le canon à eau de partout, on a vu à quel point les stratégies c’était de faire séparer la foule, d’un coup ça bougeait par là, d’un coup ça bougeait par là, mais ça avait pas baissé les drapeaux des gens, les noirs, les rouges.

En fait à Paris il y a trop pas une séparation entre la CGT, les casseurs, tout ça, il y a à la fois des personnes en noir, à la fois des CGT, des vieux des vieilles, FO tout ça, ça chantait “Nous sommes tous des casseurs”, ACAB ça s’est transformé en All Casseurs Are Beautiful, sur les murs, toute façon tout le long du trajet y avait que ça des tags les vitres de pubs et JCDecaux pétés c’était coloré, cétait chouette quoi ! On était monté sur un muret et on voyait ça de loin, on était trop gazé il fallait vraiment qu’on parte, ça m’a fait carrément saigner du nez un moment.

Un truc qui est pas pareil qu’à Lyon aussi, en gros sur le trajet les gens illes avaient prévu, illes avaient des trucs à bouffer, des sandwichs, ça donnait un truc serein, un bon signe de vie du style on a décidé que c’était pas la fin du monde, on prend soin de nous, ça franchement c’est super chouette à voir.

La fin elle est indéfinissable, pour partir il fallait aller vers les quais et prendre un pont, on a vu que la sortie des Invalides et le pont c’était bloqué par un cordon de flics, en s’approchant on s’est fait charger par les flics et il a fallu qu’on contourne le blocus et qu’on passe derrière les camions de flics, là il y avait un mec en souriant il tordait les essuie-glaces des camions des condés, même quand on partait dans les lacrymos les gens étaient pas dans la panique alors que franchement il y a eu du gazage en continu.

Après nous on a réussi à sortir et aller sur le pont, mais il y a encore plein de gens qui étaient coincés de l’autre côté. Franchement

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avec le nombre qu’on était, du coup on aurait pu faire plein plein de manifs sauvages de partout ! On s’est posé sur le pont comme ça pour voir ce qui se passait, dans l’angle, on regardait celleux qui se faisaient nasser de l’autre côté et c’était trop marrant parce qu’on a vu des gens sauter des quais aux berges pour échapper à la nasses, pépére. Juste avant ça, une petite centaine de flics s’étaient déplacés en bas, sur les berges, au bord de l’eau en mode cowboys commando alors que y avait rien en bas. Y a juste un mec et une meuf en face d’eux qui sont apparus et les flics ces cons illes ont tiré au lacrymos, les deux civils illes ont couru et illes ont vu que les gaz revenaient vers les CRS, avec le vent, illes ont shootés dans les lacrymos et se sont barrés. Cinq minutes plus tard, les condés ont remonté les berges comme des couillon.e.s. Pendant qu’on regardait, des gens déters ont mis en place un blocage avec les moyens du bord sur le pont.

Il y avait des gros bateaux de touristes qui passaient nous on gueulait wesh les touristes ! Illes faisaient coucou, avec les camions de CRS partout sur les berges ! Quand on était sur pont et les berges, il y avait une bonne foule de l’autre côté de la nasse et là c’était de l’attente, on savait qu’il y avait des autres actions de prévues mais pas si on allait y aller, y avait trop la fatigue et en même temps la déter de continuer, finalement on est parti pas longtemps après.

Ca fait chaud d’être monté à cette manif, pas seulement pour les raisons évidentes de solidarité avec les conditions de vie direct des salarié.e.s, lutter contre le discours médiatique qui arrête pas de dire que « ça s’essouffle », qui se donne tellement du mal à propagander sur les « casseurs ».

C’est aussi la loi « Travaille ! (et ferme ta gueule) » qui s’inscrit dans un contexte plus large, de libéralisation de l’Europe, (big up aux personnes qui sont venues d’autres pays), de fascisation de la France, dans cette manif j’ai vu plein de présences, de gestes, de cris qui n’étaient pas seulement contre cette loi, mais dans une perspective anti-autoritaire générale, et pour une réappropriation de nos vies ! Alors on peut pas l’appliquer à chaque personne de la manif c’est sûr, mais l’ambiance partout en transpirait. Tu vois l’énergie qui pète, c’est de la vie à l’état pur mais entends-le au sens politique, parce que le politique ben c’est partout, et j’en place une pour les stades de foot et autre « fanzones » où il faut pas tenir de propos politiques !

Il s’agit pas de débattre sur la casse, il faut ou il faut pas, c’est bien, utile, « décrédibilisant » ou pas, pour le « mouvement », les bonnes questions pour moi depuis le début c’est pourquoi la casse, pourquoi les manifs sauvages, comment ça se fait l’affrontement avec la flicaille, provoqué par quoi, pourquoi une telle putain d’explosion de vie du tunnel porte d’Italie jusqu’à la place d’Italie, faire attention aux mots qu’on me fait employer et donc qu’on utilise à ma place ! Pourquoi parler de mouvement alors que c’est pas juste « un mouvement social », parce que c’est pas un mouvement contre la loi « Travaille ! », parce que c’est bien plus grand que ça, parce que l’histoire elle s’écrit en permanence, et parce que ce qu’on vit ben c’est nous qui l’inventons, nous qui le créons et qu’c’est bien ça qui dérange ! Parce que la lutte est partout, tout le temps et que la lucha sigue !

La loi travail, c’est dans un contexte et ce contexte eh ben c’est fini, on en veut plus.

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  • Le 20 juin 2016 à 14:32, par

    « A cette charge des gars de la CGT Dockers du Havre j’y étais. Ça a commencé en fin de manif où les gars de Sud-Solidaires étaient nassés gazés tabassés avant les Invalides. FO s’est barré. Dans les rangs il a été proposé d’aider les copains de Sud-Solidaires. »Je vous propose de démontrer que l’Intersyndicale n’est pas qu’une théorie« qu’il a dit le gars. Ce qui était impressionnant c’est la cohésion à ce moment là tellement ceux de »l’autre côté du mur« étaient dans la détresse. J’ai vu un papy pantouflard a grosse barbounette sympatoche se faire démonter la gueule à coups de matraque par un connard en uniforme parce qu’il voulait juste sortir pour rejoindre son bus. Les CRS ont chargé une première fois. Pétard il y a eu une putain de résistance du groupe. Rien n’est passé. Ils avaient devant eux 5 rangs de gars, et de filles, en rouge et noir sans peur. Cette charge a été immédiate et le groupe était prêt. C’était comme si c’était convenu comme ça. Et ils n’ont pas pu avancer d’un pouce. Puis il y a eu une attente d’une quinzaine de minutes où les flics ont fait croire à une négociation pour libérer les copains dans la nasse. En fait ils se reorganisaient et là on a pris cher. J’ai la certitude que si on avait chargé à ce moment là on aurait même pu faire des prisonniers MDR !!! Ah oué putain on a pris chéro ! La totale gaz lacrymo à gogo jusqu’à la nausée, grenades assourdissantes en prime. Des gars au tapis, la gueule, les yeux, les oreilles explosées. Comme ils le voulaient on a été repoussés sur la gauche sur la Place Vauban. Un flic en civil lançait la rumeur selon laquelle le »fight« , ce sont ses mots, était par là. .. mais il croit quoi ce connard ? Qu’on vient pour du »fight« ? Mais on est juste des travailleurs et des chômeurs qui venons manifester constitutionnellement contre une loi scélérate Bordel ! Sur la Place Vauban des panneaux de chantier ont été démontés pour s’en faire un parement, au cas où, tellement la charge était violente. En arrière on était coincés par les cars de ceux qui venaient de loin. Le Havre justement, mais aussi Douai par exemple, en journée de grève non payée. Les flics continuaient de tabasser, gazer et assourdir à gogo. On savait que les canons à eau étaient juste à côté et qu’ils venaient de les utiliser. Ne manquaient plus que les boulettes en caoutchouc à nous balancer à bout portant dans la quiche ! On étaient vraiment coincés. Ça tabassait fort pour les copains restés coincés sur le Boulevard des Invalides. Les gars de la CGT Dockers du Havre, qui avaient enchanté toute la manif avec leur ensemble de percussions, juste derrière nous, ont bénéficié de leur esprit de corps. Alors que tous étions dispersés sous les coups anarchiques de fonctionnaires en uniformes ils ont pu s’organiser autour d’une solide dynamique de groupe et ils ont pu lancer cette charge, salvatrice pour nous tous. Oui peut-être y-a-t-il eu une dizaine de »blessés« dans les rangs de la Police a ce moment - là, je veux bien le croire car oui ils ont vraiment pris une branlée mémorable. Je connais des gars qui sont aujourd’hui CRS, d’anciens élèves, et s’ils y sont c’est parce qu’il savent ce que ça représente et qu’ils aiment ça, ostentatoirement. .. alors on dira que ce n’est sûrement qu’un accident du travail ! Qu’il y en ait au moins un pour oser venir se plaindre ... Alors oui, moi j’y étais à ce moment là et à cet endroit là ... J’y étais simplement pour manifester pacifiquement contre une loi inique tout comme j’ai toujours été pacifique depuis maintenant plus de 30 années de militantisme. Même en 86 j’ai refusé la violence, ça aurait pourtant été pratique, pensez donc à 18 ans !!! Jamais je n’aurais penser en arrivant à Place d’Italie noire de monde à 13h 00 que, avant la fin de l’après-midi, j’allais moi aussi embrasser un flic et que c’est lui qui aurait mal aux dents ! Mais bon ... on dira que ce n’est qu’un accident du travail ne faisant pas l’objet d’une déclaration ... Les copains de Sud-Solidaires ont pu se tirer ! Nous aussi. Et merci aux Dockers du Havre de la CGT, ils nous ont sauvé la peau »

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