Au quotidien, nos corps sont soumis à des représentations normatives façonnées par le cispatriarcat, et son prolongement dans la médecine, les institutions, le marché, etc. Une propagande massive sociale, culturelle et économique martèle un discours unique sur ce que devrait être « LA féminité » ou « LA masculinité ». Dans la famille, les médias, en foyer, à l’école, au travail, nos corps médicalisés, pathologisés, contrôlés, surveillés, sont dressés par les institutions pour être dociles, fragiles, soumis, coupables, obéissants, sans défense. Une théâtralisation d’une « masculinité toute puissante » et d’une « féminité fragile à protéger » est encouragée, valorisée, légitimée. Nos corps sont ainsi trop souvent seulement représentés comme violentés et impuissants.
Loin de ces représentations sociales que l’on cherche à nous faire intérioriser pour mieux nous aliéner, par notre action du lundi 25 novembre, nous avons voulu affirmer que nous ne sommes pas seulement les victimes d’un système qui nous opprime et nous tue, nous sommes aussi des guerrièr-e-x-s prêt-e-x-s à l’abattre.
Ensemble nous sommes fort-e-x-s et fièr-e-x-s d’être étiqueté-e-x-s non conformes aux normes de genre imposées par un système mortifère. Nous n’attendons pas que l’Etat oppresseur, les flics, la justice et ses autres complices nous protègent. Ne nous libérez pas, on s’en charge ! Vouloir nous protéger, c’est encore une fois vouloir nous mettre sous tutelle, c’est encore une fois vouloir nous enfermer dans un sentiment de peur et d’impuissance. Par ailleurs, nous refusons d’être complices des logiques sécuritaires répressives et carcérales d’un Etat sexiste, raciste, classiste, transphobe, putophobe et validiste. Nous ne sommes pas dupes de la rhétorique gouvernementale et nous n’oublions pas que c’est l’Etat qui organise les violences que nous subissons au quotidien : lois transphobes, putophobes, validistes, racistes, islamophobes, intersexophobes, destruction du système de santé, des structures d’accueil, contre les sans-papiers, les réfugié-e-s, les migrant-es etc.
A la violence de l’Etat, nous répondons par l’autodéfense individuelle comme arme d’empowerment (autonomisation, prise de conscience de ses capacités et de sa force). C’est aussi ensemble, entre soeurs, frères et adelphes, que nous faisons bloc.
Au milieu des mises en scènes spectaculaires des campagnes officielles contre les violences qui réifient nos corps comme seulement victimes, alors que le compteur officiel - et par ailleurs sous-estimé, transphobe et putophobe - de nos mort-e-x-s semble illustrer chaque jour la puissance grandissante du système cispatriarcal et de ses complices, ensemble nous avons dépassé la peur inculquée depuis notre naissance, cette peur qui voudrait nous paralyser, qui ferait de nous des « petites choses fragiles », ensemble nous avons retrouvé la puissance d’agir dont on nous a dépossédé-e-x-s individuellement pour mieux nous contrôler.
Nous ne nous terrons plus, nous ne nous tairons plus. La peur change de camp.
Agresseur, violeur, à ton tour d’avoir peur !
Ensemble, nous avons symboliquement repris le pouvoir face à nos oppressions en les nommant et les taguant sur un mur : binarité, invisibilisation, culture du viol, discriminations, harcèlements, keufs...
Ensemble, nous avons dit stop, nous avons montré et hurlé notre rage parce que « si tu poses la main sur moi, je te pète la main et le bras ».
Ensemble, à coup de battes, de pieds-de-biche et de marteaux, nous sommes devenu-e-x-s une alliance de corps insurgés et en lutte.
Ensemble, nous avons retrouvé notre puissance d’agir.
Ensemble, nous avons abattu le mur de nos oppressions.
Pas un-e-x de plus dans vos cimetières, pas un-e-x de moins dans nos luttes.
La solidarité est notre arme.
Autonomie et autodéfense populaire pour tous-x-tes.
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