Sur la tuerie homophobe d’Orlando
Dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 juin, un tireur a ouvert le feu au Pulse, boite gay latino d’Orlando aux États-Unis, faisant 49 morts et 59 blessé·e·s. Nous exprimons toute notre solidarité aux victimes de cet acte infâme, à leurs proches, et plus largement à toute la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans).
Depuis cette tragédie, les journalistes se sont longuement penché·e·s sur les motivations personnelles du tueur et se sont interrogé·e·s sur la revendication de l’acte par l’État-Islamique, son état de santé mental, ou encore sur le fait qu’il aurait auparavant consulté des applications de rencontre homosexuelles.
En revanche, peu de rappel du contexte politique, à la fois général et plus spécifiquement américain. On a en effet assisté ces dernières années à un regain des discours et des actes contre les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans).
Ainsi, au Mississippi, le gouverneur avait, quelques mois avant cette tuerie de masse, signé une loi permettant aux entreprises, aux églises et aux organisations de charité religieuses de refuser leurs services aux personnes LGBT sous couvert de respecter leur liberté religieuse.
En Caroline du Nord, une nouvelle loi permet maintenant d’arrêter les personnes trans qui n’utilisent pas les toilettes correspondant à leur genre assigné à la naissance. Cette lutte est d’ailleurs un cheval de bataille d’une bonne partie de l’extrême-droite américaine : début juin, une petite bombe artisanale explosait dans les toilettes d’un magasin qui avait une politique « inclusive » vis à vis des personnes trans, c’est-à-dire uniquement parce qu’elles avaient le droit d’aller dans les toilettes correspondant à leur genre social.
En 2015, 21 femmes trans, la plupart racisées, ont été assassinées aux États-Unis. Ce pays fait également l’objet de violentes campagnes anti-avortement, et de nombreuses cliniques ont dû fermer à cause de lois locales.
En France, on a également assisté dans le sillage de l’ouverture du mariage pour tou·te·s à une recrudescence d’actes homophobes et transphobes, dans le contexte de La Manif Pour Tous. Même si les chiffres ont un peu re-diminué depuis, SOS Homophobie recensait en 2013 une hausse alarmante des agressions homophobes et transphobes de 77%.
Dans ce contexte, connaître les détails du profil psychologique du tueur d’Orlando n’est peut-être pas nécessaire pour connaître les vrais responsables de ce massacre : les personnes, organisations, politiques et gouvernements qui promeuvent activement la lutte contre les personnes LGBT et contre l’égalité des droits.
Dans ce contexte, nous ne pouvons considérer les déclarations de solidarité de La Manif Pour Tous et autres Christine Boutin que pour ce qu’elles sont : des crachats hypocrites .
Dans ce contexte, nous ne pouvons pas non plus accepter que des politiques et des journalistes aient passé sous silence le caractère homophobe de ce massacre.
Nous ne nous faisons pas d’illusions sur le fait que certain·e·s réactionnaires vont tenter de se servir de cet évènement pour alimenter leurs discours haineux et islamophobes, oubliant que les fascistes, religieux* ou pas, se retrouvent en général d’accord lorsqu’il s’agit d’opprimer des minorités., et ont des pratiques qui ne sont pas si différentes (quand ils ne leur vendent pas directement les armes pour commettre leurs massacres).
Nous estimons pour notre part nécessaire de combattre au quotidien toutes les oppressions et toutes les hiérarchies. Ce massacre, aussi odieux soit-il, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt de l’homophobie et de la transphobie, qui frappent au quotidien, dans la rue, dans la famille, dans l’entreprise, et qui tuent parfois brutalement, mais aussi souvent insidieusement (les jeunes LGBT sont un des groupes où le risque de suicide est le plus élevé).
Combattre efficacement l’homophobie, la biphobie, la lesbophobie et la transphobie, cela ne peut se limiter à quelques déclarations de soutien ; c’est avant tout un long travail au quotidien pour lutter contre tous les actes, propos et comportements homophobes et transphobes, et plus largement contre toutes les oppressions, pour développer une véritable solidarité contre tous les exploiteurs.
Coordination des Groupes Anarchistes Lyon
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