Épisode 1 - une découverte stupéfiante
Tout commence lorsque les fins limiers de la brigade de Gérard Collomb font une incroyable découverte dans le quartier de Confluence. Mardi 4 juillet, Le Progrès titre « Les policiers tombent sur un champ de cannabis à la Confluence ».
On apprend dans l’article que c’est lors « d’une patrouille e de surveillance que les policiers municipaux lyonnais ont fait une découverte stupéfiante. Là, dans l’enceinte de l’ancien marché de gros (Lyon 2e), les agents poussent un portail entrouvert, alors qu’il était habituellement fermé. Ils tombent tout à trac sur une belle plantation : un champ de plants de cannabis d’environ 140 m² » [1].
Imaginez la surprise de ces braves pandores, plus habitués à verbaliser des voitures mal garées et à recompter le score de la dernière belote qu’à se lancer dans des enquêtes sur le grand banditisme ou les trafiquants de stupéfiants.
Imaginez encore leur joie quand, posant fièrement devant leur incroyable prise, ils imaginaient les promotions, montées en grade et autres augmentations de salaire qui allaient, à n’en point douter, venir féliciter un tel travail.
Épisode 2 - détruire le butin
Lorsque les policiers pénètrent sur les lieux, celui-ci est désert. Le Progrès, continuant sur le ton quasi-lyrique, précise qu’ils ne trouvent « Personne sur les lieux en train d’arroser, de biner ou de…fumer ».
Conscients qu’ils se trouvent face à une affaire dans l’ampleur les dépassent, les policiers municipaux se rapprochent donc du groupe enquête antidrogue (GEAD). Celui-ci leur donne la consigne « d’arracher les plants de cannabis avant de les transporter au commissariat du 9e arrondissement de Lyon ». Ce sont alors des centaines de plants qui sont détruits.
Épisode 3 - une seconde découverte : le pot aux roses
L’histoire aurait pu s’arrêter là… sauf que les plants détruits n’étaient pas du cannabis mais du chanvre à 0 %, c’est-à-dire ne contenant aucune substance psychoactive. La plantation, probablement réalisée sur un site appartenant à la Mairie de Lyon, s’inscrivait dans le cadre d’une expérimentation de la Biennale d’architecture. L’opération artistique qui incluait aussi la présence d’orge et de lin était baptisée "Aire d’attente".
Plutôt qu’une importante saisie de stupéfiants, les policiers municipaux ont donc détruit une œuvre d’art et leur brillante enquête se transforme en fiasco total. Selon Lyon Mag, pour limiter la casse en matière d’image, les policiers se sont trouvés une version officielle d’une crédibilité à toute épreuve. Ainsi, ils auraient été au courant qu’il s’agissait de chanvre mais les consignes qu’ils ont reçu étaient tout de même d’éradiquer la plantation. Pris à défaut, les flics font toujours référence aux ordres, c’est même à ça qu’on les reconnait.
Épisode 4 - épilogue
Les organisateurs de la Biennale d’architecture devaient se retrouver pour une fête sur l’œuvre désormais détruite, samedi 8 juillet. Désormais privés de terrains de jeu, ils sont furieux que l’enquête ait été expédiée. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir mis les meilleurs limiers de la ville sur l’affaire.
Cette fois-ci, c’est une « œuvre » pas spécialement inspirée des artistes subventionnés de la biennale qui vient illustrer de façon caricaturale l’incompétence notoire des policiers lyonnais. Comme à chaque fois qu’on en a la preuve, on se dit qu’on serait sans doute plus rassuré·es s’ils ne se baladaient pas armés.
ACAB. All Cops Are Bouffons
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