« On s’est promis que ça n’aurait pas de fin, qu’on ouvrirait des lieux en veux-tu en voilà, qu’on s’y retrouverait toujours, qu’on y rassemblerait, avec d’autres naufragés du béton, les plus fiers équipages de pirates. »
Dans Chroniques de la zone libre, Cosma Salé « nous raconte ses années d’arpentage des ZAD, de Notre-Dame-des-Landes au barrage du Testet en passant par la forêt de Chambaran. Ce zadiste est un poète. Un rêveur qui appartient à une génération qui n’a pour horizon que chômage et boulots précaires. Plutôt que de se morfondre entre deux pointages à Pôle emploi, il s’est fait, en compagnie de ses pairs, arpenteur de désordres et tranquille insoumis : "Nous pratiquons l’art du déplacement de squat en squat, de campement autogéré en lieu de résistance, de tribu en tribu. Il y a toujours quelque part, à portée de semelles, un endroit où trouver refuge, une zone où détrôner l’État. Il y a toujours un feu pour se réchauffer, une gamelle à partager, un lit où dormir, une cabane où s’abriter". » (Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné, 15 juin 2016)
Ce livre aurait pu s’appeler « Dans la tête d’un zadiste ». Il témoigne de la résolution et de l’imaginaire d’une génération qui tente de réinventer un monde à la hauteur de ses exigences. On y trouvera un peu de ce que Cosma Salé a appris : à lutter, à respirer et à sentir, à créer et à bâtir contre l’ennui.
C’est un petit traité sur l’esquisse des marges, un manuel d’usage du monde libre, les fragments d’un imaginaire qui a désormais sa dynamique propre.
Entrée libre
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