Par Serge Goudard, le 2 février 2020 (Source : A l’encontre - La brèche)
Faire « pression » sur le gouvernement ou rompre avec un pouvoir prêt à tout pour imposer sa réforme des retraites ? C’est une question qui est ouvertement posée alors que, face à une mobilisation toujours forte et une colère grandissante, Macron reste inflexible, combinant répression du mouvement social et multiples propositions de « dialogue » faites aux organisations syndicales.
Cette question prend d’autant plus d’acuité que s’est ouverte, le 30 janvier, la « conférence de financement » du prétendu déficit de l’actuel système des retraites : une conférence dont la tenue est en soi, par ses objectifs, contradictoire aux objectifs d’une mobilisation tenace, à la fois mouvante et diverse dans ses formes, exprimant une immense hostilité à l’égard de Macron et de son gouvernement.
RATP et SNCF : les travailleurs « suspendent » la grève (mi-janvier)
Le constat est unanime : la grève illimitée, engagée le 5 décembre à la RATP et à la SNCF, fut exceptionnelle par sa durée et joua le rôle de fer de lance de la mobilisation générale contre le projet gouvernemental de réforme des retraites. Mais l’épuisement finit par l’emporter, et c’est en vain que les grévistes du rail et du métro ont attendu l’entrée en grève continue d’autres secteurs professionnels.
Finalement, le 18 janvier, au 45e jour de grève, l’UNSA-RATP annonce suspendre la grève. La veille, seules les assemblées générales de trois des lignes du réseau avaient décidé de poursuivre la grève illimitée.
Cette déclaration marque un tournant : ce syndicat, le plus important à la RATP, a joué un rôle moteur pour impulser la grève illimitée, un rôle d’autant plus remarquable que ce syndicat appartient à une confédération qui, elle, soutient l’essentiel du projet gouvernemental.
En quelques jours, la grève illimitée prend fin à la RATP et à la SNCF en dépit de quelques dernières poches de résistance.Le gouvernement put alors espérer que, rapidement, ce serait l’ensemble de la mobilisation qui refluerait : il n’en fut rien. La volonté générale de mettre en échec la politique de Macron demeurait inentamée. Elle s’exprima ainsi le 24 janvier, jour où le projet de réforme était présenté en Conseil des ministres. Sous la forme de deux projets de loi, l’un organique, l’autre ordinaire.
Vendredi 24 janvier : nouveau « temps fort »
Ce nouveau « temps fort » de grèves et manifestations fut plus important que le précédent, celui du 16 janvier, sans atteindre pour autant les niveaux de décembre : selon la CGT, le cortège parisien rassembla plus de 350’000 manifestants, et l’ensemble des manifestations à travers le pays regroupèrent 1,3 million de personnes (800’000 annoncées pour le 16 janvier). Même la police dut enregistrer une augmentation incontestable du nombre de participants. Ce fut ainsi le cas à Lyon (près de 20’000 manifestants selon les syndicats).
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