Brèves du Kurdistan de septembre : résumé de l’été

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Kurdistan

Précédées d’une courte présentation du Kurdistan, les brèves reviennent sur les actualités plus ou moins tragiques qui s’y sont déroulées cet été. Vous pouvez les écouter ou les lire.

Le Kurdistan est réparti sur quatre états : L’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie. En référence à un grand Kurdistan et comme outil de lutte contre la colonisation de ces quatre États, les mouvements kurdes se réfèrent aux différentes régions du Kurdistan en les désignant par les points cardinaux (en kurde). Le Kurdistan du Nord (ou Bakur) correspond au Kurdistan de Turquie, le Kurdistan de l’Ouest (ou Rojava) à celui de Syrie, le Kurdistan du Sud (ou Bashur) à celui d’Irak et le Kurdistan de l’Est (ou Rojhelat) à celui d’Iran. Les brèves ici transmises concernent principalement le Kurdistan du Nord (Bakur) et le Kurdistan de l’Est (Rojhelat), mais des luttes (et la répression qui va avec) ont lieu également au Kurdistan ouest (Rojava) et au Kurdistan du Sud (Bashur).
Les politiques coloniales et racistes menées par les États turc, syrien, irakien et iranien ont conduit à utiliser des noms turcs, arabes ou perses pour désigner les villes kurdes. Les villes sont indiquées ici sous leur nom kurde avec le nom turc entre parenthèses.

Rojhelat

Au Rojhelat (Kurdistan de l’Est), les partis d’oppositions kurdes iraniens, réfugiés dans les montagnes irakiennes, ont repris la lutte armée contre les forces de la République Islamique d’Iran. Cet été, de nombreux affrontements ont eu lieu entre, d’un côté, le Parti Démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) et le Komala ; et de l’autre, les forces armées iraniennes appelés « Gardiens de la Révolution ».
Le secrétaire général du PDKI a fait savoir, en juillet, que le parti allait changer sa doctrine, passant de la méthode défensive à la méthode offensive contre l’Iran. Du côté du Komala, deux des trois partis ont fait savoir qu’ils allaient essayer de construire une politique de défense commune contre l’Iran, pour la première fois depuis de longues années.
En réponse, l’Iran a menacé de s’attaquer au Gouvernement Régional du Kurdistan, au Bashur, et de mener des raids sur le territoire, pour chasser les partis kurdes iraniens. Fin juillet, les forces armées iraniennes ont bombardé leurs camps, situés dans les montagnes irakiennes. Suite à cela, le PDKI a entamé une « campagne internationale pour créer des alliances » afin de lutter contre les répressions et la politique de terreur du régime iranien.
Le prisonnier politique kurde, Ayoub Assadi, qui a été emprisonné en Iran depuis juin 2011, a entamé une grève de la faim le 7 juin 2016. Alors que de nombreuses demandes de transfert ont été faites par les médecins, pour le soigner, la direction de la prison a non seulement refusé, mais décidé de le placer en isolement pour le forcer à stopper son action politique. Le procureur de Kashmar a notamment dit que « Tant qu’il continue sa grève de la faim, il restera en isolement et il y mourra. »

Bakur

Au Bakur, la guerre de l’Etat turc contre le mouvement politique kurde du Kurdistan du Nord se poursuit. Alors que le 3 juin dernier, l’État turc a déclaré la fin des opérations militaires dans le district de Lice, les incendies dus aux bombardements ont continué. Plusieurs milliers d’hectares ont été détruits, réduisant en cendre faune et flore. L’agriculture est dramatiquement touchée par ces attaques. Les habitant.e.s du district sont empêché.e.s d’intervenir, par les forces armées turques. Elles sont notamment placées en garde à vue. Les organisations de société civile ainsi que les représentant.e.s des principales associations et partis politiques sont interdits d’entrée dans la zone, qui est classée « zone militaire interdite ». Certains villages ont été évacués, dans lesquels les soldats turcs se sont installés. Historiquement, le district de Lice a été la cible d’incendies à répétition par l’État turc : en 1925, pour avoir soutenu la révolte du Cheikh Said, en 1993 pour être proche du PKK et des combattants, et aujourd’hui en 2016. Cependant, les zones autour de Şemdinli sont toujours sous couvre-feu. En réponse à cette guerre, les organisations de guérilla - le Mouvement Populaire Révolutionnaire Uni (HBDH), les combattantes des YJS-Star (organisation des femmes des quartiers), et les Forces de Défense du Peuple (HPG, guérilla du PKK) – ont mené de nombreuses actions contre les forces armées turques, en attaquant notamment les check-points de l’armée ou les postes de gendarmeries, dans les districts de Şirnex (Şirnak), Şemdinli, Mêrdîn (Mardin), Amed (Diyarbakır), Agirî, (Ağrı), Semsûr (Adıyaman),Wan (Van).
En tout, depuis la relance de la guerre par l’Etat turc à l’été 2015, ce sont plus de 500 000 personnes qui ont été déplacé.e.s par les forces armées turques.

L’échec du coup d’état du 15 juillet a intensifié la répression de l’État turc. Ce sont près de 25 917 personnes qui ont été interpellées, et des dizaines de milliers de personne ont perdu leur emploi. 11 301 enseignants, dont 9843 sont membres du syndicat enseignant Egitim-Senont été suspendu.e.s de leurs fonctions. Plus de 2346 académicien.ne.s dont des dizaines d’universitaires signataires de la pétition pour la paix ont été licencié.e.s, par décret dans le cadre de l’état d’urgence. À l’Université de Kocaeli par exemple, tou.te.s les universitaires qui ont signé la pétition pour la paix ont été licencié.e.s et qui travaillaient de surcroit sur le syndicalisme et le mouvement ouvrier. Cette répression s’abat sans commune mesure sur les médias. Ainsi, le 30 Août dernier, après l’arrêt du journal Özgür Gündem, puis de Azadiya Welat, c’est la chaîne de télévision kurde Özgün gün TV qui a été coupée. Malgré les perquisitions qui ont eu lieu au local du journal Özgür Gündem, la fermeture obligatoire du journal, les frappes de la police contre ses journalistes et leur arrestation qui ont eu lieu, le journal est quand même sorti le 17 Août avec en une titrant "Nous ne nous soumettrons pas ». Le 11 Septembre, 28 co-maires kurdes ont été arrêté.e.s, et démis.e.s de leurs fonctions.
Le 11 Août, un mariage kurde dans la ville de Dîlok (Gaziantep), a été la cible d’un attentat à la bombe. L’attaque a fait 50 morts et plus d’une centaine de blessé.e.s. Cette ville est connue pour être un haut lieu de recrutement et de réseau de Daech. Les victimes de l’attaque étaient, pour la plupart, des proches du HDP (Parti Démocratique des Peuples). L’attentat a eu lieu peu de temps après la déclaration du PKK, acceptant une paix avec l’État turc à condition que celui-ci mette fin aux cessez-le-feu unilatéraux dans les villes, relance des pourparlers et une négociation pacifique avec Abdullah Öcalan.

Pour finir ces brèves estivales sur une nouvelle positive, à Mêrdîn (Mardin), les femmes sont parvenues à vendre les premiers produits issus du projet de ferme naturel et des coopératives autogérées de femmes. Leur objectif est de pouvoir vendre des aliments produits par les femmes, et pour les femmes, afin de lutter contre la domination des marchés et de l’économie par les hommes.

Brèves du Kurdistan de septembre 2016
Précédées d’une courte présentation du Kurdistan, les brèves reviennent sur les actualités plus ou moins tragiques qui s’y sont déroulées cet été.

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