Le nom de Noam Chomsky, linguiste américain mondialement connu, a été associé en France, il y a quelques années, à l’offensive
polémique de quelques « penseurs » et éditorialistes parisiens qui ont cru voir dans telle préface ou telle interview, à grands renforts
de poses indignées, le spectre de la résurgence de l’antisémitisme parmi les intellectuels. On ne sait en l’occurrence si l’argument
« antisémite », devenu aujourd’hui un must de la police intellectuelle, n’avait pas pour principale intention de disqualifi er un auteur
dont l’engagement social et politique, résolument tourné à gauche, n’a guère les faveurs, et c’est un euphémisme, des tenants
de la pensée « responsable ». De ses travaux sur la politique étrangère des États-Unis et la contribution que les grands médias
américains lui apportent, pour l’imposer notamment auprès de l’opinion publique et lui donner une apparence de légitimité,
il n’est habituellement guère question. Découvrir ou redécouvrir Chomsky, à l’ère de la « grande manipulation » du discours
néolibéral et de l’internationale sécuritaire, pourrait bien s’avérer d’une certaine urgence.