Le jeudi 9 septembre, un agent d’Enedis ainsi que des agents de la police Municipale de Villeurbanne interviennent au Squat « Augustine » situé à Villeurbanne dans le quartier Perralière – Grand Clément. Leur objectif ; couper les arrivées d’électricité et par la même le courant électrique de la maison, sans aucune possibilité de le rétablir. Personne n’ayant été prévenu·e, une habitante a cherché à avoir plus d’informations sur cette intervention. Un policier lui a rétorqué, dans une posture menaçante « On coupe l’électricité parce que vous n’êtes pas chez vous », laissant les familles sans électricité, sans eau chaude, sans lumière, frigo, machine à laver, chauffage. Cet événement vient profondément accentuer la précarité et l’inquiétude des habitant·es, à nouveau criminalisé·es et intimidé·es par les forces de police, perdant le peu de confort qu’elles avaient et laissant présager un hiver encore plus rude que les précédents. C’est sans compter sur les risques d’expulsion imminente, quasi constants depuis un an et demi, qui plongent les habitant·es dans l’incertitude. Cette coupure intervient par ailleurs quelques jours après la rentrée scolaire, accentuant la fracture numérique des enfants de la maison et la difficulté d’avancer sereinement dans leur scolarité.
En effet, ce sont des familles, comptant une quinzaine de personnes, qui habitent le lieu. Aujourd’hui, les enfants sont scolarisés à Villeurbanne. Les familles y sont domiciliées, suivies médicalement, et ont toutes leurs attaches dans la commune. Alors que la plupart sont à Villeurbanne depuis des années, certaines ayant habité d’autres squats comme l’Amphi Z et ayant alterné avec des parcours de rue, leurs nombreuses demandes d’hébergement restent sans réponses. Pourtant, au début de l’été, la SEMCODA dont le slogan est « bâtir le vivre ensemble » assurait être dans une posture de dialogue et avait même proposé de chercher des solutions pour les familles dans son vaste parc immobilier. Aujourd’hui, cet acte s’inscrit dans une logique de pression matérielle visant à forcer le départ des habitant.es, et entre en contradiction totale avec leur vocation sociale. Tout cela avec la complicité active de la police municipale et de Enedis, qui se targue pourtant de respecter « l’intégrité physique et morale des personnes ».
Par ailleurs, les quelques efforts de la mairie pour entrer en médiation avec le propriétaire et appuyer les diagnostics sociaux nécessaires à l’hébergement sont restés sans effets. La préfecture, qui a la charge de l’aide sociale, ne donne aucun signe de vie, et laisse pourrir la situation plutôt que de prendre ses responsabilités et de respecter la loi sur l’inconditionnalité de l’hébergement. Cette situation est représentative de la situation plus globale à Lyon et en France : pour rappel, ce sont 10 000 personnes sans domicile en attente d’une place d’hébergement dans le département du Rhône, très majoritairement dans la métropole lyonnaise. Combien de temps encore la préfecture fermera les yeux face à l’urgence et réprimera les habitats informels ?
Nous condamnons fermement ces pratiques violentes ainsi que l’inaction des pouvoirs publics. Nous demandons que la mairie mette tout en œuvre pour améliorer les conditions matérielles d’existence des familles, permette l’hébergement de tou·tes les habitant.es de Villeurbanne, et s’oppose aux actes de répression des squats plutôt que de les soutenir par le biais de sa police. Nous exigeons de la préfecture le relogement immédiat des familles du squat Augustine, ainsi que des mesures réelles pour appliquer le droit à un logement digne. La préfecture doit abandonner sa stratégie du pourrissement et d’épuisement psychologique, qui sans dire son nom traduit une volonté de remise à la rue. Enfin nous exigeons la fin du harcèlement moral et psychologique des personnes et familles vivant en squat.
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