Devant le tribunal de Valence, pour soutenir les émeutiers

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Les policiers de la BAC de Romans ont poursuivis une voiture avec 5 adolescents à l’intérieur jusqu’à l’accident fatal qui a pris la vie à Ilies, 16 ans. Des émeutiers ont exprimé leur colère le lundi soir, dans le quartier de la Monnaie, suite au décès d’Ilies. Des personnes interpellées pendant la révolte sont passées en comparution immédiate au tribunal de Valence, le jeudi 2 octobre. Une petite centaine de personnes est présente devant et à l’intérieur du tribunal, venue pour soutenir les prévenus et leur famille.

Le lundi matin 29 septembre, les policiers de la BAC de Romans ont poursuivis une voiture avec 5 adolescents à l’intérieur jusqu’à l’accident fatal. La voiture a été poussée à plusieurs reprises par l’arrière, par le véhicule de la BAC, alors qu’elle était en pleine lancée. Jusqu’à ce que la voiture conduite par un mineur de 16 ans aille s’encastrer dans un mur. Les heurts de l’arrière de la voiture ont vraisemblablement provoqué la perte du contrôle du véhicule conduit par le jeune Ilies. Celui-ci est mort, peu de temps après l’accident, 3 des passagers ont été plongés dans le coma et un autre s’en est sorti avec de nombreuses blessures. Aujourd’hui deux des trois jeunes se sont réveillés.

Des émeutiers ont exprimé leur colère le lundi soir, suite à l’assassinat par la police d’Ilies, dans le quartier de la Monnaie, à Romans et devant le commissariat d’où sont originaires les policiers impliqués. Un rassemblement et une marche silencieuse, du lieu de l’accident au centre social, ont eu lieu le lendemain.

Plusieurs personnes ont été interpellées après les émeutes, très peu pendant les faits. Certaines ont été interpellées alors qu’elle n’avait rien à voir avec les incidents survenus dans le quartier et d’autres ont été interpellées chez elles le mardi. D’autre part une personne marchant simplement dans la rue avec ses amis a été raflée, ainsi qu’un homme d’âge mûr, alors que l’on sait que ce sont des jeunes de 16/18 ans qui ont participé au mouvement de révolte.

De nombreuses personnes interpellées sont passées en comparution immédiate au tribunal de Valence, le jeudi 2 octobre. Devant le tribunal, c’est l’état de siège, des dizaines de véhicule des CRS, de la police ou de la BAC de Valence encerclent le bâtiment. Tous les agent des forces de l’ordre sont armés, vêtus de gilets pare balle, certains avec un fusil à pompe ou un lanceur 400 à la main, d’autre avec un flash ball dans la chemise.

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Une petite centaine de personnes est présente devant et à l’intérieur du tribunal, venues pour soutenir les prévenus et leur famille. « Encore un regard et c’est la garde à vue ! » sont les premiers mots que j’entends de la bouche d’un des CRS qui bloquent l’accès au palais, à un jeune homme qui attend de pouvoir rentrer. Quand j’essaie d’entrer le CRS me refuse l’accès à la salle d’audience, prétextant que je ne suis « ni de la famille, ni détenteur d’une carte de presse », s’exprimant calmement au début et en criant après que j’aie insisté. Aucun des avocats que j’ai interpellé aux abords du palais n’a pu ou n’a voulu m’aider à rentrer dans l’enceinte, aucun des journalistes non plus. Avec ces derniers, l’étiquette Rebellyon m’ayant plutôt desservi à vrai dire. Surtout avec celui du Dauphiné.

Tant pis pour l’adage qui dit que « la justice est rendue publiquement et au nom du peuple ».
Pour la prochaine fois il faudra arriver et pénétrer dans le tribunal avant que le dispositif policier ne soit en place, c’est à dire une heure ou deux avant le début des procès.

Parmi la centaine de personne venue soutenir les prévenus, il y a des enfants, des ados ou des jeunes gens, des parents, hommes et femmes. Ce sont des amis des prévenus ou des amis des jeunes gens accidentés, ou leur famille, venant du quartier de la Monnaie ou d’autres banlieues, ou encore des voisins des uns ou des autres et quelques personnes du centre ville venues soutenir spontanément les révoltés.

Des personnes parlent plus ou moins spontanément : « Nos quartiers sont occupés par la police, par des CRS casqués, robocopés, armés de fusil à pompe ou le tazer à la main ; des hélicoptères survolent le quartier la nuit et braquent leurs projecteurs sur les immeubles », « les routes qui permettent l’accès au quartier sont filtrées par la police, c’est pas vivable, on est pas des animaux ».

Tous sont dégoûtés par la justice qui se rend en général et se rendra pour les prévenus du jour :« Mauvaise justice » ou « on va encore se faire enculer », « ce sont des innocent qu’ils jugent, certains se sont fait embarquer alors qu’ils marchaient simplement dans la rue, d’autres ont un casier judiciaire vierge, travaillent et se sont fait arrêter chez eux »,« ca sera leur parole contre celle des flics, c’est perdu d’avance »...

Concernant la mort d’Ilies les personnes interrogées ne se font pas d’illusion, « l’assassin n’aura rien, comme d’habitude », « t’en as déjà vu, des flics condamnés pour des affaires comme ca ? », « la police elle est jamais accusée » et encore « tout ça pour une voiture volée...mais qu’est-ce que ça vaut une voiture volée par rapport à une vie ? ». Un couple d’âge mûr me dit :« on les comprend les jeunes qui sont en colère, dès l’école on les brise, on les envoie dans les lycées professionnels, ou dans les lycées de pauvres, ensuite il n’ont pas d’avenir professionnel, pas de travail ; et la police les assassine en toute impunité ».

Le sentiment d’injustice et le dégout pour la société sont présents, parfois pointe aussi du ressentiment, « ça va péter, on va faire la guerre civile », « là c’est les petits qui ont fait l’émeute, tu vas voir quand ça va être les grands », « un mort dans notre camp, un mort dans le leur » et « attends que les CRS soient partis ».

« Il n’y a pas de cendres sans feu ».

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Tract anonyme trouvé sur place :

"L’injustice sociale et la violence quotidienne, c’est la cause
La révolte fait rage, la guérilla urbaine s’est installée dans tous nos quartiers.
L’injusitce sociale et la violence quotidienne en sont les causes : discrimination, marginalisation, conditions de vie insupportables. Il est aujourd’hui trop tard pour les grands ducs d’adopter de nouvelles mesures, pour établir des conditions de vie supportables dans nos quartiers, qui de toute façon n’ont jamais été vivables et ne le seront jamais.
Nous ne voulons plus de dialogue avec le gouvernement, nos pères, nos familles ont suffisamment été abusés par les discours. Le dialogue est définitivement rompu, n’envisagez plus de nous endormir. NE COMPTEZ PLUS NOUS MANIPULER, ceci malgré l’utilisation d’imams et porte-paroles que vous instrumentalisez, que vous poussez à diffuser des appels au calme.
Nous n’avons aucune arme de destruction massive, juste quelques cannettes explosives, pas de bombardier, juste nos poches, mais tremblez petits barrons de Neuilly, nous sommes à vos portes et organisons l’attaque de vos centres-ville.
La lutte qui s’engage sera longue et notre combat juste.
La société nous a créés, cela prouve que cette civilisation court à sa perte.
Nous n’avons plus rien à perdre, nous préférons mourir dans le sang que dans le caca."

Pour plus d’info, voir aussi sur le blog Lelaboratoire, de Valence, Valence : des anarchistes du Laboratoire interdit d’assister aux procés des violences de Romans.

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