EZLN : Quand l’unité prend tout son sens

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“Fueron el dolor y la rabia los que nos hicieron desafiarlo todo y a todos hace 20 años
Y son el dolor y la rabia los que ahora nos hacen calzarnos de nuevo las botas, ponernos el uniforme, fajarnos la pistola y cubrirnos el rostro”
El dolor y la rabia, Subcomandante Insurgente Marcos, Mayo 2014

« Ce fut la douleur et la rage qui nous ont fait défier tout et tous, il y a 20 ans.
Et c’est la douleur et la rage qui aujourd’hui nous font de nouveau chausser nos bottes, mettre notre uniforme, mettre notre pistolet à la ceinture et nous couvrir le visage.
La douleur et la rage, Sous-commandant Insurgé Marcos, Mai 2014

En Janvier 1994, l’EZLN (Ejercito Zapatista de Liberación Nacional), se soulève pour faire valoir ses droits à la dignité, à la justice, à la démocratie et pour qu’enfin soient reconnus et écoutés les peuples indiens du Mexique. C’est contre le néolibéralisme et tout ce qui en découle que les zapatistes se prononcent, l’exploitation, l’esclavage, la pauvreté, le pouvoir entre les mains d’une minorité qui ne sait qu’exercer son pouvoir pour son propre profit, etc...

Durant 20 ans les Zapatistes ont construit leur autonomie, créant ainsi une alternative à la vie contemporaine qui nous est imposée. Cependant les Zapatistes aujourd’hui, en ce moment même, sont vulnérables, le monde entier en général, mais ce qu’ont les zapatistes est qu’ils nous ont apportés, nous ont enseigné, nous ont ouvert des portes et continueront ainsi si nous continuons à les écouter. Or, afin qu’ils soient écoutés c’est aussi nous qui devons nous appliquer, nous devons faire du bruit, nous devons les appuyer, diffuser leur message.

Je ne vais pas raconter l’histoire du Zapatisme, ni en faire un résumé, ceci a déjà été fait et très bien fait, je joindrai les liens à la fin de cet article afin que vous puissiez en prendre connaissance. Ce que je n’ai pas vu, du moins en français, ce sont des expériences, des expériences qui parlent, qui racontent, qui transmettent, et même s’il a été publié certaines expériences, chacune est particulière et forme le roman, la voix, le message avec toutes les autres.

C’est donc un message que je veux transmettre, pour appuyer, pour que cette voix des zapatistes s’amplifie et continue à être prise en compte.

Je parlerai donc de mon expérience à la “petite école zapatiste”, en espagnol, “la Escuelita Zapatista”, de ce que j’ai ressenti après avoir partagé avec les zapatistes. Certes, il s’agissait d’un partage mais principalement d’un apprentissage, la “Escuelita Zapatista” c’est une école, une école où on apprend, on pleure, on rit, on sourit mais où principalement, on apprend. En effet, j’ai fermé ma gueule et j’ai écouté, parce que lorsqu’on commence à écouter la voix des professeurs zapatistes on se rend très vite compte qu’il va falloir se la fermer. Se la fermer, pourquoi ? Parce que ce dont il nous parle, nous ne le connaissons pas, nous n’avons que très peu d’idée de ce dont il s’agit, nous rentrons dans un monde, méconnu. On se la ferme aussi parce qu’on se retrouve face à une humilité, une humilité inqualifiable. Oui parce que les zapatistes ne se la racontent pas, les zapatistes nous donnent des cours pour nous transmettre leur vision de la liberté, le cours de premier niveau s’appelant “la liberté selon les et las zapatistes” (l’erreur est voulue), en espagnol “la libertad según l@s zapatistas”. Et c’est ainsi : “nous vous enseignons comment nous fonctionnons, comment nous voyons la liberté, notre organisation qui est notre liberté, ensuite c’est à vous de construire votre propre liberté en prenant en compte votre monde à vous et vos aspirations”. Les Zapatistes, à travers de cette école, nous enseigne cet autre monde qui est possible, qui est possible, oui tout est là.

Un monde zapatiste, un monde autonome, organisé, fonctionnant selon ses propres repères et qui dit à ce que communément on appelle le capitalisme, le néolibéralisme et à ses rois “on vous emmerde” “Jamais vous ne nous donnerez ce dont nous avons besoin, nous voyons ce que vous faites, nous connaissons votre perversité, nous l’avons vécue et nous vous avons dit “YA BASTA”. Nous continuerons notre chemin sans vous, et nous savons, car cela fait 20 ans que nous nous organisons, que ça fonctionne et que nous sommes très bien comme ça, sans vous”.

L’école c’était ça, apprendre à emmerder un monde corrompu, par la pratique, il y avait donc des cours “théoriques” mais le bel effort des zapatistes fut de nous inviter à vivre avec eux, à vivre leur vie pour comprendre comment fonctionnent dans la pratique les communautés zapatistes. Ils nous ont donc ouvert leur porte, nous ont nourrit, nous ont partagé leur quotidien, nous ont parlé, et pour que l’on puisse apprendre en profondeur, chaque personne avait avec lui un “son votán”, c’est-à-dire une personne qui l’accompagnait et était présente pour répondre à toutes les questions qui pouvaient lui traverser l’esprit.

Mais du coup, comment les Zapatistes s’organisent ? Comment sont-ils libres ? Il serait bien trop long de détailler tout ceci mais pour résumer, les Zapatistes ont formé leur propre gouvernement, leur propre système de justice, leur propre système d’éducation, leur propre système de santé, leur propre système de valeurs. Et c’est justement cela qui est mis en danger aujourd’hui, les zapatistes reçoivent des agressions sans arrêt mais cette fois-ci un professeur et votán a été tué. Les menaces sont chaque fois plus intenses, les zapatistes sont dangereux pour le pouvoir, celui-ci cherche donc à les exterminer.

On n’oubliera pas que les Zapatistes sont entrés en guerre pour pouvoir en arriver là, que les morts qu’ils ont vécues on ne les compte même plus mais en ce moment, c’est leur survie qui est en jeu. Leur survie, oui, mais aussi un grand exemple pour le reste du monde, un grand exemple pour nous tous qui savons beaucoup parler mais que lorsqu’il s’agit de s’efforcer un peu plus, il n’y a plus personne. Un grand exemple pour nous, qui avons tant de difficultés à penser qu’on peut construire d’autres formes d’organisation et qui passons notre temps à exiger des changements à nos gouvernements qui se montrent toujours plus merdiques. Un grand exemple contre la dépression contemporaine et notre pessimisme.

Ce qu’il se passe : les Zapatistes avaient prévu un grand évènement qu’ils ont annulés pour rendre hommage à cet homme perdu, mais également pour que chacun, où qu’il soit dans le monde, montre son soutien et fasse comprendre au gouvernement mexicain que le monde entier à les yeux tourné vers eux et qu’ainsi ils ne pourront pas les exterminer si facilement.

J’appelle donc à ce que soit transmise la voix des Zapatistes, en France et dans le monde. J’appelle principalement les médias, à parler dans les radios, à publier des articles, à s’exprimer sur facebook, peu importe, pour rompre le silence.
En fin de semaine aura lieu l’hommage et, par l’appel des Zapatistes, les médias alternatifs mexicains (l’entrée aux médias nationaux reconnus ayant été complètement interdite) seront présents et donneront la parole aux zapatistes. Soyez attentifs et publiez. L’appui international a été depuis le début et est toujours la force des zapatistes pour sa propre pérennité.

Cet article ne sera pas signé, car au Mexique, on ne peut pas dire ce qu’on veut, on ne peut pas parler de ce qu’on veut. Le 2 mai, le “compañero” zapatiste Jose Luis Solís López, connu comme “Compa Galeano”, s’est fait tuer.

Pour plus d’info en Français :

- Le communiqué du Sous-commandant Insurgé Marcos :
http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2014/05/10/le-douleur-et-la-colere/

- Les articles et traductions du Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte :
http://cspcl.ouvaton.org/

- Les articles et la pétition de solidarité de l’association Espoir Chiapas :
http://espoirchiapas.blogspot.mx/2014/05/appel-la-manifestation-et-petition-de.html

En espagnol :

- Les articles du site Internet Zapatiste :
http://enlacezapatista.ezln.org.mx/

- Les articles du Centro de Medios Libres :
http://www.cml.lunasexta.org/

- Le communiqué du Centre des droits de l’homme Fray Batolomé de las Casas, FrayBa :
http://www.frayba.org.mx/archivo/boletines/140505_boletin_16_agresiones_jbg.pdf

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