Depuis sept ans, nous défendons l’urgence de la lutte antispéciste à pratiquer l’action directe contre les structures de la domination pour reprendre la maîtrise du "temps politique", imposer la question animale à gauche et sortir des modes de contestation attendus et défensifs.
La cause animale est l’une des luttes où la question de l’immensité de la tâche à accomplir se pose de manière particulièrement aiguë et donc où la réflexion sur le sens et la forme de l’action politique est la plus développée.
C’est précisément dans cette volonté de mener une réflexion stratégique que le jeudi 26 octobre, nous allons parler de sabotage ; du sabotage comme pratique politique au fil de l’histoire, comme technique asymétrique contre l’ordre des choses, comme tactique voire comme stratégie contre le pouvoir.
Pour cela nous avons le plaisir d’accueillir l’écrivain et militant Victor Cachard qui vient de publier deux livres importants aux éditions Libre : "Emile Pouget et la révolution par le sabotage" ainsi que le premier tome d’une "Histoire du sabotage, des traines-savates aux briseurs de machines" (le deuxième tome est en cours de publication).
Il échangera avec les camarades de 269 Libération Animale sur les techniques de résistance, en partant du constat que l’impasse des pratiques légalistes et l’impuissance politique ne sont pas une fatalité.
Avec son "Histoire du sabotage" en deux tomes, Victor Cachard participe d’une indispensable réactualisation de l’action directe.
Longtemps mis de côté, le sabotage occupe pourtant une place importante dans l’histoire des luttes et il a été massivement utilisé par les travailleurs.ses dès la fin du 19e siècle. De tout temps, les exploité.e.s ont pu, de façon isolée, ralentir la cadence face à des exigences insupportables, ou produire volontairement et discrètement un "mauvais travail".
Depuis les années 1970, la pratique s’est propagée en dehors du monde du travail pour devenir une tactique déployée dans les luttes anticapitalistes et notamment le mouvement écologiste.
Mais face à une clandestinité de moins en moins viable, un risque d’isolement des révolutionnaires, et surtout une institutionnalisation des luttes (et leur intégration au capitalisme) qui participe de l’affaiblissement du projet révolutionnaire, le sabotage avait peu à peu perdu de son attractivité.
Pourtant aujourd’hui le sujet revient dans l’actualité par le biais du mouvement écologiste qui parvient davantage à gagner en visibilité que l’antispécisme, et la pratique du sabotage comme outil de lutte retrouve aujourd’hui du souffle : « Je crois, au vu de l’actualité, qu’un boulevard est ouvert pour un retour du sabotage » (Victor Cachard).
Et finalement le sabotage est le dernier recours pour résister à un modèle imposé, l’arme du faible dans un combat asymétrique.
Mais c’est aussi une force immense ! Les industries et les gouvernants ne peuvent pas faire grand-chose face aux petits groupes qui agissent dans l’ombre, en vitesse et efficacement.
Faire planer la possibilité du sabotage est une force. Longtemps négligée, cette possibilité revient. Dans son journal "Le Père peinard", Émile Pouget écrivait que « c’est autant la peur du sabotage que le sabotage lui-même qui, un de ces quatre matins, rendra les patrons moins charognards ».
Tactique aux origines anarchistes, le sabotage nous entraînera également à poursuivre l’échange sur la question de l’Etat et celle de la violence car sur ce dernier point Victor Cachard et le collectif 269 Libération Animale partagent le même constat : « refuser d’employer le terme de sabotage parce qu’il serait trop violent ou stigmatisant, c’est se tromper sur son origine et son histoire ».
Nous refusons d’enlever la conflictualité des luttes, et voulons réassumer une part de violence. Il faut parfois sortir de l’aspect défensif pour dire « on s’attaque à une entreprise ».
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