« Identifié comme policier, il est violemment frappé » titre le Progrès...

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En octobre 2006 je suis tombé sur un article du Progrès que j’ai trouvé très subjectif. En effet, quand il s’agit de Virginie, jeune fille tabassée sans raison par des flics pendant la manifestive, les faits ne semblent pas relatés par la presse régionale avec autant de zèle que lorsqu’il s’agit d’un fonctionnaire de police qui se fait tabasser par des jeunes.

J’ai donc répondu à l’auteur, sans réponse de sa part depuis, mais je pense qu’il est nécessaire de donner du feedback aux journalistes professionnels, pour leur rappeler qu’ils ne sont pas omnipotents.

Cet article du quotidien régional ne pose pas la question de l’origine de la violence qu’a subi le policier. On dit que la violence engendre la violence et qu’il n’y a pas de violence gratuite...

(Lorsque je rêve un peu, j’imagine même que le Progrès se mette à parler de la non-violence. Mais ça, c’est peut-être pour le prochain siècle...)

Ci-dessous, le texte original de l’article et un peu plus bas ma réponse au journaliste du Progrès.


Article du mercredi 25 octobre 2006 du PROGRES

"Identifié comme policier il est violemment frappé

[...] Julien se repose dans un lit, dans le couloir des urgences de l’hôpital Edouard Herriot de Lyon. Son visage est tuméfié, il souffre de nombreuses contusions et il doit être réhydraté à l’aide d’une perfusion. Ce jeune gardien de la paix de 24 ans, affecté au commissariat du premier arrondissement a été violemment frappé par quatre individus, hier matin, à la sortie du parking de la place des Terreaux à Lyon. « Je prends mon service à 5 heures et je venais de garer ma voiture au parking souterrain des Terreaux. J’étais en civil quand, en sortant, j’ai croisé quatre jeunes. L’un d’entre-eux, à mon passage, m’a lancé : « ça c’est un poulet ». Julien ne réponds pas et continue son chemin quand il entend des insultes sur la police. Julien n’est pas du genre à se laisser intimider. « Je leur ai alors dit que j’étais effectivement policier et que cela suffisait ». La confirmation de la qualité de Julien fait l’effet d’une bombe. D’un coup, les quatre individus lui tombent dessus. « Je me suis d’abord défendu mais j’ai rapidement été dépassé par le nombre ». Dans un réflexe salutaire, Julien pense à se protéger le visage. « J’étais contre un mur et ils n’arrêtaient pas de me donner des coups de poings et de coups de pieds. Je savais que si je tombais à terre, ils m’achèveraient ». Julien tente de résister. « Ils étaient d’une rare brutalité. Visiblement, ils en voulaient à ma vie ». La situation semble très difficile car les rues de Lyon sont vides à cette heure-ci. Sous la pluie de coups, Julien espère de l’aide.

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Agresseurs interpellés
Par chance, quatre policiers du premier arrondissement patrouillent dans le secteur. Ils interviennent sans savoir que la victime est un de leur collègue. Les agresseurs de Julien sont tellement excités qu’ils blessent deux autres policiers venus à sa rescousse. Finalement, les quatre agresseurs âgés de 20 ans et 21 ans demeurant à Tarare et à Gleizé sont interpellés. Sur place, Julien à bout de force fait un malaise. Il est transporté aux urgences où il écope d’une ITT de 15 jours. Ses collègues du syndicat Alliance Police Nationale sont venus le soutenir. « Nous ne comprenons pas une telle haine et un tel acharnement » s’indigne Joël Chaudesaïgues, le délégué du premier arrondissement et chef de Julien. « Notre collègue a été agressé uniquement parce qu’il était policier. C’est une attaque contre la République » ajoute Daniel Soriano. Aujourd’hui, Julien est sorti de l’hôpital. Il veut reprendre rapidement son travail mais il reste visiblement très choqué. Les auteurs de cette agression seront traduits devant la justice.

Jean-Didier Derhy jdderhy@leprogres.fr


Le courrier envoyé à l’auteur de l’article :

Bonjour,

Je suis tombé sur votre article dans un resto un midi,
et j’ai eu envie d’y répondre,
sur Rebellyon, s’il vous plait,
ne laissons pas en reste le peuple,
et vos lecteurs (?).

Pour mes amis lecteurs de Rebellyon,
rappellons en quelques mots ce "fait divers",
avec MA version,
MON interprétation complètement subjective,
frisant la mauvaise foi,
de VOTRE article.

Un flic se rend à son boulot, au commissariat du 1er,
très tôt le matin.
Quelques jeunes le branchent : "ça c’est un flic"
(a-t-il le crâne rasé et l’air abruti ?)

Et cet imbécile de répondre qu’effectivement il est flic ;
il se fait démonter la tête
et par chance pour lui une patrouille qui passait par là le sauve.
Un affreux remake de blanche-neige et les sept nains.

Dans l’article du quotidien nous avons droit à une photo de 2 collègues
au chevet du lit du malade,
pour faire verser la petite larme à l’oeil
d’une bonne versaillaise à collier de perle,
et indigner le poujadiste moustachu
de la rue Auguste Comte,
représentatifs de votre lectorat.

Et un sous-titre imbécile :
une "attaque contre la république".
Comme vous y allez !

La police est-elle républicaine ?
est-elle démocrate ?
ça se saurait !

Depuis Sarkozy, elle est vichysante,
sommée de traquer le moindre cloporte étranger,
indésirable par définition,
qu’il soit régulier ou non,
"intégré" ou intégriste...

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Nous ne comptons plus les procès
pour « outrage et rébellion »
dans lesquels les flics tabassent joyeusement à tout va,
et s’en sortent avec des indemnités
payées par ceux qu’ils ont aplatis.

A la lecture de votre article,
nous ne savons pas si CE policier en question
était connu des jeunes abrutis qui l’ont tabassé.

Si oui, ce serait intéressant de savoir
QUEL CONTENTIEUX
ils pouvaient conserver à l’encontre de ce policier croisé en civil.

Avez-vous déjà vu avec quel mépris, quelle suffisance,
quelle haine dans le regard
les flics s’expriment parfois ?

Moi, bon petit bourgeois bien blanc,
attablé au café de la place Sathonay,
j’ai eu le malheur de faire remarquer à mes amis
que des flics en civil rentraient au commissariat du 1er :
l’un deux a immédiatement répliqué :
« vous avez un problème ? ».
j’aurais répondu, « oui, vous... » et je pense que je serais passé de la terrasse
à la garde à vue.

Les flics génèrent la violence des banlieues,
ou ils l’entretiennent.

Là où il ne devrait y avoir qu’habiles psychologues,
hommes de forte trempe, patients,
prêts à recevoir des coups sans broncher,
comme un père peut-être qui canalise la violence de son fils,
prêts à « encaisser » la violence sociale,
sans répliquer, sans amplifier,
pédagogues, non-violents, disciples de Gandhi,
experts en prises d’Aïkido,
à l’image de leurs collègues japonais...

Il n’y a qu’abrutis fascisants, insuffisament formés,
guidés dans les rails de l’éducation bourgeoise et de la politesse
et se retrouvant finalement dans les glissières de la maltraitance,
et des pires jeux psychologiques.

Votre article ne fait qu’un constat
et semble se réjouir de la bonne morale sauvegardée :
« les auteurs ont été interpellés ».

Mais quelle question de fond pose-t-il ?
aucune.

Pourquoi tant de haine ?
gratuitement ?
il n’y a pas de fumée sans feu.

anonyme XXI,
journaliste libre.

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