Principal hebdomadaire satirique français, Le Canard enchaîné a été créé le 10 septembre 1915 par Maurice et Jeanne Maréchal, en riposte à la censure de la presse, à la propagande et au bourrage de crâne imposés par la guerre et ses difficultés. Mais il ne démarre vraiment que le 5 juillet 1916, s’annonçant comme « vivant, propre et libre ». Il va s’attaquer « à la guerre, à la censure, aux politiciens, aux affairistes, aux curés, au pouvoir, à la guillotine ». Originellement antimilitariste, il se situe délibérément contre le pouvoir capitaliste, sans renoncer pour autant ni à son indépendance ni à son esprit critique. Ses premiers collaborateurs sont Anatole France, Tristan Bernard, Jean Cocteau, Henri Béraud, les dessinateurs Laforge et Gassier. Après la guerre arrivent Henri Jeanson et Roland Dorgelès. Critique vigilant du monde politique et économique, le journal soutient néanmoins le Front populaire et dénonce la montée des régimes totalitaires.
Le Canard, hebdomadaire satirique paraissant le mercredi, s’affirme enchaîné par allusion à "L’Homme libre" de Georges Clémenceau et, interdit fin septembre 1914, reparut quelques jours plus tard, plus ou moins clandestinement sous le titre "L’Homme enchaîné".
Il suspend sa parution en 1940 pour reparaître le 6 septembre 1944. Maurice Maréchal est décédé en 1943. Son épouse, Jeanne, reprend la direction de l’hebdomadaire avec Treno, Gabriel Macé, Roger Fressoz, Yvan Audouard, Morvan Lebesque, les dessinateurs Lap, Escaro. Le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 va donner un nouvel élan au journal avec la création par Moisan et André Ribaud de « la Cour ».
En décembre 1969, à la mort de Treno, Roger Fressoz prend la direction de l’hebdomadaire. C’est sous sa direction que Le Canard évolue vers la dénonciation des scandales divers qui vont éclabousser le pouvoir : l’affaire Aranda, l’affaire Boulin, les « micros du Canard »... et l’affaire des « diamants » de Valéry Giscard d’Estaing, ce qui permettra au journal d’atteindre un tirage de 850 000 exemplaires. À l’origine de cette nouvelle stratégie de contestation politique reposant sur la publication de photocopies, on trouve Claude Angeli. « Fou du roi et garde-fou de la République », selon le mot d’André Ribaud, Le Canard ne sera jamais interdit.
Mais il faut ajouter que le Canard enchaîné ne l’est pas le moins du monde, et ne l’a jamais été. Il est un des rares périodiques à ne pas avoir la moindre ligne de publicité, affichant ainsi une totale indépendance. Il ne veut pas non plus s’enchaîner à internet...
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