Le 7 octobre, journée porte ouverte de la police nationale...

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Trois jours de festivités organisées au plan national, pour montrer que « policier c’est un métier au service des autres »... Pour Lyon, le gros des attractions est programmé à la Caserne Sergent Blandan : le site ressemble à une zone industrielle à l’abandon, avec de grands hangars murés, des herbes folles. Il y a un gros cratère, souvenir d’un ancien plan d’eau converti en terrain de foot, réduit ensuite en un terrain de hand ball encore une fois abandonné... Reste des cailloux et des ronces. Dans le no man’s land errent quelques spectres en bleu, arme réglementaire au côté.

C’est au rez-de-chaussée du bâtiment principal que sont proposées les « animations » : stand sécurité routière, stand « cadets de la police », brigade canine, police judiciaire, stand carrières ou « projets immobiliers de la justice »... Le plus rigolo c’est quand même le stand des armes à feu ; l’exposant déclare à une flique venue tester sa future arme de service : « le nouveau Sieg Sauer et surtout ses nouvelles munitions, avec çà, le type il a aucune chance, il se relève pas ». Derrière, un panneau précise que l’usage des armes à feu est réglementé au niveau des procédures et selon le « code de déontologie de la police »... Un peu plus tard, un vieux monsieur avec béret vient expliquer qu’il a écrit au général Bigeard pour pouvoir accéder à des formations au maniement des armes, « histoire de savoir utiliser mon AK 47, sinon ça sert à rien que j’ai un kalash » ; l’exposant a l’air embarrassé, il devient un peu rouge en répondant : « euh, oui c’est vrai ».

AÀ part deux ou trois allumés de ce genre, il n’y a pas foule : une classe en excursion pédagogique, deux collégiens qui ont dû faire des bêtises et se trouvent condamnés à deux heures de visite accompagnée. Sur l’après midi, et c’est plutôt une bonne nouvelle, je n’ai pas croisé plus de quinze personnes intéressées par un « métier de police ». En fait, comme dans la plupart des journées portes ouvertes en entreprise, c’est surtout les familles qui viennent visiter.

Et ça donne de charmants tableaux : devant les stand des équipements de la BAC, un policier et son petit garçon admirent ainsi les bombes lacrymo et les « shot guns » ; de derrière le stand on demande s’il s’agit d’un « futur collègue » _ « j’espère bien » répond, enthousiaste, le bon père de famille. Première conséquence de cette fréquentation presque exclusivement familiale, l’entre soi des commissariats est à peu près conservé : à peine on entre dans une pièce et on peut cueillir à la volée une allusion sexiste ou homophobe, une blague bien grasse...

Heureusement l’ambiance s’égaye nettement vers 14 h 30 quand vient le moment des « simulations d’interpellation et d’intervention sur le terrain ». Un flic en tenue fait office de Monsieur Loyal : « attention messieurs dames, vous allez assister à des scènes qui peuvent paraître violentes. Mais ces techniques ne sont utilisées que dans le cadre de situations d’autodéfense ou dans le cadre des procédures normales d’interpellation, et toujours dans le strict respect du code de déontologie de la police nationale ».

Donc, on simule des éclatements de nez, les dents volent pour de faux... et puis enfin voilà l’ennemi : un flic basané à qui on a mis une capuche sur la tête et qui parle avec l’accent des cités. Les adversaires sont donc tout désignés : « jeunes des quartiers populaires »... La BAC arrive, deux agents avec tonfa avancent derrière le flic muni d’un flash ball qui fait mine de parlementer... et tire à moins de 5 mètres de sa cible. Je vous rassure c’est toujours une simulation. Dans la vraie vie un tir, à moins de 5 mètres peut s’avérer mortel ; et puis ce ne sont pas des flics déguisés mais les vraiEs sauvageonNEs qui ramassent les balles. Pour finir, à l’extérieur, la brigade canine fait aussi la démonstration de son efficacité... et c’est sur un individu un peu bronzé, qui fait semblant de détériorer une voiture en stationnement, qu’on lâche encore les chiens. En partant je me dis que j’ai bien fait de pas mettre ma casquette ; tant pis pour les scènes avec l’hélico du GIPN... je suis bien content d’en sortir, et si je reviens l’année prochaine j’espère que ça sera pour des journées portes ouvertes dans les prisons.

Gérard Manvupire

PS : il y a un chantier de commissariat en cours entre Émile Zola et Anatole France à Villeurbanne, et le futur grand Hôtel de Police doit être construit au fort Montluc, à côté de la prison pour femmes (3°arrdt)

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