Le journal local, connu pour ses régulières sorties réactionnaires, joue cette fois-ci tout en subtilité et titre un article du 13 avril : « Rillieux : le travesti croit surprendre un cambrioleur et tire sur son fils venu régler ses comptes »
Un fait divers sordide est l’occasion pour la rédaction du Progrès de nous gratifier de ce titre stigmatisant, on apprend que :
À trente ans, il a frôlé la mort, touché en plein thorax par une balle tirée par son père, qui l’a pris pour un cambrioleur. Mais au-delà d’un geste d’autodéfense, cette méprise, qui aurait pu être fatale, s’inscrit dans un contexte familial perturbé.
On sait donc déjà de cette personne qu’elle se travestit et qu’elle a la gâchette facile, mais ça ne suffit pas. Oui parce qu’une fois qu’on a bien commencé le travail de mise à l’index autant forcer le trait, on nous en rajoute donc sur le contexte perturbé. Si cette personne avait été bien née on aurait sûrement parlé d’un modeste « différent familial ». Mais bon cette fois puisque cette personne est un peu excentrique autant continuer sur le vocabulaire psychologisant. Et ce n’est pas tout :
Les faits se sont produits tôt samedi matin à Rillieux-la-Pape, dans la maison délabrée et mal tenue d’un sexagénaire, qui habite seul et mène une double vie.
On a donc le/la client-e parfait-e, en plus des tares qu’on lui connaissait déjà, on apprend qu’il vit dans une maison délabrée, et tout le monde sait que bien tenir sa maison c’est bien tenir sa vie, cette personne doit forcément être une tordue. D’autant qu’elle mène « une double vie ». Et que ça c’est quand même suspect !
Mais le Progrès est là pour remettre les choses dans leur contexte. Parce que c’est aussi pour ça que Le progrès c’est du grand journalisme. Et chez les grands journalistes on met les choses en perspective, on essaye d’informer pour comprendre, comprendre pour agir. Et le progrès de conclure :
Le fils s’était introduit chez son père, car il le soupçonnait de cacher des enfants dans les placards
On remercie le Progrès pour la qualité de son travail : un bon titre racoleur et un brin stigmatisant, un fait divers sordide accompagné d’un développement obscur qui laisse à penser : « mon dieu que ces gens sont étranges ».
Une belle contribution au vivre ensemble.
On attend donc pour bientôt :
Meyzieu : le catholique croit surprendre un cambrioleur et tire sur son fils venu régler ses comptes
Décines : l’hétérosexuelle croit surprendre un cambrioleur et tire sur son fils venu régler ses comptes
Lyon 6e : le rentier croit surprendre un cambrioleur et tire sur son fils venu régler ses comptes
Et voilà, un titre racoleur, une bonne boutade à propos du progrès, je crois que je tiens un article.
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