À La prison de Villefranche, pour Kader ce n’est pas un suicide !

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« Encore un suicide le 14 décembre dernier à la prison de Villefranche » lit-on dans la presse. Et bien non ! L’administration pénitentiaire n’a rien fait pour que Kader soit sauvé à temps alors qu’il y avait le feu dans la cellule...

Détenu à la prison de Villefranche depuis le 16 juin 2008, Kader, 42 ans, se trouvait seul dans une cellule. Dans la soirée du dimanche 14 décembre 2008, vers 20h25, sa literie prend feu. Il se met à hurler. Il déplace son matelas, mais les fumées sont telles qu’il semblerait qu’il soit très vite asphyxié et tombe inanimé. Aussitôt, au deuxième étage du bâtiment où se trouvait la cellule de Kader, de très nombreux prisonniers se mettent à crier, à hurler au feu, à tambouriner sur la porte de leur cellule, à appuyer sur le bouton d’alarme de l’interphone utilisé pour prévenir les surveillants en cas d’urgence. Ils font ça pendant 20 minutes sans s’arrêter. En vain !

Ce n’est en effet que vingt minutes plus tard que les matons arrivent ! Ils n’ont aucun matériel pour le réanimer. Kader est transporté à l’hôpital de Gleizé, dans le Beaujolais, où il meurt peu de temps après.

L’administration pénitentiaire affirme que Kader s’est suicidé, prétextant qu’il se serait plaint de ne pas avoir de nouvelles de sa famille. Encore une fois c’est un énorme mensonge de l’administration pénitentiaire. Kader ne s’est pas suicidé. Il aurait pu être sauvé. Alors qu’ils ont été prévenus aussitôt, pourquoi les surveillants ont-ils mis autant de temps pour intervenir ?

Voilà une fois de plus une nouvelle mort suspecte dans une prison française. C’est la cinquième depuis le début de l’année à la prison de Villefranche. C’est la 111e, en 2008, dans les prisons françaises, sans pouvoir compter toutes celles dont la population n’a pas été informée.

Pour dénoncer toutes ces morts suspectes, à Lyon, une manifestation s’est fait entendre du palais de « justice » aux prisons St Paul et St Joseph le 8 décembre dernier. Combien faudra-t-il de morts pour que l’administration pénitentiaire prenne en compte cette hécatombe dans les prisons, ce fléau français, ce mensonge d’État ? Quand reconnaîtra-t-elle enfin ses torts ? On sait qu’il y a sept fois plus de morts violentes en prison que dans la vie sociale libre. Combien faudra-t-il de morts pour que la « justice » arrête d’incarcérer à tour de bras ?

De cette façon insidieuse, la peine de mort aurait-elle été rétablie en France ?

P.-S.

- Voir le site Ban public

- Lire le dernier bulletin de l’Envolée, pour en finir avec toutes les prisons (n°24) qui est très bien fait. On peut le trouver à Lyon dans les librairies : A Plus d’un Titre (4, quai de la Pêcherie Lyon 1er), La Gryffe (5, rue Sébastien Gryphe Lyon 7e), Terre des Livres (86, rue de Marseille Lyon 7e).

Les suicides ou morts suspectes en prison : l’important pour le pouvoir n’est pas tant de cacher un grave problème que d’habituer tout un chacun à cette réalité

« Une série de suicides en prison »... Les médias orchestrent un étonnement feint alors que l’on sait parfaitement que depuis de nombreuses années une personne se « suicide » en prison tous les trois jours dans des circonstances troubles.

L’important pour le pouvoir n’est pas tant de cacher un grave problème que d’habituer tout un chacun à cette réalité : comble de l’hypocrisie, plus on déplore ces morts suspectes, plus on les banalise. D’autant que Dati, bien formée aux stratégies de la communication, promet immédiatement une série de mesures supposées enrayer cette série noire : à leur arrivée, les prisonniers seront entendus par un psychologue qui évaluera leurs tendances suicidaires ; les surveillants feront une ronde nocturne supplémentaire, et un interphone sera installé dans chaque cellule... Si cela peut tromper le téléspectateur ignorant des réalités carcérales, cela ne peut qu’aviver la colère des familles qui ont perdu un proche à l’intérieur des murs.

Quant aux matons, du haut de leur cynisme syndical, ils prétendent que les suicides sont des actes « ludiques » ou des provocations à leur égard... Parmi ces centaines de suicides, combien restent inexpliqués, combien de morts suspectes dans les mitards ? La famille d’Eric Blaise, mort dans des conditions plus que mystérieuses au mitard de Fleury-Mérogis en novembre 2005, en sait quelque chose : deux ans d’instruction et d’enquête de la CNDS pour conclure à la responsabilité du corps médical qui aurait fait un mauvais diagnostic lors du placement d’Eric au quartier disciplinaire ; mais rien sur les traces de coups sur son corps, rien sur les motifs qui ont nécessité l’intervention des médecins...

Mais la vie d’un prisonnier ou d’une prisonnière ne vaut pas tripette pour l’administration pénitentiaire ni pour le ministère de la justice. Le procès de l’évasion de Fresnes qui se déroule depuis un mois est révélateur : à la question posée par un avocat, « une évasion est-elle préférable à un suicide ? », l’ancien directeur de la prison, bien embarrassé, s’est réfugié derrière le sacro-saint principe de sécurité. Antonio Ferrara s’est évadé de l’emblématique mitard de Fresnes ; aucune violence physique, aucun blessé si ce n’est parmi les assaillants. « Un trou dans un mur et quelques tirs sur un mirador » pour intimider des matons qui n’hésitent pas, eux, à tirer dans le dos des candidats à l’évasion. Mais voilà, on ne provoque pas le pouvoir impunément : en dépit d’un dossier vide, d’un procès « à charge et à charge », comme l’a rappelé Me Ripert, de l’absence de certains accusés qui ont refusé de comparaître dans cette « farce judiciaire », la justice suit son cours vengeur. Elle veut condamner les prisonniers pour « tentatives d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique » : ce qui vaut la perpète... Peu importe qu’un homme purge une peine éliminatrice, l’essentiel pour ses geôliers, en uniforme bleu marine ou en robe de magistrat, est qu’il se soumette à sa condition d’emmuré vivant.

Les policiers, les procureurs, les juges ont tout pouvoir, toute légitimité, et ils s’en servent sans retenue : même quand certains de leurs collègues leur rappellent qu’il est préférable de sauver les apparences et de suivre les règles de déontologie de la profession, ils leur opposent leur intime conviction, l’immunité du système en place et la vengeance implacable de l’État sur ceux qui le défient. (Édito de l’Envolée n°24 de novembre - décembre 2008)

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  • Le 25 janvier 2010 à 04:35

    bonjour a toi,
    mon fiancé etait a villefranche au moment des fait de kader tu le connai surement il etai oci o b 3e etage je t invite a venir me rejoindre sur sky g fai 1blog sur la prison les suicide en prison etc le monde carceral koi je me suis permis de prendre ton temoignage ici pr le mettre sur mon blog et tu es le bien venu pour decrire tt ce que ta vecu la bas les condition de vie etc le blog c http://le-monde-carceral.skyrock.com ca me ferai plaisir ke tu vienne me voir pr kon parle un pe tt les 2 jspr ke tu viendra me voir et felicitation pr ta sorti je te souhaite que du bon

  • Le 10 février 2009 à 06:05

    bonjour je vien de sortire de la ma de villefranche jai 20ans es jai t la quand kader a bruler dans cellule je me trouver batiment b cellule a002 il etai 2 etage o desus de moi sa cellule a comencer a bruler a 20h35 ou 40 juste avant le match lyon marseille on na entendu kader crier tou de suite on a apuyer sur le bouton on na insulter les matons on na taper dans les porte es les maton sont ariver a 21h05 ou 10 il etai devan le match il on di pour nous faire bouger du match il faut plus de cellul qui brule a ecouter leur voi il rigoler pour kader il orai pu etre sauvai La MA de villefranche c la merde il fait trop froid dans les cellule de leau qui coule de la fenetre en pexi des souris si tu ouvre ta fenetre mai quan jai ete incarcerai il nous sont rajouter en plus des baraus une grosse grille tu pe méme plus voir le ciel la liberter quoi 22h00 en cellule es tu voi pa le ciel que du sombre c la merde ...............pour kader une penser pour sa famille es quil repose en paix rip IL ETAIT INDIGENE DONC IL POUVER PA CANTINER ES LA MA DE VILLEFRANCHE LUI ON ENLEVER LA TELE POURUOI SA IL NON PA LE DROIT ES IL ETAI TOUS SEUL EN CELLULE ? LES MATONS AIME BIEN LES SUICIDE

  • Le 19 décembre 2008 à 20:45

    Le dimanche 27 juillet 2008, à la prison centrale de Muret, près de Toulouse, un détenu, âgé de 23 ans, alors qu’il y avait le feu dans la cellule, a réussi à briser la fenêtre sans barreaux mais en fort plexiglas en principe incassable, puis à se laisser glisser à l’étage inférieur avant de se jeter dans le vide. Il avait le feu aux fesses et il a tout fait pour éviter de « se faire suicider » par l’administration pénitenciaire...

  • Le 19 décembre 2008 à 18:25

    Un soir mon co-detenu et moi (surtout moi) avons « par erreur » enclencher la « sonette d’alarme » sensé avertir les matons de garde.Nous avons beaucoup rit (par dépit) de voir que le lendemain matin, seulement, le maton nous a demandé ce que nous voulions.Ceci a Villefranche sur saone en 2006.

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