La première initiative est un colloque-débat sur « l’aliénation parentale » organisé par l’association « l’Enfant et son droit » et le Conseil Lyonnais pour le Respect des Droits, qui aura lieu le 25 avril à la Maison des Associations du 4e arrondissement.
Ce débat s’inscrit dans le cadre de la « Journée Internationale sur l’aliénation parentale ». Cette journée a été créée par des associations masculinistes anglaises. La quasi-totalité des sites qui en font la promotion sont tenus par des associations masculinistes. Le concept d’"aliénation parentale" lui-même a été créé et utilisé par des groupes masculinistes.
Que recouvre la notion de syndrome d’aliénation parentale ?
Le syndrome d’aliénation parentale (SAP) a été inventé par Richard Gardner, psychiatre étasunien au milieu des années 80, qui le définit de la manière suivante « le SAP est un trouble propre aux enfants, survenant quasi exclusivement dans les conflits de droit de garde, où un parent (habituellement la mère) conditionne l’enfant à haïr l’autre parent (habituellement le père). Les enfants se rangent habituellement du côté du parent qui se livre à ce conditionnement, en créant leur propre cabale contre le père » .
Nature de ce concept et groupes utilisant ce concept :
Alors que des inconnues fondamentales demeurent, non seulement sur la nature même de ce concept, mais également sur l’étiologie, les critères de diagnostic, l’étendue et le traitement, un groupe influent de plus en plus actif en Europe essaye d’introduire le SAP dans la sphère judiciaire, en multipliant colloques et formations de magistrats et autres personnels judiciaires.
Ce concept est l’un des fondements de la stratégie des masculinistes. En Amérique du Nord comme en Europe, cette dangereuse théorie est utilisée dans les affaires de divorce par les avocats et les associations de soutien aux pères séparés notamment dans des situations de violences. Il ne s’agit pas de dire que les femmes ne peuvent pas exercer des formes de « manipulation » sur les enfants, mais il est urgent de rappeler que la plupart des violences commises par les hommes sont encore aujourd’hui largement passées sous silence et que la plupart des victimes (femmes et enfants) n’osent pas parler. Avec ce genre de théories prônées comme des vérités absolue, la parole des femmes et des enfants a plus de mal à se faire entendre.
Faire la promotion de ce concept plus idéologique que scientifique, même en toute bonne foi, revient à cautionner le contenu de ce concept et les groupes qui le défendent.
La deuxième initiative est une conférence organisée sur le thème de la garde alternée par les associations « Père Enfant Mère », « Réseau Colin-Bagnard », « L’enfant et son droit », « SOS Papa », « I Comme Identité » et la fédération « Nos Enfants ont 2 Parents » le 26 avril à l’UDAF. Ces associations reprennent clairement les positions développées par tout le courant masculiniste.
Nous rappelons, s’il est nécessaire de le faire, qu’en tant que féministes nous sommes favorables depuis longtemps au partage des tâches et de l’éducation des enfants. Pour nous, le développement de la garde alternée choisie témoigne d’une évolution vers une plus grande égalité dans les rapports femmes /hommes. Il y a des enjeux complexes autour de la séparation et des vraies souffrances, qui ne sauraient se résoudre par une garde alternée imposée, comme le réclament les masculinistes. Or ceux-ci vont instrumentaliser ces souffrances pour mener de véritables campagnes contre les femmes et les féministes. Ainsi, leurs stratégies consistent à :
· Contester les dispositifs post divorce relatifs aux enfants et à la pension alimentaire.
· Minimiser les violences conjugales, produire des chiffres fantaisistes sur ces violences pour affirmer que les hommes en sont les principales victimes.
· Contester pour certains le droit à l’avortement et à la contraception, le droit au divorce.
Leur discours mêle victimisation des hommes, instrumentalisation des souffrances liées à certaines séparations, négation des violences, sous le masque d’une défense de l’égalité des sexes ou du bien-être des enfants. Leur stratégie de lobbying auprès des médias, des instances politiques ou juridiques est pernicieuse car elle n’est jamais frontale, alors qu’elle a l’objectif d’entraver la liberté des femmes qu’ils ne considèrent pas comme leurs égales.
Il y a un véritable enjeu aujourd’hui à alerter l’opinion publique, les professionnel-le-s du travail social, de la famille, de la Justice, les associations et les politiques sur les objectifs de ces groupes. Aussi, le Planning Familial entend dénoncer l’organisation de ces deux rencontres.
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