Le masculinisme, ou l’expression de la misogynie et de l’anti-féminisme
Cette mouvance politique nie les fondements patriarcaux de notre système social, notamment la dimension structurelle des violences faites aux femmes et plus largement des violences sexistes. Le GES en particulier dénonce deS sexismeS, mettant ainsi à égalité misogynie et misandrie. Depuis les années 80, ces groupes masculinistes se renforcent et se déploient dans différents pays notamment au Québec et en France, en réaction aux mouvements féministes. Hostiles à l’égard des avancées en termes d’émancipation des femmes, ils développent leur argumentaire autour de « l’oppression spécifique des hommes », un non-sens dans ce système patriarcal.
Le discours masculiniste est souvent masqué par la cause de « l’égalité » de tous et de toutes. Le président du GES s’auto-congratule d’ailleurs d’organiser le seul événement de la quinzaine autour de la condition masculine et de ré-injecter ainsi de l’égalité dans cet événement.
Stratégie collective contre discours anti-féministe
Afin de dénoncer et de démonter les arguments masculinistes, un infokiosque garni de brochures anti-masculinistes est mis en place devant l’hôtel Campanille, lieu de déroulement de la conférence. Un tract rédigé pour l’occasion est aussi diffusé aux personnes venues à cet événement (Document en fin d’article).
A l’intérieur, nous découvrons une petite salle d’une cinquantaine de places. Nous sommes une trentaine et occupons plus de la moitié de la salle.
Le programme annoncé : témoignage de 2 hommes battus, intervention de Sylviane Spitzer, psychologue « spécialiste de ce type de violences » (et présidente-fondatrice de SOS Hommes Battus, autre association masculiniste), pause, puis « chiffres » et débat.
Remarquons la stratégie qui joue sur la corde émotionnelle de l’audience en s’appuyant sur l’instrumentalisation des témoignages individuels, pour ensuite les généraliser par un pseudo-discours scientifique d’experte. Aucune analyse de la structure sociale n’est mentionnée par le programme, et les chiffres qui permettraient à des curieu-se-x d’aborder un état des lieux des violences conjugales arrivent après le lavage de cerveau. Une belle manière d’introduire un débat de fond !
Patrick Guillot, auteur de « la Misandrie, Histoire et actualité du sexisme anti-hommes » (sic !), et membre du bureau du GES, ouvre la conférence en soulignant l’intérêt de parler de la condition masculine et en introduisant une logique dans laquelle les hommes seraient victimes d’un autre sexisme.
L’une d’entre nous intervient pour rappeler la réalité du système patriarcal et dénoncer l’imposture de cette logique anti-féministe. Plusieurs interventions se suivent pour demander de contextualiser le débat dans le paysage social.
Face à l’impossibilité d’échanger sur les sujets demandés, nous lisons collectivement le tract, scandons des slogans comme « vos souffrances individuelles ne sont pas structurelles », « ta masculinité n’est pas en danger »... Nous chantons une chanson anti-masculiniste créée pour l’occasion, applaudissons, discutons avec des personnes du public...
Après 40 minutes d’occupation de l’espace sonore, le staff de l’hôtel nous prévient de l’arrivée des flics. Nous décidons de partir de nous-mêmes en scandant « masculinistes, patriarcat, même combat ! » laissant ainsi une petite vingtaine de personnes dans la salle.
A noter que des responsables de la région en charge de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, ont échangé avec nous pour « alimenter leur argumentaire contre les masculinistes ». Il serait temps car lors de la première quinzaine de l’égalité femmes-hommes en 2011, le GES bénéficiait déjà d’argent public pour organiser une conférence. Le Conseil Régional a été interpellé à ce sujet par des associations féministes, et pourtant le GES avait encore une place, un financement et de la visibilité lors de cette édition 2012.
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