Conférence masculiniste à Lyon : Action-réaction collective féministe et anti-masculiniste

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Dans le cadre de la quinzaine de l’égalité femmes-hommes de la région Rhône-Alpes, sur le thème « Le pouvoir a-t-il un sexe ? », des masculinistes du Groupe d’Etudes sur leS SexismeS (GES) ont organisé une conférence ce Samedi 13 octobre « Hommes battus : qui sont-ils ? Comment peut-on les aider ? ».
Face au danger que représentent leurs idéologies, face à l’écho grandissant de leurs discours dans les médias et dans les discussions ordinaires, des féministes et anti-masculinistes se sont organisé-e-s collectivement pour contrer la diffusion de leur débat et de leurs arguments !

Le masculinisme, ou l’expression de la misogynie et de l’anti-féminisme

 
Cette mouvance politique nie les fondements patriarcaux de notre système social, notamment la dimension structurelle des violences faites aux femmes et plus largement des violences sexistes. Le GES en particulier dénonce deS sexismeS, mettant ainsi à égalité misogynie et misandrie. Depuis les années 80, ces groupes masculinistes se renforcent et se déploient dans différents pays notamment au Québec et en France, en réaction aux mouvements féministes. Hostiles à l’égard des avancées en termes d’émancipation des femmes, ils développent leur argumentaire autour de « l’oppression spécifique des hommes », un non-sens dans ce système patriarcal.
Le discours masculiniste est souvent masqué par la cause de « l’égalité » de tous et de toutes. Le président du GES s’auto-congratule d’ailleurs d’organiser le seul événement de la quinzaine autour de la condition masculine et de ré-injecter ainsi de l’égalité dans cet événement.

Stratégie collective contre discours anti-féministe

Afin de dénoncer et de démonter les arguments masculinistes, un infokiosque garni de brochures anti-masculinistes est mis en place devant l’hôtel Campanille, lieu de déroulement de la conférence. Un tract rédigé pour l’occasion est aussi diffusé aux personnes venues à cet événement (Document en fin d’article).

A l’intérieur, nous découvrons une petite salle d’une cinquantaine de places. Nous sommes une trentaine et occupons plus de la moitié de la salle.

Le programme annoncé : témoignage de 2 hommes battus, intervention de Sylviane Spitzer, psychologue « spécialiste de ce type de violences » (et présidente-fondatrice de SOS Hommes Battus, autre association masculiniste), pause, puis « chiffres » et débat.

Remarquons la stratégie qui joue sur la corde émotionnelle de l’audience en s’appuyant sur l’instrumentalisation des témoignages individuels, pour ensuite les généraliser par un pseudo-discours scientifique d’experte. Aucune analyse de la structure sociale n’est mentionnée par le programme, et les chiffres qui permettraient à des curieu-se-x d’aborder un état des lieux des violences conjugales arrivent après le lavage de cerveau. Une belle manière d’introduire un débat de fond !

Patrick Guillot, auteur de « la Misandrie, Histoire et actualité du sexisme anti-hommes » (sic !), et membre du bureau du GES, ouvre la conférence en soulignant l’intérêt de parler de la condition masculine et en introduisant une logique dans laquelle les hommes seraient victimes d’un autre sexisme.

L’une d’entre nous intervient pour rappeler la réalité du système patriarcal et dénoncer l’imposture de cette logique anti-féministe. Plusieurs interventions se suivent pour demander de contextualiser le débat dans le paysage social.
Face à l’impossibilité d’échanger sur les sujets demandés, nous lisons collectivement le tract, scandons des slogans comme « vos souffrances individuelles ne sont pas structurelles », « ta masculinité n’est pas en danger »... Nous chantons une chanson anti-masculiniste créée pour l’occasion, applaudissons, discutons avec des personnes du public...
Après 40 minutes d’occupation de l’espace sonore, le staff de l’hôtel nous prévient de l’arrivée des flics. Nous décidons de partir de nous-mêmes en scandant « masculinistes, patriarcat, même combat ! » laissant ainsi une petite vingtaine de personnes dans la salle.

A noter que des responsables de la région en charge de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, ont échangé avec nous pour « alimenter leur argumentaire contre les masculinistes ». Il serait temps car lors de la première quinzaine de l’égalité femmes-hommes en 2011, le GES bénéficiait déjà d’argent public pour organiser une conférence. Le Conseil Régional a été interpellé à ce sujet par des associations féministes, et pourtant le GES avait encore une place, un financement et de la visibilité lors de cette édition 2012.

Nous étions nombreu-ses-x pour lutter contre l’incursion des idées masculinistes dans nos vies, nous serons là pour lutter contre elles, féministes tant qu’il le faudra !

P.-S.

Pour plus d’infos, voir le tract et la brochure ci dessous.

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  • Le 16 octobre 2012 à 21:01, par martin dufresne

    Un article que j’ai publié à ce sujet il y a ququ années : http://www.erudit.org/revue/RF/1998/v11/n2/058007ar.pdf

    Une Journée d’étude organisée par les Cahiers du Genre

    Les antiféminismes : regards croisés
    France/Québec/Madagascar/Mexique
    vendredi 16 novembre 2012
    au CNRS – 59 rue Pouchet - 75017 Paris
    salle de conférences

    Métro Brochant ou Guy-Môquet, bus 66, arrêt La Jonquière

    Programme :
    9h30 – Accueil autour d’un café
    10h - 11h – Introduction
    Le sens d’une collaboration entre revues de
    recherches féministes (Estelle Lebel, Professeure à
    l’Université Laval à Québec, Directrice de Recherches
    féministes et Anne-Marie Devreux, Directrice de
    recherche au CNRS, Directrice des Cahiers du Genre)
    Les antiféminismes, contexte, champs d’action,
    procédés (Anne-Marie Devreux, Diane Lamoureux,
    Professeure à l’Université Laval à Québec)
    Le mot de Florence Rochefort, Présidente de l’Institut
    Émilie du Châtelet
    11h - 13h – Antiféminisme et politique
    Discutante : Martine Spensky, Professeure émérite,
    Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
    Mathieu Caulier, Docteur, EHESS, « L’antiféminisme
    des ‘populationnistes’. Des politiques de population
    à la santé reproductive. Postface sur l’antiféminisme
    dans le champ de la santé des femmes »
    Mireille Rabenoro, Enseignante-chercheure, ENS,
    Université d’Antananarivo, « Le mythe des femmes au
    pouvoir, arme de l’antiféminisme à Madagascar »
    Collectif Stop-Masculinisme, Grenoble, « Un cas de
    lutte contre l’antiféminisme : analyses et expériences
    d’un collectif militant contre le masculinisme »
    13h-14h30 – Déjeuner
    14h30 - 16h – Paradoxes et rhétoriques de l’antiféminisme
    Discutante : Claire Oger, Maîtresse de conférence,
    Université Paris 13
    Denise Couture, Professeure, Université de Montréal,
    « La ‘femme déchue’, figure de l’antiféminisme du
    Saint-Siège »
    Francis Dupuis-Déri, Professeur, Université du Québec
    à Montréal, « Une rhétorique antiféministe : le
    discours de crise de la masculinité »
    16h - 17h30 – Féminismes et antiféminismes
    Discutante : Delphine Naudier, Chargée de recherche
    au CNRS, membre du Comité de lecture des Cahiers
    du Genre
    Mélissa Blais, Doctorante, Université du Québec à
    Montréal, « Un cycle de violence sans lune de miel ?
    Les attaques antiféministes vues par les féministes
    québécoises »
    Marie Carmen Garcia, Maître de conférences, Centre
    Max Weber, Université Lumière Lyon 2,
    « Des féministes aux prises avec ‘l’intersectionnalité’ :
    Ni Putes Ni Soumises et le Mouvement des Indigènes
    de la République »
    17h30 – Conclusion de la journée

    INFOS : mél daniele.senotier@gtm.cnrs.fr
    http://cahiers_du_genre.pouchet.cnrs.fr

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