Appel à un mois de solidarité avec les inculpés de Villiers-le-Bel

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Le 21 juin prochain, ce ne sera pas l’été, ce ne sera pas la fête de la Musique ; ce sera l’ouverture du procès de nos amis, de nos frères. Quatre de Villiers-le-Bel devront répondre de l’accusation d’avoir tiré à la chevrotine sur la police durant les émeutes de novembre 2007. Le scénario est déjà écrit : après l’opération de communication de février 2008 — 1500 hommes en armes dans la cité avec journalistes embarqués —, après les « sanctions exemplaires » exigées par Sarkozy, après les condamnations démesurées des émeutiers au printemps dernier — 3 ans ferme pour jet de pierre —, ce sera le procès de la « banlieue-tueuse-de-flics », chargé de réconcilier le pouvoir avec l’électorat du Front National et tous les flippés de France.

« Filme cousin ! » Retours sur Villiers-le-Bel : une vidéo à voir sur RebellyonTV.

Malgré des dossiers qui reposaient sur des délations anonymes, 3 délateurs sur 4 qui ne viennent même pas témoigner, un témoignage pour le moins sujet à caution d’un des « témoins » qui avoue n’avoir témoigné que pour le fric, les inculpés de Villiers-Le-Bel écopent de peines très lourdes : 3, 9, 12 et 15 ans de prison !

Ça ne se passera pas comme ça :

Pourquoi nous devons libérer les incarcérés de Villiers-le-Bel

Le 21 juin prochain, ce ne sera pas l’été, ce ne sera pas la fête de la Musique ; ce sera l’ouverture du procès de nos amis, de nos frères. Quatre de Villiers-le-Bel devront répondre de l’accusation d’avoir tiré à la chevrotine sur la police durant les émeutes de novembre 2007. Le scénario est déjà écrit : après l’opération de communication de février 2008 — 1500 hommes en armes dans la cité avec journalistes embarqués —, après les « sanctions exemplaires » exigées par Sarkozy, après les condamnations démesurées des émeutiers au printemps dernier — 3 ans ferme pour jet de pierre —, ce sera le procès de la « banlieue-tueuse-de-flics », chargé de réconcilier le pouvoir avec l’électorat du Front National et tous les flippés de France.

On négligera que les deux seuls morts dans cette affaire, ce sont Lakhamy et Moushin, deux adolescents tués dans un curieux « accident » avec une voiture de police. On fera semblant d’oublier que les secours à peine arrivés, un porte-parole du ministère de l’Intérieur annonçait déjà aux médias que les policiers n’étaient pour rien dans ces morts. On évitera bien d’évoquer que c’est le déferlement de cars pleins de CRS sur la cité qui a déclenché l’émeute. Puisqu’il faut des « coupables » sur qui déchaîner la vengeance de l’État, il faut un procès, un procès pour l’exemple. En l’absence de la moindre preuve, ce sera un procès de témoignages, ce sera parole de flics et de délateurs anonymes rémunérés contre parole de « jeunes », devant un jury d’assises.

Jusqu’à la mort de Lakhamy et Moushin, Villiers-le-Bel, c’était une petite ville discrète du Val-d’Oise — la gare, la Cerisaie, la ZAC, le PLM, les Carreaux, les Burteaux… Depuis les émeutes, Villiers, ce n’est plus une ville, c’est un symbole, un enjeu, un fantasme. Le pouvoir y projette toutes ses angoisses sécuritaires, et d’abord sa crainte qu’à l’occupation policière des quartiers réponde l’émeute organisée, que ceux que l’on braque au flashball depuis dix ans finissent par mettre les flics dans le viseur. Chaque soir de l’année, les boulevards de Villiers ne sont plus qu’un ballet des différents corps de police — UTEQ, gardes mobiles, CRS, BAC, etc. —, en attendant l’inauguration du nouveau commissariat de 360 hommes. C’est une expérimentation où l’on cherche à déterminer le niveau de pression policière, de provocations que peut supporter un quartier sans exploser. La sensation, ici, ce n’est pas de vivre en marge de la société, mais dans le laboratoire de son futur. S’il y a dans l’avenir proche un risque de soulèvement, ce qui est sûr c’est que c’est à Villiers que le pouvoir s’entraîne à le gérer. N’importe qui se promène ici dans la rue après 17 heures comprend : l’État et ses patrouilles de Robocops façon Gaza ne cherchent pas à ramener l’ordre là où règnerait le désordre, mais à provoquer le désordre au bon moment pour pouvoir être vu comme ceux qui ramènent l’ordre, quand s’approchent les élections.

En vérité, cette société est devenue si incapable de dire positivement ce qu’elle est ni ce qu’elle veut, qu’elle ne sait plus se définir que contre la banlieue. C’est pourquoi le pouvoir veut faire du procès de Maka et des autres le procès des « tueurs de flics » : pour souder autour de lui une société en perdition. Nos amis n’ont pas à payer pour cette perdition, ni pour le salut des gouvernants. Le procès qui leur est intenté ne vise pas, au fond, à établir la responsabilité d’actes précis, c’est le procès d’un événement dans son entier, et plus que d’un événement encore, celui d’une séquence historique. Une séquence historique qui s’est ouverte avec la mort de Zyed et Bouna et les émeutes de 2005, et que le pouvoir voudrait finir d’étouffer par un procès d’assises à grand spectacle.

Le problème, c’est que la rage et la révolte qui se sont exprimés là ne s’y laisseront pas étouffer. Un autre est que ces explosions-là ont résonné et résonnent encore dans bien d’autres cœurs que celui des dits « jeunes des cités ». Un autre encore est que cette nouvelle opération d’isolement est peut-être en passe d’échouer définitivement. Des cloisons se sont brisées, des mains qui se cherchaient à tâtons se sont trouvées.

Nous en appelons à tous ceux qui ne supportent plus l’occupation de nos vies par la police. Nous ferons tout pour que ce procès ne soit pas une nouvelle occasion de légitimer cette occupation par les désordres qu’elle produit.

Nous refusons que nos frères payent pour les angoisses des gouvernants. Cela fait déjà deux ans qu’on les tient enfermés.

Nous refusons que des dizaines d’années d’emprisonnement soient distribuées sur la base de témoignages anonymes rétribués par la police.

Nous refusons le scénario du gouvernement. Nous avons deux mois pour le chambouler.

Plusieurs dates sont déjà prévues dans cette tournée de soutien qui se déroulera du 20 mai au 15 juin 2010. Une manifestation partira le samedi 19 juin à 14 heures de la gare de Pontoise. Un programme partiel sera rendu public dans les semaines qui viennent.

Prenez contact avec nous. Organisez des soirées de soutien, des débats, des projections, des actions. Rencontrons-nous.

Comité de soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel
Collectif Respect-Vérité-Justice

P.-S.

Pour toute information concernant la tournée et pour communiquer les différentes initiatives : www.soutien-villierslebel.com

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Appe à un mois de solidarité avec les inculpés de Villiers-le-Bel

Pour nous soutenir financièrement (avocats et campagne de soutien), les chèques peuvent être envoyés à l’ordre de :

« Respect Vérité Justice »
c/o Maison de quartier Allende
10 boulevard Allende
95400 Villiers-le-Bel

A écouter aussi l’entretien avec l’association Respect, Vérité, Justice enregistré le 23 mai à Rennes par l’équipe du Magazine Libertaire, émission hebdomadaire sur Alternantes FM 98.1 le jeudi de 20h45 à 22h (écoutable en direct via Internet) :

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  • Le 1er juillet 2010 à 23:33

    Récit et analyses de cette première semaine de procès avec des intervenants présents dans la salle d’audience directement témoins de cette farce

    En écoute :

    http://sonsenluttes.net/spip.php?article138

    http://sonsenluttes.net/spip.php?article140

  • Le 16 mai 2010 à 19:45, par Nad

    Le concert qui choque la police
    POLEMIQUE.Le collectif « Respect-Vérité-Justice de Villiers-le-Bel »
    organise un concert à Rouen le 19 mai. Le syndicat Unité SGP-police
    dénonce un événement provocateur.
    Novembre 2007. Après la mort de deux adolescents sur une mini-moto
    percutée par une voiture de police, des échauffourées éclatent à
    Villiers-le-Bel dans le Val d’Oise. Durant deux nuits consécutives, forces
    de l’ordre et jeunes s’affrontent violemment. Des bâtiments publics et des
    commerces sont détruits, un commissaire est roué de coups, une centaine de
    policiers sont blessés, certains par arme à feu.

    Deux ans et demi plus tard, quatre jeunes, soupçonnés d’avoir tiré sur la
    police, sont renvoyés devant la justice. Lundi 21 juin, ils comparaîtront
    devant la cour d’assises du Val d’Oise pour « tentative d’homicide
    volontaire sur agents de la force publique ».

    « Le procès de la banlieue tueuse de flics »

    Pour les membres du collectif « Respect-Vérité-Justice de Villiers-le-Bel
     », le scénario est déjà écrit : « Ce sera le procès de la banlieue tueuse
    de flics, chargé de réconcilier le pouvoir avec l’électorat du Front
    national et tous les flippés de France. Ça ne se passera pas comme ça,
    nous devons libérer les incarcérés de Villiers-le-Bel. » Jusqu’au premier
    jour de l’été, ce collectif organise des concerts de soutien, un peu
    partout en France, afin de sensibiliser la population sur le sort des
    accusés, mais aussi pour récolter des dons. Une scène Rap (Demon One, DJ
    Plaiz, Abou2ner, Rdelite…) est programmée à Rouen, mercredi 19 mai à 19 h,
    à la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers, qui peut accueillir jusqu’à 490
    personnes. « C’est une démarche provocatrice. Imaginez un comité de
    soutien à des policiers qui organiserait un concert sur le thème : comment
    kärcheriser les cités ?, commente Frédéric Desguerre, secrétaire générale
    d’Unité SGP-police - majoritaire en Haute-Normandie. Ce comité appelle
    clairement à casser du flic, cela n’est pas tolérable dans un Etat de
    droit. Peu importe sa forme, la liberté d’expression est fondamentale,
    mais elle doit exister dans le respect des uns et des autres. On ne peut
    pas appeler impunément à tuer un autre homme. Il faut regarder certains
    clips des artistes, qui doivent se produire, pour comprendre la haine
    qu’ils ont envers la police. »

    Cependant, le syndicat ne demande pas l’interdiction de la tenue du
    concert. « Nous avons écrit à Mme le maire de Rouen et à M. le préfet pour
    les alerter. Il est clair que certains troubles à l’ordre peuvent exister
    avec la tenue de tels événements. C’est à eux de prendre leur
    responsabilité. L’Etat est censé protéger les fonctionnaires de police »,
    poursuit Olivier Marin, secrétaire départemental adjoint d’Unité
    SGP-police en Seine-Maritime.

    Une contre-manifestation envisagée

    Contactée hier, la mairie de Rouen confirme que la salle
    Sainte-Croix-des-Pelletiers est réservée, mais renvoie une éventuelle
    décision d’annulation en préfecture. Le directeur de cabinet du préfet,
    Jean-Christophe Bouvier, affirme de son côté que ses services ont bien
    reçu « un courrier à ce sujet » et qu’« un examen attentif est en cours ».
    « Pour l’heure, je n’ai pas d’éléments susceptibles d’être donnés ni dans
    un sens, ni dans l’autre. Je pense qu’on y verra plus clair en début de
    semaine prochaine », précise-t-il.

    Mercredi soir, Frédéric Desguerre et Olivier Marin n’excluent pas
    d’organiser « une contre-manifestation à proximité. Pour, nous aussi,
    sensibiliser la population et dialoguer avec elle. » Un dialogue
    impossible, lui, entre certains jeunes et policiers. Et réciproquement
    http://www.paris-normandie.fr/article/faits-divers/le-concert-qui-choque-la-police

    Rappel : manifestation le samedi 19 juin à 14h à la gare de Pontoise,
    procès le 21 juin au tribunal de Pontoise.
    Les chèques peuvent être envoyés à l’ordre de : Respect Vérité Justice
    c/o Maison de Quartier Allende 10 Boulevard Allende 95400 Villiers le Bel

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