Tout débute pour moi durant l’anniversaire des 3 ans de la S.C.O.P.. Les salarié-e-s m’ont exclu de l’équipe et m’ont laissé volontairement de coté durant cette fête, alors que rien de particulier n’était arrivé. Je me suis senti à l’écart, par exemple j’ai fait la soupe à l’oignon à l’écart des festivités durant la plupart de la soirée... sans aide de la part de mes collègues. Tout cela pour m’apercevoir que finalement ces efforts étaient vains, elle n’a même pas été servie !
Donc au moment des retours lors de la réunion hebdomadaire je l’ai fait remarquer et ai demandé que l’on m’explique. Peu de choses en sont sorties, comme je devais partir en vacances à la fin de cette réunion, je leur ai donc proposé de réfléchir durant cette semaine pour avoir une explication à mon retour. Nous nous sommes quittés en se proposant mutuellement d’envisager notre avenir durant cette période et d’en reparler à mon retour. J’ai donc passé une semaine de vacances durant laquelle je suis allé avec ma compagne et mes 3 enfants boire un coup dans ce bar. Nous avons été accueilli avec de grands sourires et illes nous ont offert le goûter, très avenants !
Le projet est très intéressant : faire vivre le réseau culturel et le réseau paysan tout en militant. C’était donc pour moi un accomplissement personnel et social important.
A mon retour le lundi à la relève pas un mot. Le 2e soir de travail passe puis arrive le jour de réunion hebdomadaire et les dirigeants (malgré les apparences il y en avait 6) me font rentrer et m’annoncent de but en blanc mon licenciement ! Alors malgré la surprise je tente de discuter... On s’engueule un peu, puis illes me disent en fin de réunion qu’illes vont réfléchir. Tout ne semblait pas perdu ! Entre cette réunion du jeudi et le lundi d’après, l’hypocrisie dure... Je travaille, les plannings pour les semaines suivantes n’étant pas faits je me propose de les faire... oui ! Il y avait donc un semblant d’amélioration.... ?! Le samedi soir, je me suis même retrouvé à boire un coup avec l’équipe, des potes à eux et ma copine sur les quais du Rhône. Bonne ambiance, tout le monde rigole... A priori, les discussions lors de la réunion avaient dû tempérer les choses...
Finalement on me propose de signer une lettre de licenciement le lundi à 8h du matin (heure de prise de poste). Je refuse, pars et prends un rendez-vous avec un médecin qui va juger utile de m’arrêter pour 10 jours. Finalement illes m’envoient un courrier pour un entretien préalable au licenciement qui s’avère être totalement en dehors des clous (forme, délais légaux...). Donc malgré le fait que l’entretien préalable au licenciement soit fixé trop tôt, je trouve en plein mois de juillet une déléguée syndiqué à F.O. qui a bien voulu et qui a pu venir. Elle a alors dû leur expliquer comment cela devait se dérouler (illes voulaient tou-te-s rester puisque en coopérative, sauf que cela revenait à se retrouver en face de six patrons !). Finalement, l’un des deux qui restent confirme directement le licenciement (alors que c’est un entretien préalable) et la déléguée leur fait remarquer leur nouvelle erreur !
Cela veut donc dire que d’un malaise que j’ai ressenti et abordé moi-même, je me suis fait notifier sèchement mon licenciement ! Rien n’a été fait dans les règles du code du travail, ni humainement. La manière dont ils s’y sont pris est digne des « méchants » patrons que nous combattons souvent en tant que militants. Et le pire, chez des personnes qui se revendiquent comme tels et qui n’ont de cesse de répéter aux clients à longueur de journée « ici il n’y a pas de patrons ! »... effectivement il y en a pas un mais plusieurs !
Les clients croient que j’ai démissionné (source Autre Côté du Pont). C’est ce qu’on leur a dit, donc beaucoup que je croise dans la rue (et oui le pire c’est que j’habitais juste à coté !) me demandent pourquoi je suis parti.
Donc je demande a la C.N.T. de me suivre pour la négociation. Cela dure 6 mois. Première réunion : toute l’équipe se pointe sauf le gérant. La C.N.T. leurs ré-explique que l’on ne peut pas discuter à 5 contre 3 (deux personnes de la CNT et moi-même). Puis deux personnes sont mandatées mais ne prennent pas de notes ! Bref un je-m’en-foutisme de patron. Finalement illes proposent de me donner 600 euros alors que nous leurs avons bien redit qu’illes étaient en tort !
Les négociations étant donc rompues, je me syndique à la C.G.T. pour me faire défendre au Prud’hommes.
La C.G.T. ré-explique les erreurs commises à l’Autre Coté du Pont : rien. S’en suit une négociation aux Prud’hommes qui ne donne rien. Alors tribunal, procédures et l’Autre Côté du Pont a dû me verser 2174 euros, plus les frais d’avocate (qu’illes ont employé pendant 3 ans), plus des frais de procédures. L’argent je suis bien content de l’avoir touché, ayant un régime de chômeur qui dure depuis. Mais il n’ont jamais eu une quelconque remise en question. Et 4 ans après j’ai réussi à me reloger un peu plus loin, car j’avais choisi d’habiter à proximité (trop !). Je vous passe les différentes humiliations faites par leur avocate (fainéant, incapable...), les attestations mensongères des clients, clientes et ex-collègues. Tout en méprisant la négociation avec la C.N.T . Tant et tant que je n’ai toujours pas digéré cette histoire. Surtout que tout cela (attestation, calomnies de l’avocate...) a eu pour conséquence que malgré les tunes (non respect de la procédure) le licenciement n’a pas été jugé abusif... d’où mon malaise. Ils ont même attesté à tort que je faisais nettoyer les toilettes du bar par ma copine ou que j’avais jeté une canette sur des gens.
Des personnes prétendument engagées politiquement n’ont pas ouvert le code du travail en 6 mois de négociation. Et le comble c’est le manque d’humanité dans cette histoire car durant mes vacances illes se sont réunies pour tout décider à mon encontre, tout en nous offrant le goûter, à moi, ma compagne et mes enfants.
Cela avait pourtant bien commencé. En effet, illes m’avaient embauché pendant ma semi-liberté, avec un premier mois en CDD pour me voir travailler. Illes ont décidé de faire le choix de m’embaucher en CDI. Mais, finalement illes ont choisi de me virer 1 ans après pour incompétence (alors qu’une seule personne est serveuse de métier). Aucun, ni aucune n’a eu le courage de me demander de partir. Ce que j’aurais fait car même si je ne lâche pas l’affaire je ne suis pas maso au point de subir des gens qui ne me veulent pas. Et tout cela, illes l’ont fait un mois avant que légalement je devienne coopérateur (c’est-à-dire actionnaire de cette coopérative).
Aujourd’hui les patrons du bar n’éprouvent aucuns remords. Et méprisent même les syndicats et les ouvriers qui ont lutté pour le code du travail.
Quant aux clients qui ont attesté de mon incompétence et défilent dans les cortèges de la C.N.T.- so-so-solidarité, je leur dirais qu’illes sont à la hauteur de leur idées et qu’illes prouvent combien le français aime écrire des lettres...
Quant à moi je leur apprendrai que j’ai travaillé au black en Italie, en Espagne dans des bars et en France dans un camping 4 étoiles pendant 3 ans et dans les bars de ma belle-famille etc...
P.S.(p comme police s comme...) :
Sinon bien avant mon licenciement j’ai dû prendre sur moi de répondre à des candidats à l’embauche à qui illes n’avaient pas daigné répondre alors que cela datait de plusieurs semaines.
J’avais aussi initié un système de récupération de nourriture (nombreuse mais non vendable). Donc Food Not Cops a pu récupérer un peu de bouffe mais cela n’a pas duré alors que cela ne posait aucun problème à l’entreprise, mais cela ne plaisait pas à toute l’équipe (les squatters-euses !) et au sujet des Rroms je n’ai même pas osé en parler après.
La coopérative se doit de faire une assemblée générale ouverte par an mais alors (je ne sais pas maintenant) l’A.G. se tenait à huis clos entre les coopérateurs (3 personnes).
Une ex-employée s’est vu discriminer car elle avait passé le week-end dans une villa avec piscine.
Et il semblerait que d’autres employées avant moi aient subi le même sort...
Illes ont même eu le culot d’insulter ma compagne durant la procédure.
Alors « camarade libertaire » dorénavant quand tu trinqueras à l’Autre Côté du Pont avec des patrons rappelle-toi que dans ce bar tout n’est pas beau. Et si tu trouves le Combat Syndicaliste sur ta table ou C.Q.F.D. demande leur ce qu’illes pensent du code du travail et de la valeur humaine dans cette affaire.
Je remercie ma compagne qui m’a soutenu et me soutient, certains et certaines camarades de la C.N.T., mon défenseur C.G.T. et ma déléguée F.O. ainsi que toutes celles et ceux qui n’ont pas douté de moi et ceux et celles qui se posent encore des questions et qui ne bavent pas ou plus sur les bobos.
Salutation libertaire et révolutionnaire.
Stef
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