Grève à la gare de triage de Sibelin : blocage en vue sur la région

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Les cheminots de la gare de triage de Sibelin à Feyzin, au sud de Lyon, font des débrayages de quatre heures par jour, depuis le jeudi 10 mai, pour revendiquer des augmentations d’effectifs et exiger l’arrêt des réorganisations voulues par la direction depuis quelques années pour tenter d’augmenter la productivité sans se préoccuper que ce sont des humains qui sont au travail.

Le jeudi 24 mai à 12h30 :
Suite aux négociations significatives de mercredi, l’assemblée générale a décidé de la reprise du travail ce jeudi 24 mai après 15 jours de grève. Ils n’ont pas réussi à faire changer d’avis la direction de la SNCF sur les réorganisations prévues, mais ils ont obtenu 2 postes supplémentaires pendant trois mois avec la clause d’une nouvelle rencontre pour en faire le bilan en septembre.

Le mercredi 23 mai à 12h30 :
L’assemblée générale qui s’est tenue ce mercredi matin, en ce quatorzième jour, a décidé la reconduite de la grève, puisque malgré les négociations qui ont eu lieu hier, de 15h à 21h, la direction de la SNCF fait toujours la sourde oreille en disant même : « C’est une réforme ambitieuse et nécessaire, même si elle est brutale, comme la concurrence. » Vraiment ! Quelle ambition ...de supprimer des emplois ! Les ridicules propositions de la direction ont été déclarées inadmissibles par l’assemblée générale des grévistes. Comme c’est l’AG qui décide de tout, elle a accepté de mandater les syndicats pour rencontrer la direction de la SNCF mercredi 23 mai après-midi...

Mais, cette fois, la coupe est pleine. La grève, à laquelle participent les trois quarts des cheminots, traduit un ras-le-bol général, dû au fait que les employés sont de moins en moins nombreux pour faire le travail. Les réorganisations se succèdent, tombées d’en haut, sans se soucier des conséquences et, chaque fois, les cadres et les agents de maîtrise qui travaillent sur le terrain doivent tenter de les faire appliquer, avec moins d’effectifs, ce qui explique qu’eux aussi sont fortement impliqués dans les arrêts de travail. Pour dénoncer la productivité croissante imposée aux cheminots, la grève est soutenue par SUD-rail, la CGT, FO, CFTC. Pour le fret, les mouvements effectués font actuellement de Sibelin la deuxième gare de triage en France.

Le sens de cette grève : nous ne sommes pas corvéables à merci !

La prochaine réorganisation va entraîner la suppression de cinq postes (sur 240 environ à Sibelin), dont trois à la « réserve », composée des travailleurs qui remplacent les autres quand ils sont en congés ou malades. Déjà, de plus en plus on leur change leurs horaires du jour au lendemain, en les appelant sur leur téléphone personnel, y compris tard le soir ou pendant leurs congés. On se permet, par exemple, comme pour les infirmières il y a quelques temps, de demander à un agent travaillant de nuit et finissant à 4 heures du matin de revenir travailler à midi le lendemain.

Ces suppressions de postes ne vont faire qu’aggraver la situation. Les charges de travail plus importantes vont peser encore plus sur la sécurité de chaque ouvrier ainsi que sur sa santé. De plus, la vie de famille va en prendre un coup, car il sera de plus en plus difficile d’obtenir des congés lors de week-ends et en été.

Les syndiqués à SUD-rail écrivent qu’il ne faut surtout pas se laisser abuser par la direction qui veut culpabiliser les grévistes en les accusant de casser le fret SNCF. En effet :
« Ce ne sont pas les cheminots de Sibelin :
- qui ont mis en place le « Réseau Ferré de France » qui fait payer des péages exorbitants.
- qui ont demandé les différents « paquets ferroviaires » européens ayant ouvert le transport ferroviaire à la concurrence.
- qui ont mis en place la « Gestion par Activités » qui se traduit par des restructurations incessantes et la casse des postes de commandements régionaux.
- qui ont mis en place les innombrables entités (ZFRAL, CGF, GA, CCL, EPOC...) qui rendent complexe et inefficace la production du fret.
- qui ont voulu le Plan Veron, qui n’a servi en fait qu’à accroître de 900.000 le nombre de camions sur la route, et qui ont décidé de perdre des clients et des tonnages pour les donner à la concurrence. »

La Direction, qui a accepté, sinon voulu tout ceci, n’a qu’un objectif, celui de baisser les coûts, c’est à dire en priorité la masse salariale. Pour cela, elle supprime des postes de terrain, veut négocier une nouvelle réglementation du travail défavorable aux ouvriers et le transfert des trafics vers les filiales.

Depuis le début de la lutte, plusieurs propositions de négociations ont été faites par les grévistes avec la direction du site, notamment le 11 et le 14 mai. Cependant la seule réponse, c’est qu’il ne voulait pas créer un précédent en répondant aux revendications, car beaucoup de réorganisations sont prévues au fret partout dans le pays...

Résultat pour les clients de la SNCF : des retards d’au moins trois jours sur la livraison des marchandises. Et pour éviter des engorgements à la gare de triage, par épisodes, la collecte des wagons isolés est suspendue, et la suspension de trafic à destination de Sibelin a été confirmée le 18 mai. On va vers un blocage total du fret dans la région.

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Vers une généralisation de la grève à la SNCF ?

Des assemblées générales des grévistes, qui réalisent des débrayages depuis plus de dix jours à Sibelin, sont organisées régulièrement pour décider de la suite du mouvement. Mais c’est partout à la SNCF qu’il manque du personnel, et c’est partout que les cheminots ont intérêt à ne pas accepter de faire les frais de la politique de la direction. En effet, le conflit est en train de s’étendre à d’autres unités de la région Rhône-Alpes.

Par solidarité, ce lundi 21 mai, des cheminots de Vénissieux et de la Guillotière ont entamé un mouvement de grève de 24 heures reconductibles. Les conducteurs du dépôt de la Mouche, à Lyon, sont eux aussi invités à cesser le travail dès mardi soir.

Des débrayages locaux ont lieu ou sont à prévoir également à Châlons-en-Champagne, à Reims, à Marseille, et à Gevrey (Dijon). Par ailleurs, une très forte grève du fret a eu lieu le 17 mai en Italie. Ce mouvement va-t-il faire tâche d’huile en France ?

Va-t-on aller vers une généralisation du conflit entre les cheminots et leur direction d’ici le mois de juin ? La CGT avait proposé le 11 mai d’organiser une grève pour le 5 juin, mais devant le peu d’engouement des différentes organisations syndicales, cet appel n’a pas été concrétisé. Pourtant, si d’ici cette date, les négociations restaient dans l’impasse, on semble bien aller vers un conflit qui entraînerait d’office toutes les organisations syndicales, sans qu’elles l’aient elles-mêmes décidé. La base décide quand elle se met en mouvement et selon ses revendications.

Suivons cette grève dans un moment où les luttes sociales n’ont jamais été aussi présentes pendant des élections quelles qu’elles soient ! Soyons solidaires des cheminots qui ont souvent été à la pointe des combats, comme en 1986, en 1995, ou en 2003.

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  • Le 21 mai 2007 à 20:28, par I

    Et faut pas oublier les régimes spéciaux aussi qui sont en ligne de mire.

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