Le procès des grilles de la fac de Bron

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Un festival « Grille ta fac » avait été organisé avec un concert le 6 février 2007 pour s’opposer à l’état d’esprit liberticide au sein de l’université. Trois étudiant-e-s ont été arrêté-e-s le soir-même sur le parking du campus. Leur procès a eu lieu ce lundi 8 octobre.

Se tenait ce lundi 8 octobre 2007 à la douzième chambre du tribunal correctionnel de Lyon le procès de trois étudiant-e-s de Lyon2
poursuivis pour dégradation en réunion de biens d’utilité publique sur le campus de Bron. Ils
avaient été arrêtés le 6 février 2007 par la police sur le parking de
l’université Lumière Lyon 2 après que des murs aient été tagués et que
des barrières métalliques aient été déboulonnées par des étudiants qui refusent que leur université soient transformée en prison, ces barrières ayant été installées tout récemment.

Entre trente et quarante personnes étaient présentes en soutien
durant le jugement.
Les trois personnes mises en cause sont des étudiant-e-s en licence qui
n’ont pas d’antécédents judiciaires. Elles ont été arrêtées parce qu’elles étaient parmi les dernières à quitter le parking de la faculté et qu’elles avaient des traces de peinture sur les mains. Parmi les trois, une seule était poursuivie pour vol d’une petite pancarte "interdiction de fumer".

Les accusations

Le président du tribunal commence par préciser que les dégradations sont
de deux types : d’une part il y a les tags et les graffitis à
l’intérieur même de l’université effectués à l’aide de marqueurs.
D’autre part il y a les inscriptions réalisées à l’aide de peinture sur
plusieurs murs, notamment autour du forum, ainsi que plusieurs grilles
qui ont été déboulonnées et renversées.
Après cette action menée l’après-midi du 6 février, les policiers ont retrouvé des pots de
peinture près
de la voiture de l’un des étudiants. L’une des étudiantes étant à l’étranger dans le cadre d’Erasmus est représentée par son avocate.
Les deux étudiants présents nient tous deux les faits qui leur sont reprochés
Et l’étudiante nie également
le tag qu’elle a pourtant reconnu pendant sa garde à vue, mais elle affirme avoir avoué ce tag uniquement
pour protéger les personnes qui étaient à l’origine du tag et qui
étaient « précaires ».

L’affaire

Le juge commence par reconnaître que « les grilles sont peu esthétiques,
c’est certain » et même que, couplée à la vidéo-surveillance, la fac
« ressemble plus à une prison qu’autre chose ! » « C’est dans l’air du
temps » ajoute-t-il. Il entreprend ensuite d’interroger la jeune fille sur les
fameux pots de peinture retrouvés près de la voiture de l’étudiant. Elle
affirme qu’elle a mis les pots de peinture qui trainaient par terre sur
le capot de la voiture d’Olivier et que c’est à cette occasion là
qu’elle s’est faite les taches de peinture sur les mains. A la même
série de questions, le jeune homme explique que voyant les pots de peinture sur
sa voiture, il les a posés par terre et qu’il s’est en conséquence tâché
de cette manière. Ils nient tous les deux s’être servi de la peinture
pour tagguer les murs.
Après avoir déploré ce qui s’est passé à Lyon2, le président du tribunal
affirme que l’université est un lieu d’ouverture, de culture et de
discussion avec les professeurs. Et il souligne que « dans cette
université moderne », le dispositif de vidéo-surveillance installé n’a
pas servi à grand chose car des caméras étaient « encapuchonnées » avec
des sacs en plastique. Sans surprise, il confirme aussi que le vice
président de l’université, Alexis Chvetzoff, s’est constitué partie
civile et que la fac réclame 8000 euros pour les réparations qu’elle a
dû effectuer.

La plaidoirie de la partie accusatrice

Puis le juge donne la
parole à l’avocate de Lyon2. Celle-ci débute sa plaidoirie en disant que
même si à première vue il reigne « une atmosphère bon enfant dans ce
dossier », ce n’est en fait pas le cas. L’université a reçu 78 millions
d’euros entre 2004 et 2006, par la région notamment, pour rendre ses
locaux « moins désagréables » et faire des travaux : « on vit dans une
aire qui tend à la diffusion des nouvelles technologies » affirme-t-elle
et l’université s’est équipée en ce sens. Elle doit donc protéger ses
acquisitions.
Même s’il n’existe aucune preuve contre les trois étudiant-e-s arrêtés
au mois de février, il y a néanmoins selon elle « un faisceau
d’indices » qui les entoure. On a retrouvé par exemple dans la voiture
d’Olivier des boulons et un pied de biche. L’avocate de Lyon2 précise
aussi qu’une série de mains courrantes ont été déposé par M. Chvetzoff
entre octobre et novembre 2006, sans donner toutefois plus de
précisions. Enfin, elle termine en soulignant que l’assurance de Lyon2
ne couvre pas ce type de dégradations et ne parle plus que de 6500 euros de frais de
réparation.

Les réquisitions

La procureure évoque, quant à
elle, de nombreuses dégradations commises depuis le mois de février.
Elle insiste sur le fait qu’il y a un grand nombre d’éléments troublants
dans cette affaire : le matériel trouvé dans la voiture dont des
"clefs" qui ont pu servir à déboulonner les grilles et la peinture près
de sa voiture.

Comme le président avant elle, elle indique ensuite que « l’université
est un lieu de culture, de savoir, d’ouverture » et donc qu’on ne peut
admettre que « pour faire valoir ses idées, on abime, on dégrade... »
Les étudiants en question ont un baggage culturel et donc d’autres
moyens pour faire valoir leurs idées. Elle réclame trois mois de prison
avec sursis.

Plaidoirie de l’avocate des trois étudiant-e-s

Le
tribunal ne doit statuer que sur les preuves qui lui sont apportées
affirme cette dernière. Maître Frédérique Bidault critique ensuite la présidence de
l’université qui amalgame les étudiants à « de dangeureux agitateurs, à
de dangeureux délinquants » et constate que « si Lyon2 était avant à la
pointe des idées progressistes, ça a bien changé ». Il n’y a aucun
éléments qui permettent d’imputer aux trois étudiant-e-s que désigne
l’université les graffitis, puisqu’on n’a pas retrouvé de marqueurs sur eux.
Ensuite pour ce qui est de l’action contre les grilles et les tags à la
peinture, la jeune fille n’était pas présente physiquement à la fac au moment
des faits mais travaillait à l’extérieur de Lyon (elle a des
justificatifs qui le prouvent). Le jeune homme faisait des allers-retours en
voiture entre Bron et Lyon. Quant à la troisième, elle était à la
bibliothèque et a observé la scène par la fenêtre.
L’avocate cite enfin le procès-verbal d’un membre du personnel de l’université
qui déclare avoir vu, ce 6 février 2007, un groupe d’une quinzaine
d’individus avec des bonnets et des masques en train de renverser les
grilles. Elle a immédiatement appellé le service de sécurité mais
déclare qu’elle ne pourrait pas reconnaître ces personnes.

Délibéré

Plus d’une heure après l’audience, il y a encore du soutien de la part
d’une vingtaine de personnes présentes. Le verdict fini donc par tomber
vers 18h10 et là, après l’ambiance assez détendue qui avait cours
pendant le procès, c’est la consternation étant donné l’absence de preuves
matérielles
. le jeune étudiant est relaxé pour les dégradations avec marqueurs
mais reconnu coupable pour les autres faits qui lui sont reprochés et
condamné à trois mois de prison avec sursis et aussi à
versé 2900 euros à l’université. Les deux étudiantes sont relaxées pour
les barrières mais condamnées elles à deux mois de prison avec
surcis. Les trois étudiant-e-s sont également condamnés solidairement à dédommager
l’université pour un montant total de 2000 euros.

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  • Le 19 octobre 2007 à 12:08

    Salopards ! Ce jugement est une honte de plus.

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