Vendredi 31 mars à 20h, le président Chirac apparaît sur nos écrans et annonce qu’il promulgue la loi sur l’égalité des chances qui contient l’article instaurant le CPE. Suite à cette annonce, des rassemblements anti-CPE se forment dans de nombreuses villes de France.
Dans l’une d’elles, un de mes amis est au restau avec des potes. Est-il pour ou contre le CPE ? On s’en fout.
À minuit, la soirée se termine et il s’apprête à rentrer chez lui. Il se retrouve alors entre des manifestants anti-CPE et des CRS en train de les charger...et là, tout s’accélère, les choses s’emballent. Un CRS lui assène un coup de matraque dans la cuisse, il tombe à terre, est menotté puis traîné dans une voiture banalisée. Il est alors conduit au poste où il s’aperçoit que trois manifestants (deux gars et une fille) ont aussi été arrêtés.
C’est alors parti pour 19h de garde à vue. De quoi est-il accusé ? Il ne sait pas trop. Mais un flic a témoigné et l’accuse d’avoir jeté des canettes sur les forces de l’ordre. Il est sûr de lui. Il a « formellement » identifié mon ami comme étant un de ceux qui ont jeté des canettes sur les CRS. Il est certain que c’est lui car il « ne l’a pas quitté des yeux durant l’interpellation ». Ce témoignage est faux mais c’est la parole d’un flic contre la sienne.
Alors il est en cellule. Ils sont tout d’abord deux dedans puis il se retrouve seul. La cellule est éclairée par un néon en permanence. Le long du mur se trouve un banc en bois sur lequel il pouvait se coucher mais sans couverture ni chaussures (ils les lui avaient enlevées à son arrivée). L’odeur était immonde ; au mur il y avait des traces. De quoi ? Il ne sait pas vraiment et ne veut pas savoir. Pour aller aux WC, il devait crier et taper contre la vitre pendant un quart d’heure avant qu’un flic daigne se déplacer afin de le traîner jusqu’à des toilettes infâmes.
Les flics lui témoignent un grand mépris tout au long de sa garde à vue à l’exception d’un. La fille qui a été arrêtée en même temps que lui a même subi une fouille vaginale et anale...
Finalement, un des flics le croit et après avoir passé quelques coups de fil pour vérifier sa version des faits, c’est finalement la parole de mon ami qui l’emporte et il quitte enfin le commissariat.
Non, vous ne rêvez pas, c’est bien en France qu’une garde à vue se déroule ainsi. Et il n’est pas le seul à avoir vécu cela j’imagine. La police ne peut pas agir en se croyant au-dessus des lois. La garde à vue ne doit pas devenir une zone de non droits. Une personne arrêtée doit être traitée en tant qu’être humain. Ces abus doivent être dénoncés et un faux témoignage ne peut rester impuni d’autant plus lorsqu’il émane d’un représentant de l’ordre censé faire respecter la loi et incarner certaines valeurs. Il faut réagir, mais comment ?
Morgane P.
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