Nouveau numéro de L’envolée : pour en finir avec tous les enfermements

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Le numéro 37 du journal anticarcéral l’envolée vient de sortir des presses et est disponible sur Lyon. Nouveau format, nouveau papier, 36 pages de lettres de l’intérieur et d’analyse.

Au sommaire, des nouvelles des mutineries de l’été, une visite guidée de Réau par le poto AC/DC, des lettres de Philippe qui attend son appel (cf N°34) qui se tiendra à Montauban les 30 et 31 janvier, les suites des luttes au QD et au QI de Neuvic, le récit d’un procès sans baveux, la lettre de Christophe à Taubira refusée par le sinistre JDD… Enfin, un dossier spécial sur la réforme pénale, qu’on a pris la peine de lire et de comprendre, pour ne pas se laisser endormir par les effets d’annonce sur le supposé laxisme de la garde des sceaux.

Nous vous rappelons qu’il est possible d’abonner gratuitement vos proches incarcérés. La liste des lieux où il est possible de se procurer le journal sur Lyon est en bas de l’article. Le numéro est également téléchargeable sur la page http://lenvolee.net/ .

Bonne lecture !

L’édito du N°37

À Nice, un jeune homme de 19 piges s’est fait tuer d’une balle dans le dos par le bijoutier qu’il venait de braquer. Encore un petit commerçant qui joue les shérifs, mais ce coup-ci, t’as 1000 personnes dans la rue avec des pancartes «  La prison non, la légitime défense oui  » qui couvrent la voix des proches d’Anthony buté en pleine rue pour quelques euros. Quelques fascistes 2.0 ont monté des pauvres pages Facebook en deux-deux, les JT leur ont fait un peu de pub et 2 millions d’abrutis ont levé le pouce en un clic pour soutenir le tueur. Un «  Viva la muerte  !  » sur leurs tablettes avant de passer à table.

Ils ont toujours été là, ces pétochards, à gueuler contre le «  laxisme de la justice  » et pour la peine de mort, entre poujadisme, francisque et eau bénite. Aujourd’hui, ils rouvrent simplement plus grand leur bouche. C’est dans l’air du temps, semble-t-il. La gauche au pouvoir fait tranquillement la chasse aux roms, la bonne vieille droite dégueule sa bile sur la toile, et de plus en plus dans la rue. C’est qu’après leurs manifs antipédés, ils iraient jusqu’à traiter la ministre de la justice de négresse  ! Nous somme coincés  : d’un côté la droite et sa répugnante déferlante de haine raciste, de l’autre la gauche, qui en profite pour faire de Taubira une humaniste martyrisée, une icône qu’on ne pourrait plus critiquer.

Ça tombe bien  : ces derniers mois, le PS a construit son show autour du duo de choc Taubira-Valls. À Taubira le laxisme, à Valls la fermeté. On en oublierait presque qu’ils marchent ensemble, la juge et le flic. Un garde des sceaux n’a ni sexe ni couleur de peau  : il exerce une fonction. Il fait tourner la machine pénale, met un peu d’huile, ajuste les réglages selon les besoins de l’époque. Marine Le Pen, ou n’importe quel autre gestionnaire ne ferait pas autre chose  ; et si les fafs lisaient le projet de réforme pénale de Taubira, c’est eux qui auraient la banane.

Parce que c’est une carotte.

Le nombre des condamnés ne cesse de croître, les chantiers de construction de nouvelles prisons sont à la traîne. Trop de matelas par terre, le flux des entrants et sortants devient ingérable pour les comptables grisâtres de l’Administration Pénitentiaire. Évidemment, la réforme pénale ne vise ni à vider les prisons, ni à arrêter d’en construire, ni même à geler le nombre d’engeôlés aux 70 000 actuels. Elle ne s’attaque pas à la surpopulation, elle tâche juste de la réguler. Pour que tout le monde exécute sa peine sans que les taules explosent, il s’agit d’enfermer aussi hors les murs. De mieux en mieux. De plus en plus. Paie ton laxisme  !

D’ailleurs, pour que le pays soit tout à fait rassuré, le pauvre cadeau empoisonné promis aux petites peines (la prison à la maison) est aussitôt contrebalancé par l’annonce d’un durcissement pour les longues peines, ces fameux «  récidivistes  » qu’il ne faut plus laisser sortir… jamais. Condamné à une peine infinie, quand les comptes d’apothicaire de l’administration tombent invariablement en ta défaveur, il n’y a plus de Taubira la progressiste insultée  : il n’y a plus qu’une ministre de la justice aussi implacable que tous ses prédécesseurs.

Mais c’est quoi l’envolée ?

L’Envolée est un journal qui parait quatre fois par an. Il publie les lettres de prisonniers que nous recevons, des compte rendus de procès auxquels nous assistons, et des analyses sur la société et ses lois.

Le journal prolonge le travail mené par des émissions de radio indépendantes qui maintiennent un lien entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, en dehors du contrôle de l’administration pénitentiaire.

Le journal est réalisé par des ex-prisonniers ou des proches de prisonniers qui pensent qu’il est primordial de publier des textes venus des prisons et des textes contre les prisons. Les prisonniers décrivent leur quotidien, dénoncent leurs conditions de détention, se battent contre l’enfermement. Ils le feront toujours mieux que tous ceux qui veulent parler à leur place (journalistes, sociologues, experts, militants).

Une parole de prisonnier qui sort et attaque l’administration pénitentiaire ou la justice, qui plus est quand cette parole est collective, constitue un acte politique qui dérange l’ordre des choses. L’Envolée se veut porte voix des prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait ; mais nous ne sommes ni les porte parole, ni un syndicat de prisonniers. Cela ne nous empêche pas, bien sûr, de soutenir et d’aider des prisonniers qui sont proches de nous ou qui nous demandent d’être solidaires.

Nous espérons toujours que les mots inspirent des luttes contre la justice et l’enfermement. Pour nous, la liberté est un rapport entre les gens qui se battent ensemble pour la gagner.

Le journal s’inscrit dans l’histoire de la critique sociale abordée sous l’angle du droit et de la justice. La prison est le ciment nécessaire à l’État pour permettre au capitalisme de se développer. Prisons et Justice servent principalement à enfermer la misère. L’enfermement carcéral joue un rôle social de repoussoir : il produit une peur nécessaire au maintien de cette société.

Ainsi la prison sert aussi à enfermer dehors. Les familles et les proches de prisonniers et de prisonnières le savent bien.

Ce journal survit maintenant depuis plus de 12 ans malgré les censures de l’administration pénitentiaire, malgré les poursuites récurrentes pour diffamation, malgré nos faibles moyens. Nous ne comptons que sur l’argent des abonnements et des événements que nous organisons pour financer la sortie régulière du journal. Donc n’hésitez pas à écrire, à vous abonnez et à abonner des prisonniers en faisant parvenir leur numéro d’écrou (l’abonnement est gratuit pour les prisonniers).

Si vous souhaitez écrire à un prisonnier ou une prisonnière dont vous aurez lu un courrier dans le journal ou sur ce site, nous pouvons vous faire parvenir son numéro d’écrou – si la personne nous a donné son accord pour le faire.

A bas les prisons, toutes les prisons… soyons solidaires des enfermés qui refusent de se résigner, solidaires des familles et des amis qui se démènent tous les jours pour ne pas lâcher face à une administration oppressante.

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Les lieux et les librairies où l’on peut trouver l’envolée sur Lyon sont :

  •  la Luttine (91 rue Montesquieu)
  •  la Gryphe (5 rue Sébastien Gryphe)
  •  la Plume noire (8 rue Diderot)
  •  Terre des livres (86 rue de Marseille)
  •  Ouvrir l’oeil(18 rue des Capucins)
  •  le Bal des ardents (17 rue neuve)
  •  le Livre en pente (18 rue des pierres plantées)
  •  le Tasse livre (Place Sathonay)
  •  Cedrats (27 montée Saint-Sébastien Lyon ), en lecture

P.-S.

Le site de l’envolée : http://lenvolee.net

L’émission de radio Papillon, écoutable les 3es mardi de chaque mois sur radio canut de 20h00 à 21h00 : http://rebellyon.info/Papillon-une-emission-anti-taules.html

Le canut info sur la thématique anticarcérale le vendredi de 19H00 à 20H00 : http://blogs.radiocanut.org/canutinfos

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  • Le 4 février 2014 à 17:55, par tous dehors/hors les murs.

    qui se souvient,

    du journal ,

    l’écrou.

    réalisé par des détenus,

    c’etait du canard...

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