Programme
Le débat sera coanimé par Florence Aubenas, présidente de l’OIP,
Jean-Pierre Guéno, auteur du livre Paroles de détenus et
Antoine Lazarus, animateur du Groupe Multiprofessionnel des PrisonsAccueil à 9h30
10h : (ouverture) Un débat : pourquoi et comment.
10h15 - 12h00 : Est-il possible de s’exprimer dedans comme dehors ?
(l’expression individuelle à l’intérieur des murs)Déjeuner libre 13h45 -15h30 : Les murs : des obstacles à la parole ?
(la circulation de la parole entre dedans et dehors)Pause musicale avec le groupe l’Emigrant
16h - 18h : Prisonniers : quelles expressions collectives possibles ?
Participants (liste provisoire) : Abdelkader, ancien prisonnier, Joëlle Agaguena,
femme de prisonnier, Fernand Béguin, surveillant à la retraite, Lela Bencharif, vice-
présidente du Conseil régional Rhône-Alpes, Christian Carlier, historien, directeur
des services pénitentiaires, Jean-Marie Delarue, Contrôleur général des lieux de pri-
vation de liberté (sous réserve), Thierry Devaux, médecin généraliste, Anne Henry,
médecin chef du service médico psychologique régional de Rennes, Julien Morel
d’Arleux, directeur de la maison d’arrêt de Corbas, Gabriel Mouesca, ancien président
de l’OIP, ancien prisonnier, Alain Mounier, vice-président de l’association socio-édu-
cative des prisons de Lyon-Corbas, ancien aumônier, Rachid, semi-libre, Jean-Paul
Ravet, ancien visiteur de prison, Brigitte Sifaoui, auteure de L’homme qui a tué mon
frère, Claude Veyer, ancien visiteur de prison ; et des prisonniers, anciens prisonniers,
familles et proches, personnels pénitentiaires, soignants et intervenants en prison, ma-
gistrats, citoyens, journalistes, parlementaires, universitaires...Informations pratiques
Lieu : Grand amphithéâtre de la faculté de droit – Université Lyon 2
16, quai Claude Bernard 69007 Lyonle samedi 11 décembre 2010 de 9h30 à 18h30
Tram T1 (arrêt Quai Claude Bernard) ou Tram T2 (arrêt Centre Berthelot)
OIP – coordination Rhône-Alpes : Céline Reimeringer
57, rue Sébastien Gryphe 69007 LYON
Tél. 09 50 92 00 34 – courriel : celine.reimeringer@oip.org – www.oip.org
L’Observatoire international des prisons organise un débat public le samedi 11 décembre à Lyon. Son thème : la liberté de parole individuelle et le droit d’expression collective des prisonniers et des acteurs du monde carcéral, derrière et en dehors des murs.
La date et le lieu ne doivent rien au hasard. Le cadre de la Journée mondiale commémorant la Déclaration universelle des droits de l’homme permet de se rappeler que « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression » et que « toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques ». Quant au choix de la capitale des Gaules, il est doublement fondé. C’est d’abord un rappel de l’histoire puisque c’est dans les maisons d’arrêt de Perrache qu’au début des années 1980 est né l’Écrou, le premier journal réalisé en prison ouvrant un espace commun d’expression aux détenus, aux personnels et aux intervenants.
Mais surtout, c’est un écho à la clameur inhabituelle et unanime entendue à Lyon depuis le passage des prisons de Saint-Paul, Saint Joseph et Montluc, insalubres, à celle de Corbas, flambant neuve. Des détenus qui disent préférer la crasse et les rats des anciennes cellules plutôt que la modernité aseptisée des nouvelles du fond desquelles « personne ne vous entend » [1]. Jusqu’aux fonctionnaires pointant du doigt les nouveaux établissements où « chacun est de plus en plus isolé » [2]. En passant par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté qui ne comprend pas « comment on a pu imaginer une prison qui cherche à faire taire alors que la réinsertion suppose que l’on parle » [3]. Tous dénoncent avec vigueur le renforcement de l’isolement social et la réduction de la liberté de parole à l’intérieur.
Et pour cause : les « nouvelles prisons » sont un outil de plus au service d’une administration qui a toujours cherché à étouffer la parole. Statut spécial des personnels pénitentiaires soumis au devoir de « s’abstenir de tout acte, de tout propos ou de tout écrit qui serait de nature à porter atteinte à la sécurité et au bon ordre des établissements » [4] sous peine d’être sanctionnés disciplinairement [5] , avocats intervenant en commission de discipline se sentant « toléré[s] » mais « guère entendu[s] » [6], sanctions d’intervenants bénévoles pour avoir dénoncé les dysfonctionnements de l’institution [7], doctrine de l’administration selon laquelle « actuellement, en droit interne, il n’existe pas de droit d’expression collective des détenus » [8], répression de toute revendication collective qui en découle, y compris si elle est pacifique [9], demandes individuelles des détenus traitées par des « bornes de saisie des requêtes » informatisées [10], jusqu’aux journaux intimes saisis et lus par l’administration pénitentiaire : qu’elles soient individuelles ou collectives, qu’elles cherchent à s’exprimer à l’intérieur même ou par-delà les murs, les voix de la prison sont constamment sous contrôle, pour ne pas dire bâillonnées.
Nous voulons savoir : qu’en est-il de votre droit à vous exprimer ?
Alors que la liste des obstacles dressés contre la prise de parole des personnels et des intervenants n’a d’égale que l’énergie déployée par l’administration pour faire taire les prisonniers, alors que l’administration compte sur le renoncement du monde carcéral à prendre la parole [11], nous posons que rien ne peut justifier le maintien de la chape de plomb qui pèse sur les conditions d’incarcération, de travail et d’intervention. Pour décrire, interroger et combattre du même coup le silence imposé à tous, nous invitons toutes les voix de la prison à venir s’élever à l’occasion du débat public qui sera animé par la présidente de l’Observatoire, Florence Aubenas. Nous voulons savoir : qu’en est-il de votre droit à vous exprimer ?
Observatoire international des prisons (OIP)
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