Répression sur la question du chômage en Tunisie

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Un Lyonnais actuellement à Tataouine en Tunisie nous fait part de la répression dont sont victimes aujourd’hui des Tunisiens dans la zone minière de Gafsa sous le régime de Ben Ali. Il s’indigne des dizaines d’arrestations qui ont eu lieu dans les populations du bassin minier de Gafsa, dans le sud-ouest de la Tunisie depuis dimanche 6 avril 2008. Il est inconcevable qu’un vaste mouvement de protestation portant sur la question du chômage, et qui dure depuis janvier, soit ainsi réprimé alors qu’il exprime les revendications légitimes de populations aujourd’hui économiquement et socialement laissées pour compte.

Une vague d’arrestations s’abat sur les populations du bassin minier mobilisées en un mouvement de protestation qui a embrasé la région de Gafsa. Ce mouvement qui dure depuis le mois de janvier, porte sur la question du chômage qui frappe de plein fouet cette région du sud-ouest tunisien, laissée pour compte du « miracle » Ben Aliste.

La police a procédé à des dizaines d’arrestations parmi les syndicalistes, les chômeurs et les jeunes, depuis dimanche 6 avril 2008. Après quelques hésitations, le régime policier de Ben Ali a violemment réprimé ce mouvement populaire de peur qu’il ne fasse tâche d’huile, tant le mécontentement est grand dans le pays.

Ce lundi 7 avril 2008, la police a procédé violemment à l’arrestation de dirigeants syndicaux de la région qui ont participé la veille à une réunion de solidarité qui s’est tenue à Tunis. Adnane Hajji, Secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base de Redeyef ; Taïeb Ben Othman, enseignant syndicaliste ; Boujemaa Echrayti secrétaire général du syndicat de la santé de Redeyef, ont été passés à tabac par la police et ensuite arrêtés.

Le militant syndicaliste Adnane Hajji, porte-parole du mouvement minier, vient d’être arrêté ainsi que deux de ses camarades à Gafsa à leur retour d’une réunion du comité national de soutien aux travailleurs du bassin minier, qui s’était déroulée à Tunis.

Adnane Hajji s’est illustré par le soutien qu’il a apporté aux diplômés chômeurs de la région dans le mouvement de contestation qui a suivi l’annonce de résultats manipulés d’un concours de recrutement ouvert par la société Sfax Gafsa d’exploitation du phosphate au profit des proches de quelque notables corrompus de la région. Il été jusqu’à dénoncer l’implication des cadres syndicaux régionaux dans la manipulation, une prise de position qui lui a valu le gel de son statut syndical par la centrale syndicale UGTT et sa convocation devant le conseil de discipline.

Adnane Hajji occupait auparavant la fonction de secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base dans la région. Dans un communiqué publié le 5 avril, le syndicat a décidé d’entrer en grève le mercredi 9 Avril pour exprimer son soutien et son intention de se déplacer à Tunis pour protester devant le siège de l’UGTT pour exiger son rétablissement dans ses fonctions.

Ces contestations ont été le début d’un large mouvement social qui a duré plusieurs semaines. Pendant ce mouvement, plusieurs familles dans plusieurs villes du bassin minier ont campé plusieurs semaines de suite pour protester contre la marginalisation et le chômage dans la région. Ces familles demandaient aussi la prise de décisions dans le sens d’un équilibre régional équitable permettant le développement de leur région et l’ouverture de possibilités d’embauche pour leurs enfants. Un mouvement dans lequel le syndicaliste arrêté a joué un rôle de catalyseur, jouissant d’une très grande popularité.

Adnane Hajji souffre d’une insuffisance rénale. Dès l’annonce de son arrestation, sa compagne a entamé une grève de la faim illimitée devant la section locale de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Malmenée par la police, elle est décidée à poursuivre son action jusqu’à la libération de son époux.

Ce n’est pas un hasard si le pouvoir de Ben Ali s’acharne contre ces syndicalistes : ces derniers ont été à la pointe du mouvement de protestation.

Dès le 8 avril, les enseignants, les ouvriers, les commerçants de la ville de Redeyef ont observé une grève de protestation.

- Réclamons la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées.
- Le régime de Ben Ali sera tenu pour responsable de tout ce qui peut advenir à toutes les personnes arrêtées.
- Soutenons les luttes des mineurs du bassin minier de Gafsa et leurs familles.
- Exigeons la réalisation de toutes les revendications légitimes des travailleurs, des jeunes et des chômeurs de la région de Gafsa.

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  • Le 14 décembre 2008 à 12:26
  • Le 11 avril 2008 à 09:01

    Le mouvement populaire est si important dans la région minière tunisienne de Gafsa que le gouvernement de Ben Ali a été obligé de libérer hier soir tous les jeunes arrêtés ces derniers jours. De Gafsa à Métlaoui, de Moularès à Redeyef la population s’est mobilisée contre les corruptions, contre les inadmissibles coups de piston réservés aux amis de Ben Ali, contre la répression et les harcèlements policiers qui interviennent sans arrêt dans la région depuis le 5 janvier 2008. Elles demandent que toutes les troupes policières retournent dans leurs bases hors de la région et que des discussions s’engagent enfin en permettant l’écoute des doléances de l’ensemble des composantes de la société civile.

    Le rôle des femmes a été déterminant dans cette libération des jeunes révoltés : à Redeyef, notamment, avec une grosse manifestation des femmes de la région et à Motamadia où elles se sont rassemblées avec la population devant la sous-préfecture.

    Il s’agit désormais de faire libérer trois responsables syndicaux, qui restent prisonniers comme otages dans les geôles de Ben Ali : Adnane Hajji, Taeïb Ben Othmane, et Bechir Labidi.

    De Tataouine, le 11 avril 2008

  • Le 10 avril 2008 à 23:37

    Les huit qui restaient en prison ont été libérés dans la journée. On peut aller voir, pour des infos plus précises, à la page suivante :

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