Sarkozy : le travail forcé après six mois d’Assedic !

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Allons-nous réagir à des propositions aussi maléfiques ?

D’où proviennent ces émeutes de la faim à Haiti, en Égypte, au Sénégal... dans tous ces pays du sud qui sont pieds et poings liés au système capitaliste mondial, sinon à cause de la recolonisation. Voir cet article sur Charles Millon, qui affame le continent africain en introduisant à haute dose des cultures à destination des "biocarburants" destructrices de la chaîne alimentaire locale. L’esprit du réseau Foccart de la françafrique est toujours de rigueur, d’ailleurs le secrétaire d’État à la francophonie, Joyandet, vient de se précipiter au Gabon le 9 avril pour rencontrer le dictateur Bongo « et renouer les fils du dialogue », mais aussi Christophe de Margerie, PDG de Total, et Michel Roussin, vice-président du groupe Bolloré...

Va-t-on voir ces émeutes aussi en France sous peu ? On dirait que Sarkozy fait tout pour. Avant-hier c’était la suppression de la carte familles nombreuses, hier c’est le couperet des six mois pour les chômeurs : chaque jour, il nous en sort une nouvelle pour écraser un peu plus le petit peuple déjà accablé de dettes, de lettres d’huissiers, pour réduire encore son porte-monnaie alors qu’il a du mal à payer son loyer...

Au bout de six mois accepter n’importe quel emploi !

Avant une présentation officielle du nouveau projet de loi, nous rappellant quelque peu la période féodale, prévue par le gouvernement le 6 mai 2008 en présence des représentants des patrons et des syndicats [1], Sarkozy a, comme à son habitude, laissé se propager quelques idées pour voir un peu comment les Français allaient réagir.

Voici ses propositions : « Pendant les six premiers mois, le chômeur serait tenu d’accepter tout emploi en conformité avec sa formation, ses qualifications, son salaire, sa vie familiale, etc., sans que ceux-ci donnent lieu à des critères chiffrés. Mais la donne changerait radicalement au bout de six mois. Ce délai écoulé, le chômeur devrait accepter tout emploi requérant moins de deux heures de transport par jour et rémunéré, par exemple, au moins 70% de son salaire antérieur. »

Des chômeurs corvéables à merci

Le Code du travail permet déjà à l’ANPE de radier les demandeurs d’emplois refusant une offre d’emploi correspondant à leur qualification, à leur expérience, au niveau de salaire pratiqué dans la région ou à leur possibilité de mobilité géographique. Chaque mois, l’ANPE radie environ 1500 demandeurs d’emploi pour refus d’emploi, a indiqué jeudi le directeur général de l’ANPE Christian Charpy.

Or la volonté du gouvernement est de renforcer encore cette réduction des droits sur les personnes amenées à se trouver dans la précarité pour faire accepter des boulots de plus en plus précaires, c’est-à-dire n’importe quoi dans n’importe quelles conditions de travail avec un salaire moindre.

De plus, il est dit que ce projet est en deça du niveau européen, ce qui veut dire que cela risque d’être pire encore dans quelques temps si nous n’y prenons garde...

Par contre, pour les députés, avec leur nouveau « régime spécial » : c’est cinq ans d’indemnités chômage !

Alors que le chômeur ordinaire bénéficie aujourd’hui, sans tenir comte de ce projet maléfique, d’une indemnisation maximum de 23 mois pour une allocation moyenne de 800 € et qu’ensuite, dans le meilleur des cas, il percevra le RMI ou l’ASS (environ 400 € par mois), les députés, eux, seront désormais couverts sur la base de 5.400 € bruts de manière dégressive pendant cinq ans au lieu de 6 mois.

En octobre 2003, sous l’inspiration d’un gouvernement de droite qui songeait d’office à se prémunir de la précarité alors qu’il a fait en sorte de l’imposer à son bon peuple durant tout son règne, une discrète mesure a été prise par arrêté du Bureau de l’Assemblée nationale, prévoyant que les députés qui n’ont pas été réélus aux législatives du 17 juin 2007 pourront bénéficier pendant cinq ans - soit le temps d’une législature complète... - d’une indemnité dégressive, financée par une cotisation spécifique de 0,5% créée à cet effet et prélevée sur leurs émoluments (lire en commentaire). Auparavant, les députés destitués étaient assurés de percevoir pendant six mois l’équivalent de leur indemnité de base - soit 5.400,32 € brut - s’ils ne retrouvaient pas toute de suite une activité. Et s’ils avaient d’autres mandats ou d’autres revenus, l’Assemblée leur versait une indemnité différentielle.

Six mois, effectivement, c’était bien trop peu : le Bureau de l’Assemblée nationale a donc décidé d’en décupler la durée. Les six premiers mois restent inchangés. Les six mois suivants, ces nobles désœuvrés percevront 70% de l’indemnité de base, puis 60%, puis 50% jusqu’au quatrième semestre. Ensuite, durant les trois années restantes, l’allocation diminuera de 5% tous les semestres pour atteindre jusqu’à 20% de l’indemnité de base, soit 1.080 € bruts. Bien évidemment, les autres mandats et/ou revenus continueront d’être déduits sur la période.

Un chômeur n’est pas plus paresseux qu’un député

Le projet de Sarkozy est répugnant à un autre titre car il part du présupposé erroné selon lequel le chômeur est forcément un paresseux. Comme tous les préjugés, cette idée discriminatoire doit être combattue tout comme le racisme et le sexisme. Ce projet est d’autant plus insultant pour celles et ceux qui se retrouvent en période de chômage, que ces personnes sont souvent en plus affaiblies par les difficultés rencontrées !

Il faut être costaud quand on est chômeur pour ne pas déprimer alors qu’on est rejeté de partout, que ce sont des portes qui vous claquent au nez, des humiliations sans fins. Et pourtant en fait 43% des chômeurs indemnisés sont en activité réduite : cela montre bien que ce ne sont pas des personnes qui refusent de travailler, bien au contraire.

D’autre part, les chômeurs et les chômeuses participent pour une bonne part à la vie sociale. Combien de personnes sans travail, mais aussi pour certaines se voulant en dehors du salariat, du système marchand, refusant la compétition obligatoire sont présentes de façon très active au sein des associations, des collectifs, des groupes sociaux informels, aussi bien en ville qu’à la campagne ? Ces personnes "chômeuses", mais loin d’être paresseuses, se donnent au contraire beaucoup de mal, prennent beaucoup de temps pour ces activités non inscrites au PIB, qui sans elles rendraient la vie invivable dans notre société.

L’humain, n’est-il pas le capital le plus précieux ?

Bonjour l’ambiance de travailler de manière forcée ! Comment peut-on se sentir bien dans un boulot que l’on n’a pas choisi, que l’on nous impose...

Veut-on que la société se délite complètement ? Ce projet sarkozien est voué à l’échec, à moins de vouloir faire de la population française une société d’esclaves !

Mettons en place ensemble des outils, des actions collectives pour éviter d’en arriver là !

Notes

[1En dehors de la situation où il aurait un pistolet sur le tempe,
qu’elle pourrait être celle poussant un syndicaliste à accepter de discuter d’un projet organisant la baisse de 30% des revenus des salariés, entre leur dernier emploi et le suivant ??

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  • Le 23 avril 2008 à 10:06, par Jules

    Quand on a plus rien à perdre, « tout devient possible » !... dont acte

  • Le 18 avril 2008 à 19:14

    Des réunions sont-elles prévues ? Si oui, où et quand ? Les non adhérantE sont-ils bienvenuEs ?
    Merci ’avance.

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