Place des Terreaux, à 14h30, nombreuses sont les banderoles... et les photographes. Plusieurs personnes portent des costumes de putes de tous les temps : une courtisane, une catin, etc...
De nombreuses personnes se camouflent derrière des masques blancs, et des perruques.
La marche dura presque deux heures pour rejoindre l’église Saint-Nizier. [1]
Sur le chemin, différentes réactions. Un type tente d’insulter... il sera désigné et montré du doigt au son de « Client ! client ! client ! » et vite abandonné de ses amis. Une lycéenne traversera la manif au bras de sa pote, en criant : « allez vous faire enculer ! »... Mais la plupart des passants restent observateurs, souvent à l’écoute, dans l’attente.
Pour mettre le ton, le devant du cortège avance en s’écriant : « Je suis pute, je suis fière, Collomb/Sarkozy c’est la guerre ! » Mais dès l’arrivée de slogans revendiquant le droit au travail et à payer des impôts, l’arrière du cortège a élevé sa propre voix : « on paie pas d’impôts, on est des grosses putes ! ».
D’autres phrases ont trouvé de l’écho parmi nous : « L’Elysée en feu, les proxos au milieu ! ». « À bas les maris, à bas les curés, à bas les proxos, à bas l’État ! » fut scandé dans un crescendo auquel des sourires ont largement répondu.
À la moindre apparition d’uniformes, une ligne de manifestants s’arrêtait en les désignant : « flics, violeurs, assassins ! ». Quant aux bourgeois se baladant le samedi après midi dans le deuxième arrondissement, ils ont eu droit à une remise en cause : « Un mari, c’est le même client, pour toute la vie ! » et « mon corps, est un champs de bataille ». Sans parler de l’interprétation de la chanson de Brel qui les compare aux cochons.
Pour les plus rétissants, une version explicite : « si je sais faire une pipe, je sais faire une bombe » ! Les terrasses ensoleillées ont pu s’interroger sur le sens de « moins de mariages et plus de pillages ! » et « le bordel, c’est dans la rue ! » (contre l’ouverture des maisons closes).
Les journaleux nous ont collé une bonne partie de la manif, jusqu’à ce que les premières cacahouètes heurtent leurs lunettes. Aux micros de France 3 qui tentaient d’interviewer des passants, le son fut saturé de « État proxénète, journalistes complices ! ». Harry Roselmack [2] souriait d’un air partenaire, sûrement fier d’être reconnu.
Une douzaine d’oeufs ont été lancés sur des vitrines de banques, et ont de même attéri sur le blouson de la star télévisée, au son de « TF1 c’est les putes de l’État ! ». Et puis, devant l’église, des cris de jouissances après « Carla Bruni, est une collègue ! ». Les portes de l’église Saint-Nizier ont été prestement fermées à notre arrivée.
Enfin, les rues ont été colorées de nos propres teintes, et malgré l’impossibilité de trouver des alliés - sachant le deuxième arrondissement en zone ennemie - le défilé nous a permis de nous rencontrer, d’avancer avec cynisme, sans aucun sentiment de honte ni de culpabilité.
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