Les cheminots lyonnais ne désarment pas !

921 visites

A Lyon et dans tout le sud-est, les syndicalistes de la CGT cheminots et de Sud-rail ont décidé de poursuivre la grève jusqu’à lundi. C’est le onzième jour de tric, comme on dit à Lyon. Ils se mobilisent pour éviter les pertes d’emplois à la SNCF, mais aussi pour nous tous, car lorsque tout sera privatisé, c’est bien tout le monde qui en pâtira !

Piquet de grève à Perrache

C’est sous le soleil le long des voies de chemin de fer de la gare de Perrache que nous retrouvons le piquet de grève formé de cheminots déterminés, pour la plupart syndicalistes CGT, mais aussi avec quelques uns de leurs collègues de Sud-Rail, autour d’un casse-croûte convivial. Le piquet de grève ce samedi est situé près du poste de commandement des mécanos, dont la direction a d’ailleurs fui les bureaux dès le 5e jour de grève, aux quels se sont joints conducteurs, contrôleurs et agents de gare.

Pour casser cette grève, la SNCF fait appel à des intérimaires d’une société privée Efia qui tentent tant bien que mal de donner des renseignements au sein de la gare, et elle oblige des cadres à conduire des trains TER en faisant des heures supplémentaires telles qu’elles ne doivent pas leur laisser tellement de repos.

En 2010, c’est la troisième fois que les cheminots font le tric pour conserver la SNCF comme un véritable service public, puisqu’ils se sont arrêtés déjà le 3 Février et le 23 Mars. On sait pourtant ce qu’il est advenu de la privatisation du chemin de fer en Angleterre sous la baronne Thatcher avec des déraillements mortels successifs.

Mais malgré ces jours de grève, le gouvernement de la France et la direction de la SNCF restent sourds et tiennent toujours à supprimer 7657 emplois en 2 ans.

Les cheminots ne peuvent supporter encore la casse de la SNCF et le gâchis humain que cela entraîne

C’est pourquoi, les cheminots CGT et Sud-Rail ont reconduit ce tric à partir du 6 avril. Et ce samedi 17 avril, c’est effectivement le onzième jour de grève. À Lyon, alors que les roulants ont fait grève dès le 6 avril sans arrêt, les agents de gare l’avaient stoppé un moment, mais ont repris aussitôt après la rencontre avec la direction régionale du 15 avril qui n’a rien donné. En effet, la direction de la SNCF s’enfonce dans un positionnement imbécile, sans issue pour elle. Après avoir répété de façon méprisante « pas de négociation pendant la grève » (ce qui a conduit à la généralisation du mouvement), alors que la grève est vraiment le seul moyen de négocier lorsque tout a été tenté auparavant, elle veut maintenant faire croire à des négociations par régions. Mais le constat est unanime à la suite de ces réunions régionales : « il n’est pas question de négociation du côté de la direction ». Il n’y a aucune proposition de la part de la direction. La colère monte, Pépy doit négocier ! Quand on en est à la 2e semaine de grève nationale, il est ridicule de persister, car la fin d’une grève passe inévitablement par une négociation.

Le gouvernement, par l’intermédiaire des médias bourgeois, préfère, lors de cette grève, opposer les voyageurs aux cheminots en annonçant pour décrédibiliser les cheminots grévistes que 9/10 des trains vont circuler ce qui n’est manifestement pas la réalité, surtout sur Lyon, en annonçant des trafics de trains pour le lendemain qui ne pourront être tenus !

Voilà ce que seraient les conséquences pour les cheminots, mais aussi pour les usagers de ces projets gouvernementaux et de la direction de la SNCF : des trains supprimés, une maintenance différée, un manque de réactivité (par exemple lors des intempéries...), des problèmes au niveau de la sûreté dans les trains, une augmentation considérable des heures supplémentaires (alors qu’en 2009, il y a déjà eu 19377 jours d’heures supplémentaires, ce qui correspond à 271 emplois), une augmentation des postes nécessaires non tenus, une détérioration des conditions de travail, des stages de formation professionnelle annulés ou différés...

Cette politique déterminée de suppressions massives d’emplois à la SNCF a conduit la direction à créer des Espaces Mobilité Emploi (EME) dans chaque région. C’est en fait un PLAN SOCIAL déguisé, éventuellement au profit de Véolia, Kéolis ou d’autres multinationales...

Cette politique déterminée c’est la dernière ligne droite avant la privatisation !

Déjà la SNCF a abandonné le fret (le voyage des marchandises) ce qui va conduire à mettre sur la route près de 300.000 camions supplémentaires, entraînant une augmentation considérable des pollutions atmosphériques, contrairement aux conclusions du Grenelle de l’environnement. Et là où des entreprises privées reprennent cette activité, elles sont parfois obligées de louer des wagons à la SNCF... C’est vraiment n’importe quoi !

La SNCF crée un cloisonnement complet des services en vue de passer le marché clés en main à des entreprises privées. Cela entraîne un gaspillage considérable, tout en désorganisant les filières SNCF qui ont fait leur preuve. On peut prendre un exemple qui s’est passé avant la grève : un conducteur SNCF de Lyon-Vaise a dû prendre un taxi pour aller mettre à l’arrêt selon les normes en vigueur une locomotive à la gare de triage de St Germain au mont d’Or, qui est désormais concédée uniquement au fret, car personne n’était en mesure de le faire sur place. Un autre exemple qui montre le ridicule de cette politique : un wagon de fret est tombé en panne à Belleville, et comme personne de l’entreprise de fret ne pouvait le réparer ce sont des mécanos SNCF qui ont pris sur eux de le dépanner pour éviter que ce wagon reste indéfiniment au milieu d’une voie de passage ; et bien ils se sont fait reprocher par la direction de l’entreprise de fret qu’ils n’avaient pas à faire ça et que de toute façon ils ne seront pas payés pour ce dépannage de wagon !

Sur le piquet de grève, des cheminots ont tenu à montrer leurs fiches de paie qui ne sont d’ailleurs pas beaucoup plus grosses pour certains que celles de Smicards, alors qu’ils bossent en horaires décalés (de jour ou de nuit en changeant d’horaires souvent) et maintenant sans avoir la sécurité de l’emploi. Et contrairement à ce que disent les médias bourgeois, tous les jours de grève sont décomptés, on le voit bien sur les fiches de paie, y compris les week-ends...

Soutenons les cheminots grévistes, conservons le service public !

Les cheminots grévistes CGT et Sud-Rail exigent :
- l’arrêt des suppressions d’emplois à la SNCF
- l’embauche nécessaire pour l’amélioration du service et des journées de travail
- l’arrêt de la restructuration par tranches (fret / voyageurs TER / voyageurs TGV...) et le retour de l’organisation par métiers
- l’abandon des gares-établissements de monoactivité (comme à St Etienne, où pour privatiser, on a regroupé guichetiers, mécanos, personnels de traction et contrôleurs, ce qui complique tout, supprime des postes actuellement nécessaires d’encadrement et entraîne du gaspillage !)

P.-S.

Déjà les cheminots lyonnais se sont fait remarquer lors de la Résistance au nazisme en 1942 en étant les premiers à faire grève, alors que c’était strictement interdit. Voir cet article de Rebellyon : Octobre lyonnais en 1942 : « Pas un homme en Allemagne ! »

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info