Les salariés grévistes dénoncent la perte de sens du travail qui s’accentue à travers la grille horaire (coupés, diversité des plages d’intervention, ne respectant pas les besoins des résidents et des salariés).
Nous demandons la reconnaissance perdue de notre parole.
Des résidents sont partis dans l’urgence en séjour durant cette grève. Que leur séjour ne soit pas facturé sur leur argent personnel !
- Nous revendiquons auprès de la Direction :
* le retour immédiat du rythme d’un week-end sur trois ;
* le paiement des heures de nuit ;
* 6 jours de congés trimestriels reconnus pour le personnel de service avec horaire d’internat ;
* le retour à la demi-heure de forfait hebdomadaire ;
* une gestion protectrice et préventive de la violence : cahier de petits accidents ;
* le paiement des heures de grève, et une prime de compensation pour les CDD n’ayant pas accepté de remplacement durant la grève ;
- Nous revendiquons auprès du Conseil général :
* le paiement des heures de nuit heure pour heure, tel que l’exige la directive européenne de 1993, respectée depuis plusieurs années dans tous les établissements de la Sauvegarde du Rhône, exceptée à l’Échappée ;
* la création de postes en CDI à la hauteur nécessaire pour le paiement de ces heures de nuit. ;
* la création d’un poste en CDI pour les remplaçants par groupe de vie ;
* la fin de la déqualification : on nous dit qu’il y a moins de postes concernés par cette déqualification. Pourquoi les derniers partants ne sont pas remplacés en CDI poste pour poste ?
* une ré-interrogation de la restructuration avec l’avis des salariés sur la base du projet collectif : trois sites, groupes de sept…….etc
28 personnes présentes pour la première assemblée des grévistes. Ce chiffre est énorme compte tenu que seules 4 personnes, parmi le personnel titulaire ayant fonction éducative, n’ont pas encore participé à la grève.
Cependant, la Direction n’a pas hésité à faire appel à des CDD déguisés en remplaçants d’arrêts-maladie. Ceci n’est pas légal. Elle a aussi organisé des vacances forcées pour certains résidents. Les familles ont aussi été mises à contribution.
Malgré tout, le moral était excellent ce matin. Les grévistes ont fait un travail sérieux, mais exprimaient un sentiment de soulagement ou de libération à enfin dire NON. La mine triste des non grévistes nous a rappelé l’état dépressif et soumis dans lequel nous avions nous-mêmes glissé depuis de longs mois. Nous continuons à inviter tous les retardataires à nous rejoindre pour renforcer la lutte.
Quelle que soit l’issue de cette grève, nous savons déjà que notre action de résistance va stopper un mépris à notre égard qui allait croissant.
Nous avons donc construit une liste de revendications en deux feuilles distinctes : une pour les élus du Conseil Général et l’autre pour notre Direction.
Certains, à l’appel de la CGT Sauvegarde, vont faire une grève de soutien mardi matin. Nous les invitons en fin de matinée à venir nous rencontrer pour échanger sur nos problèmes communs, spécifiques à la Sauvegarde.
Nous remercions tous les salariés de la Sauvegarde et de tout le secteur qui nous ont exprimé leur soutien. Nous invitons tous ceux qui le souhaitent à venir partager au centre de la place de Condrieu, place du Marché aux fruits (place devant l’Echappée) un petit mâchon autour d’un feu ce jeudi soir 13 Septembre, à partir de 18h30. Tant que notre action durera, nous renouvellerons cette invitation pour les jeudis suivants.
Une délégation doit rencontrer mardi 11 septembre à 10h45 la Direction de l’Échappée pour un premier point sur nos revendications.
Une autre délégation va rencontrer Gabriel Montcharmond, maire de Condrieu et élu PS du Conseil général afin qu’il nous mette en rapport avec des élus, négociateurs potentiels.
Enfin, chaque jour à 9 heures, les grévistes se retrouvent une nouvelle fois pour l’organisation de la grève et réfléchir sur l’évolution éventuelle qu’il serait bon de lui donner.
Exprimons notre soutien à Daniel Rossi, délégué syndical CGT de l’ADSEA de l’Ain, qui vient de recevoir une convocation pour licenciement. Nous proposerons au collectif en grève de l’Echappée de témoigner sa solidarité.
Qu’est-ce que l’Échappée ?
L’Échappée est un foyer d’accueil médicalisé qui depuis plus de 20 ans, dans la région de Condrieu (sud du Rhône) accompagne 42 adultes souffrant de psychoses infantiles. L’Échappée dépend d’une association qui s’occupe d’une quinzaine d’établissements : c’est la Sauvegarde du Rhône (A.D.S.E.A.).
Le Conseil général du Rhône finance l’hébergement des résidents (2/3 du prix de journée) et la DASS finance les soins (un tiers).
Au regard du bon sens et au regard des professionnels, l’accompagnement des résidents à l’Échappée est pertinent. 365 jours sur 365, l’établissement offre une vie en petits groupes de 7 personnes, dont la moitié dans des maisons indépendantes.
Autonomie, intégration dans des villages, mouvement ou lutte contre l’immobilité, apprentissage de la séparation, équipes pluridisciplinaires et réflexion collective sont les atouts élaborés à l’Échappée.
Le secteur médico-social évite pour de nombreuses personnes handicapées une vie en milieu hospitalier coûteuse et la plupart du temps, inutile. Encore faut-il que les moyens soient suffisants pour générer des projets dignes de notre époque et de notre pays.
Pourtant depuis 15 ans, l’Échappée se heurte à l’unique attente des financeurs : une réduction des coûts.
Les familles des résidents et les professionnels, confrontés au quotidien au mystère de l’autisme, doivent également affronter un mur d’incompréhension de la part de la Sauvegarde. Les financeurs font pression sur cette association dont les bénévoles souvent très âgés sont pétrifiés par la perspective d’un déficit budgétaire.
Aujourd’hui, il est demandé aux salariés d’accueillir 5 groupes de 8 personnes sur deux sites différents, ce qui signifie la disparition de deux résidents et la fermeture de 3 maisons hébergeant chacune 7 résidents.
En terme de respect des personnes et de projet individualisé, l’Échappée a été précurseur : aujourd’hui, alors que la loi 2002 commence à s’imposer, l’établissement doit-il faire marche arrière ? Doit-il organiser un savant repli...autistique ? Quelle ironie !
8 résidents au lieu de 7 par groupe, c’est franchir une barrière impossible au niveau de la quantité de travail auprès de ces personnes : leur accompagnement mental et matériel est de tous les instants. Le seul moyen d’appliquer cet anti-projet serait de cloisonner les tâches et d’établir une sorte de travail à la chaîne. Il nous faudrait des résidents objets. Or, nous avons depuis le début de l’Échappée la prétention de les reconnaître comme sujets.
Un retour en arrière dramatique est en jeu : les financeurs, en échange de cette mise au pas éducative, proposent de construire des pavillons confortables respectant les normes. Certes, des locaux neufs sont indispensables à Condrieu. Chaque résident aura un chambre de 25 m2 avec un cabinet de toilette (dont aucun ou presque ne saura faire usage). Mais pourquoi ces locaux neufs doivent-ils être concentrés, alors que les maisons indépendantes étaient une avancée ? La vie ne s’accommode pas de prisons, même dorées.
Les personnes souffrant de handicap et les citoyens ordinaires ont besoin les uns des autres, ils ont besoin de se rencontrer, même si le premier contact est contraignant pour chacun. Le « projet de confinement » rédigé par nos financeurs va mettre à mal cet effort de rapprochement. C’est une trahison pour les résidents de l’Échappée.
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