Le manifeste du CLAS !! Première partie

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Voir donc aussi Le manifeste du CLAS !! Deuxième partie

Si vous désirez nous rejoindre, nous proposer des idées d’actions et/ou de réflexions, ou tout simplement nous rencontrer, vous pouvez nous contacter : clas(arobase)no-.log.org

Le manifeste contient une dizaine de textes qui sont des réflexions sur des thèmes attenants aux sexismes : genre, pouvoir, éducation, pudeur....

Dans cet article, nous vous proposons les 4 premières rubriques :

    • présentation du collectif,
    • le pouvoir,
    • le genre,
    • l’éducation.

La suite du manifeste, c’est à dire "Le langage", "les sexualités", "la pudeur", "la prostitution", "le privé est politique" et "Mixité/Non Mixité" se trouvent sur la brochure téléchargeable au bas de l’article et seront publiées sur Rebellyon prochainement.

Bonne lecture !

Le CLAS !!

Présentation du collectif

Né en juin 2006, le Collectif Libertaire Anti-Sexiste est un collectif d’individus. Nous nous sommes réuni-es car nous voulons créer un outil de lutte contre le sexisme et le patriarcat, et nous ne nous retrouvons pas dans les organisations et collectifs
présents sur Lyon. Le CLAS !!, collectif mixte - car tous les êtres humains quel que soit leur genre subissent le sexisme - est anarchiste : nous refusons tous les rapports de pouvoir et de domination quels qu’ils soient.

De notre première réunion est ressortie une envie commune d’organiser des actions mais aussi de construire une réflexion collective. Nous avons choisi de commencer par poser des bases théoriques claires et en prise avec le réel. Elles nous serviront de support pour les actions à venir. Pendant plus d’un an, nous avons partagé sur une dizaine de thèmes dans le but d’écrire ce manifeste. Il nous parait important de prendre le temps qu’il faut pour arriver à des textes aboutis et nous convenant à tous et toutes. De plus cette étape de recherche et de partage est très enrichissante pour nous tous et toutes : chacun-ne met en commun ses idées et son expérience individuelle pour arriver
par la discussion et le consensus à des positions commune.

Pour la suite, le but du collectif est donc de diffuser ces idées (par le biais de ce manifeste par exemple), d’organiser des actions -débats, rassemblements,etc., et de continuer notre travail de réflexion en parallèle en approfondissant d’avantage chaque thème.

Le pouvoir

La domination patriarcale conditionne toutes les autres. En effet c’est la première forme de hiérarchie que rencontrent les humains. Le sexisme agence les désirs et les transforme en envies. On consent à un rôle dominant/dominé, prédéterminé
par notre genre. Ainsi il apparaît naturel que les autres rapports sociaux soient organisés selon un modèle dominant/dominé. C’est pourquoi le système patriarcal est l’un des piliers du système capitaliste : il est le premier maillon de la « culture » de l’inégalité. Il prépare à l’acceptation d’autre forme de domination. C’est pourquoi la lutte antipatriarcale et la lutte anticapitaliste sont à mener conjointement. Il ne suffit
pas de vouloir abattre le capitalisme et le patriarcat à travers les patrons et l’ordre moral, encore faut il changer les comportements ici et maintenant.

Rejeter le système patriarcal, c’est détruire toutes les formes de domination et donc de pouvoir.

Par ailleurs, il nous paraît essentiel que dans une société autogérée, il n’existe aucun rapport de domination même sous sa forme la plus intime.

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Le Genre

Le genre ou sexe social est un ensemble de normes, basé sur la forme des organes génitaux, que l’on s’impose et que l’on impose aux autres dans le but de correspondre à une identité sociale masculine et/ou féminine. Ces normes sociales cloisonnent les êtres humains dans des rôles prédéfinis : par exemple, celui de l’homme viril, violent, supérieur physiquement et intellectuellement, celui de la femme coquette, douce, et inférieure à l’homme, ou encore celui de l’homosexuel qui additionne des caractéristiques dites « masculines » à d’autres dites « féminines » et qui est jugé, lui aussi, inférieur aux « vrais » hommes.

Pourtant, les caractéristiques que peut avoir une personne ne sont ni masculines ni féminines. Elles font partie de l’immense potentiel présent dans chaque être humain qui se décline en un nombre infini de variations. Ces variations sont étiquetées par l’idéologie dominante comme féminines ou masculines. Il en découle l’institution de catégories qui induisent l’assignation des personnes dans une classification hiérarchique.

L’assimilation de ces rôles stéréotypés commence dès la naissance. Tout d’abord par l’attribution d’un prénom sexué et par celle d’une couleur (rose pour les filles, bleu pour les garçons). Ensuite le langage, les vêtements, les jouets, la TV, la littérature enfantine et les contes véhiculent pratiquement tous les mêmes stéréotypes sexistes. Autant de schémas que l’enfant assimilera rapidement, surtout s’ils sont respectés par ses parents.
Le premier endroit de socialisation et d’apprentissage étant, bien évidemment, la sphère familiale. La plupart des parents apprennent toujours aux petites filles à ne pas se salir, et aux petits garçons à ne pas pleurer.... Ce processus de conditionnement mental ne s’achève pas là, il se poursuit tout au long de la vie à travers tous les espaces de socialisation (école, loisirs, travail, ...). Une multitude de vecteurs présentent la domination/aliénation induite par le genre comme la norme à laquelle il faut se conformer : l’État et les pouvoirs publics, le cinéma, la prostitution..., et surtout la publicité. En réalité, la féminité et la masculinité ne sont que des constructions sociales subjectives alors qu’elles sont présentées comme objectives. Refuser cette prise de conscience et/ou la considérer comme secondaire est un refuge aliénant. Ce système de pensée s’organise autour d’un processus de classification hiérarchi que des comportements, des objets, des concepts, des métiers, etc. Il est à la fois la cause et la conséquence de notre acceptation de la domination.

Ces rôles sociaux sont des carcans qui emprisonnent violemment chacun-une de nous. Ils entravent nos capacités à nous exprimer, agir et réfléchir de façon libre et assumée. Nous ne pouvons être libres si nous sommes enfermé-es dans des normes comportementales.

Comment déconstruire le genre ?

Le but de cette déconstruction est d’arriver à une société composée de personnes uniques et non d’individu-es appartenant à des catégories identitaires. Au niveau individuel, la démarche de déconstruction du genre commence par la prise de conscience qu’il est un système de catégorisation fondamentalement hiérarchique (et donc aliénant) et par l’identification de ce qui, chez soi, est normé et de ce qui ne l’est pas. Pourquoi est-ce que je fais ou pense telle ou telle chose ? Est-ce que je ferais de même si j’étais d’un autre genre ? Est-ce réellement un choix induit par un désir personnel ou suis-je influencé-e par mon genre ?

Une fois analysés, la personne peut faire le tri entre ses comportements, genrés certes, mais avec lesquels elle se sent bien, et qu’il ne vaut certainement mieux pas se contraindre à abandonner, et les comportements qu’elle ressent comme une
obligation sociale et contre lesquels elle entrera en résistance.

La déconstruction du genre est une démarche personnelle et collective, basée sur une prise de conscience et une analyse scrupuleuse desquelles doit être exclue toute contrainte. Elle demande une écoute attentive de soi-même et des autres et avant
tout le désir de déconstruire la catégorisation par le genre. Affirmer qu’il suffit de passer d’un genre à l’autre pour dépasser le genre serait admettre cette catégorisation comme une fatalité et l’entériner en s’y conformant. Une personne peut passer d’un genre à l’autre ou s’identifier comme étant entre les deux. Cela peut être important pour elle, et elle est la seule à pouvoir définir les conditions de son bien-être.

Cependant, elle ne sera pas dégenrée tant qu’elle-même et la société identifieront ses caractéristiques comme féminines ou masculines, au lieu d’estimer qu’elles ne sont ni l’une ni l’autre, mais simplement les siennes. Et cela indépendamment de la forme de ses organes génitaux et de celle des personnes avec lesquelles elle a des relations sexuelles. Par conséquent, on ne peut véritablement se dégenrer individuellement.
Ces caractéristiques sont modifiables, car en perpétuelle évolution en fonction des choix (par désir ou par dépit) que la personne fait consciemment ou inconsciemment. Elles sont aussi inaliénables et pourraient, à ce titre, être considérées comme propres à cette personne plutôt que servir de prétexte à son enfermement dans une catégorie.

L’éducation

Définition du dictionnaire Robert : Mise en oeuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d’un être vivant.
À travers l’éducation, ce sont des normes sociales et des valeurs qui sont transmises ainsi que des modèles d’identification. Ainsi, masculinité et féminité résultent de mécanismes forts de constructions et de reproductions sociales. L’éducation se manifeste partout et tout le temps, aussi bien dans la sphère privée que publique.

Sphère Privée

Avant même la naissance, de la part du ou des parents, ou des personnes l’environnant, se mettent en oeuvre des processus d’attente et s’établissent des projections sur l’enfant. Bien souvent, il semble primordial de connaître son sexe pour pouvoir s’adresser à elle/lui de la manière la plus « appropriée » ou « adaptée », pour savoir à qui on va avoir à faire et donc mieux préparer son arrivée (couleurs et formes des vêtements, des éléments de décorations...). Tout concourt donc à ce que de cette « prééducation » découlent chez l’enfant les attitudes et comportements conditionnés en fonction de l’appartenance à l’un ou l’autre sexe. Et qu’arriverait-il donc à l’enfant si l’on ne
s’en tenait pas à cela ?

Ces projections et ces attentes se concrétisent à l’arrivée de l’enfant ; les comportements sont différents avec un bébé fille/garçon. Par exemple, l’allaitement maternel est moins long, et l’apprentissage de la propreté plus exigeant pour les bébés de sexe féminin. Les traits de caractère préjugés en fonction du sexe (calme et passivité chez les filles, action et force pour les garçons) sont créés par les attentions et comportements différenciés des parents et de l’entourage social de l’enfant.

Les relations entre les parents sont essentielles dans la construction psychologique de l’enfant et dans son rapport à soi et à l’autre. C’est l’effet Pygmalion. En outre, selon leur rôle dans l’éducation de l’enfant, et dans le fonctionnement de la maison (tâches ménagères, bricolage...) ils donnent une image de l’homme et/ou de la femme.

Sphère Publique

L’école a une influence très importante dans l’éducation d’un enfant. Elle est souvent synonyme de contrainte, enseigner devient donc commander. En tant que lieu social, elle est un catalyseur de construction identitaire ; les relations avec les autres élèves et avec les enseignant-es contribuent largement à l’intégration des normes sexuées.

Dès l’école maternelle (commençons déjà par nous interroger sur cette dénomination), affichages et étiquetages permettant aux enfants de se repérer sont nombreux et leur permettent bien souvent de se retrouver dans des cases genrées (dessins d’un garçon avec une voiture pour le coin voiture et d’une fille armée d’une poupée pour le coin poupée). Et que dire de la terrible heure des mamans qui renforce encore ce matraquage.

Les outils de travail - manuel, littérature, programme... - ne sont pas non plus impartiaux. Les contenus valorisés sont plus proches du « monde des garçons » et ce sont des modèles et héros masculins qui apparaissent le plus souvent dès le début de
l’apprentissage de la lecture, donnant à voir un univers où les femmes sont les grandes absentes. Les manuels d’histoire, qui ont été faits par des hommes, et pour des hommes, perpétuent l’invisibilité féminine sans donner d’explication sur les raisons de ce vide. Par exemple, ils s’obstinent à qualifier d’universel le suffrage masculin et oublient le plus souvent les grandes figures de femmes.

De même un professeur passera plus de temps avec les garçons qu’avec les filles, ne jugera pas de la même façon un travail équivalent, selon matière et sexe social....

Les disciplines valorisées (sciences, mathématiques, économie) sont présentées comme réservées aux hommes, les filles elles-mêmes sont persuadées qu’elles ne peuvent rien y comprendre. De tous ses pores l’institution scolaire transpire la domination : cette domination ici capitaliste, là sexuée, toujours autoritaire, est masculine. Elle joue un rôle majeur dans la reproduction et la légitimation des inégalités.

Les préjugés sexistes sont très largement relayés par les jouets (aspirateur et poupée contre voiture et atelier de bricolage) ; par la littérature enfantine, par les médias : publicité, dessin animés, films etc. Les prosélytismes religieux plus actifs et présents que jamais, sortant radicalement de la sphère privée, imposent leurs modèles patriarcaux, sans passer par - et parfois même contre - l’éducation parentale. Les amis des parents, les gens rencontrés dans la rue, à la sortie de l’école, les parents des copains copines, les adultes rencontrés et/ou observés sont autant de modèles qui participent à la construction de l’enfant. La plupart de ces modèles étant sexistes, l’enfant s’y conformera.

La relation de pouvoir entre adulte et enfant (l’adulte commande) a pour conséquence la déresponsabilisation de l’individu. Plutôt que d’apprendre à se gouverner soi même pour
vivre en société, il apprend à se conformer à des modèles et des clichés. Il apprend que les rapports humains de pouvoirs et de domination (notamment sexiste) sont les seuls possibles. Il s’y résigne et les reproduit.

Tout contribue donc à donner à l’enfant (et donc à l’adulte qu’il va devenir) un regard sexué sur lui-même et sur le monde qui l’entoure (et à donner par exemple à tel objet, tel comportement, telle opinion... une connotation féminine ou masculine). Le genre étant un système de catégorisation hiérarchique, l’éducation sexiste est donc un pilier de la domination, de l’oppression et de l’exploitation.

Le langage

Outil de construction de pensée, le langage confère à l’individu qui l’utilise un pouvoir sur le monde tout en lui permettant de se construire psychologiquement et socialement. C’est en nommant les choses que l’on peut leur donner réalité. Miroir culturel, il fixe les représentations symboliques, les préjugés, les stéréotypes en même temps qu’il les alimente et les entretient (Marina Yaguello). En tant qu’outil, c’est l’usage qui en est fait qui lui donne un sens. En aucun cas le langage ne peut être neutre et c’est sa subjectivité qui le rend instrumentalisable à loisir. En plus il couvre tous les domaines de la vie : privée, sociale, économique et politique et il y a donc un enjeu considérable à le
maîtriser.

C’est ce que montre l’histoire de la langue française dont la grammaire a été codifiée par des hommes et construite sur l’idée que “le masculin l’emporte sur le féminin”, le féminin étant vu comme passif et le masculin comme actif. Au 17ème siècle,
Vaugelas puis au 18ème son continuateur Bouhours, grammairiens de leur état, clament que le genre masculin est le plus noble et prévaut tout seul contre plusieurs féminins. Avec Bescherelle au 19ème siècle, le masculin est la référence par excellence à partir de laquelle on apprend à former le féminin. Ainsi depuis toujours, dans les grammaires et les dictionnaires, le masculin passe pour l’absolu existant et le féminin pour un ajout artificiel qui dépend du premier et lui est soumis. Ce présupposé du masculin premier est aujourd’hui complètement et entièrement intériorisé, la norme basée sur cette règle étant devenue une évidence. Le langage pose donc la toute puissance du masculin comme postulat et son usage renouvelle cette idée à chaque instant légitimant ainsi la domination et l’oppression d’une catégorie par l’autre.
Dans l’expression "Madame le ministre" par exemple, on sous-entend que la normalité de cette fonction implique d’être un homme.

De plus de nombreux noms de métiers deviennent péjoratifs une fois mis au féminin, alors qu’il sont plutôt gratifiants au masculin : docteur/doctoresse, cuisinier/cuisinière.... On peut aussi constater la persistance de formulations, présentes notamment dans les
formulaires administratifs, qui indiquent un lien direct entre l’identité d’une femme (infantilisée) et sa situation maritale (mademoiselle, nom de jeune fille...).

En ce qui concerne la désignation des humains, le genre est la seule catégorie qui renseigne sur un caractère abstrait de celui ou celle dont il est question : son sexe, son aspect de femme ou d’homme (contrairement au nombre par exemple qui lui renvoie à du concret). Ce caractère est tellement présent et pesant qu’il influence même la connotation des noms de référents non humains et/ou inanimés. Un nom d’objet de genre féminin peut être détourné de sa signification première pour donner une
valeur moindre que son équivalent de genre masculin (ex. : camion, camionnette).

Le masculin l’emporte donc sur le féminin parce qu’il est de genre masculin et non parce qu’il est de sexe masculin, la symbolique permettant que se perpétue la domination. L’idée du masculin qui possède (historiquement, la possession de la terre est liée au privilège de masculinité) continue à fonctionner (bien qu’abolie juridiquement en ce qui concerne la terre) même quand le masculin n’est pas relié à une caractéristique anatomique. À travers le langage, se transmet chaque jour, l’idée de la toute puissance du masculin possesseur des biens, parmi lesquels les femmes et les enfants, donnant l’impression d’un ordre naturel du langage comme de la société.

Au delà de la grammaire, la langue française recèle énormément d’expressions sexistes, dont certaines sont d’usage courant et socialement acceptées : les termes « sexe faible » et « sexe fort », « se refaire une virginité, garçon manqué, femmelette, bonne à marier », ... Tout comme les noms péjoratifs donnés au femmes : « rombière, gonzesse, pépée.... »
De plus, la majorité des insultes ont une signification sexiste. « Con », tout d’abord dont le sens littéral est sexe féminin. « Salope, pétasse, marie-couche-toi-là », qui désignent des femmes qui ont beaucoup de rapports sexuels, ou qui séduisent de façon explicite et ne répondent pas à l’ordre moral établi. L’insulte « pédé » bien que profondément homophobe est excessivement courante. Le terme « enculé », utilisé comme insulte, sous-entend que se faire sodomiser est honteux et place la personne en position de soumission, tout comme les expressions se faire « baiser, niquer... »
Dans la vie quotidienne, pratiques langagières et comportements sociaux se nourrissent les uns les autres. L’imprégnation du sexisme dans la langue installe très tôt l’apprentissage des rôles sociaux sexuellement différenciés et à l’inverse, l’assignation à un rôle social conditionne aussi notre manière d’utiliser le langage.

Un espace de discussion est presque toujours une sorte d’affrontement, plus ou moins violent, où rentrent en compte énormément de rapports de domination : liés au sexe, comme à l’âge, à la position sociale, à la nationalité, à la culture, etc... Le langage qui permet de s’exprimer place celui ou celle qui s’en sert en position de pouvoir. Or pour garder ce pouvoir il est nécessaire de contrôler la parole des autres. Hommes et femmes réuni-es en un même lieu ont des attitudes langagières différenciées.
Les premiers dominent souvent les dernières, domination qui se manifeste par exemple par le fait de couper la parole, de monopoliser le discours, de ne pas écouter ou ne pas prendre en considération les paroles des femmes... ou encore par l’utilisation de gestes, d’intonations de voix, d’un débit particulier... éléments qui asseyent la force virile des hommes. Ce comportement est complémentaire de celui des femmes qui tendent généralement à plus écouter lorsqu’un homme parle, à se laisser plus facilement couper la parole, à moins s’imposer dans une discussion, etc...

Le langage et les attitudes sont extrêmement liés. Un individu éduqué dans le genre masculin aura plus facilement tendance à parler fort, à s’asseoir en écartant les jambes et en prenant plus de place que celle qui lui est attribuée. Ainsi qu’à marcher de façon très assurée voir agressive etc... Toutes ces attitudes correspondent aux principes fondateurs du genre masculin : la domination/appropriation et la violence. Alors que ceux du genre féminin sont passivité et soumission. Ce qui conduit la majorité des femmes à prendre le moins de place possible que ce soit en volume sonore ou en espace physique.

Le langage est bien une construction sociale et politique liée à un contexte et à une idéologie. Par là même et parce qu’il est un outil, il est un vecteur des valeurs et constructions dominantes de notre société (comme celles liées au genre) et par
conséquent de l’oppression qui en découle. Il s’agit donc de le transformer pour en faire un outil d’émancipation qui ne figerait plus les individu-es, les êtres et les choses dans des catégories réductrices et destructrices des potentialités.

Une langue sans genre qui parle d’individus uniques et tous différents et non d’hommes, de femmes et de valeurs féminines ou masculines. Cette transformation ne peut pas se faire d’un coup et nécessite une évolution des mentalités conséquente.
Le premier pas peut être de faire le choix lorsque l’on s’exprime, particulièrement à l’écrit, de féminiser les termes qui sont exclusivement masculins, et d’utiliser le plus souvent possible des termes épicènes (non genrés). De façon à faire prendre conscience petit à petit que le masculin n’est ni universel, ni dominant, et de s’adresser à l’ensemble des personnes (politiquement, utiliser uniquement le masculin signifie s’adresser à la moitié de la population seulement ). Plusieurs façons de féminiser à l’écrit sont possibles, parenthèses, tiret, E majuscule, etc... elles ont toutes des avantages et des inconvénients, tant au niveau de la symbolique que de la lisibilité. Il s’agit donc de faire un choix mais dans tous les cas la démarche est importante.

Pour ce manifeste nous avons donc décidé de privilégier les termes épicènes, et si ce n’est pas possible, d’utiliser le double mot (acteur/actrice) ou le tiret.

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À suivre...

Pour lire la suite sans attendre, imprimez ou téléchargez la brochure ci-dessous :

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Manifeste du CLAS !!

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