Depuis 10 heures du matin ce vendredi 14 décembre, une soixantaine de personnes venues de toute la France occupe la Commission Nationale Informatiques et Libertés (CNIL) à Paris, 8 rue Vivienne, et annonce sa dissolution.
Le temps des marchands de sable est passé
Depuis sa création en 1978, la CNIL n’a cessé de faciliter et de légitimer l’exploitation numérique de nos vies.
Main dans la main avec les gouvernements et les industriels, elle a concrètement travaillé à ce que l’inacceptable semble acceptable, en réduisant la liberté au contrôle des flux informatiques. Sa mission a consisté à endormir toute critique et toute révolte, en jugeant à notre place et en notre nom de ce qui pouvait porter le nom de liberté.
Loin de « protéger les libertés » comme elle le prétend, la CNIL favorise le développement du contrôle policier des populations via les nouvelles technologies dites « de l’information et de la communication » (TIC) : prolifération des fichiers policiers, vidéosurveillance, biométrie, fichage ADN, puces RFID, passeport biométrique, traçabilité des internautes, etc. « Les Français devront accepter un affaiblissement des libertés individuelles afin de renforcer la sécurité collective » : nous dit la CNIL en 2005.
Nous contestons la fonction prétendument protectrice de la CNIL, simulacre de contrepoids indépendant entre le pouvoir et les citoyens. Cet organe administratif avec ses 17 membres tous grands commis de l’État, ne mérite ni moyens ni compétences supplémentaires, mais sa dissolution pure et simple.
Les occupants comptent s’installer quelque temps dans les locaux de feu-la-CNIL afin de concrétiser leurs objectifs :
le bannissement de la biométrie et des puces RFID,
l’abolition de la vidéosurveillance sous toutes ses formes,
le démantèlement des fichiers de police (STIC [1], FNAEG [2], JUDEX [3], etc),
l’abolition de la carte d’identité
Carte d’identité : danger, et CNIL inutile, sauf pour faire passer la pilule
Expliquons-nous
Contrôle, surveillance et traçabilité sont désormais un mode de vie. C’est le fichage systématique : STIC, FNAEG, VELIB’ ou NAVIGO’. C’est l’accompagnement permanent : téléphone portable ou GPS. C’est le regard perpétuel : vidéosurveillance ou cookies. Ces nouvelles technologies, en pénétrant toutes les activités humaines, ont rendu l’anonymat obsolète.
Beaucoup se contentent de l’illusion d’être, grâce à la gestion électronique, protégés contre le voisin pédophile, les retards de trains, les agressions inopinées. Bien peu réalisent que cette sécurité totale — et totalement fantasmée — contre le temps perdu et les évènements fortement improbables, se paie d’une vulnérabilité inédite à l’égard de l’État et des entreprises.
La France d’aujourd’hui, c’est pour certains une grande prison, pour d’autres une vaste garderie, c’est en tout cas un traitement continu de la population, tantôt bien traitée ou maltraitée, mais certainement toujours gérée. Nous ne sommes plus que « des chiffres dans des graphiques que dressent des imbéciles ».
Les industriels et l’État ont fait de nous les jouets de la marchandise numérique, devenue un mode de vie incontournable. Incontournables ainsi, ses effets dévastateurs sur la santé et l’environnement, depuis les ondes électromagnétiques jusqu’à la pollution inédite générée par ces milliards de gadgets. Inévitables, ses effets délétères sur les relations humaines, disloquées par les sollicitations permanentes des machines, et
prisonnières d’une tyrannie de la nouveauté qui rend nos grands-parents, et parfois nos parents, « complètement hors du coup ».
De 1978 à 2007, la CNIL fut l’instrument privilégié de cette progressive réduction en esclavage, qu’elle facilita considérablement, en la présentant comme nécessaire et conforme à la liberté.
Rejoignez-nous au 8, rue Vivienne, pour discuter informatique et libertés
(métro Bourse ou Pyramides).
Groupe Oblomoff, Pièces et Main d’Œuvre, Mouvement pour l’Abolition de la Carte d’Identité (MACI), Halte aux puces !, Coordination contre la biométrie, Souriez, vous êtes filmés ! & compagnie
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