MEXIQUE : violente répression et criminalisation des mobilisations

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Mexico DF. 22 novembre. Aujourd’hui, le Bureau du Procureur général de la République (PGR) a inculpé les 11 individus arrêtés de manière arbitraire aux alentours du centre historique de Mexico suite aux mobilisations dans le cadre de la Quatrième « action globale pour Ayotzinapa » qui a eu lieu le 20 novembre dernier. Lors de cette journée les manifestants ont demandé la présentation en vie des 43 étudiants normaliens enlevés par la police municipale à Iguala le 26 septembre dernier (voir Mexique : 43 étudiants portés disparus )

[MAJ 29/11 : Les 11 inculpés ont été libéré, « faute de charges », mais surtout grâce aux différentes mobilisations qui ont fait pression sur l’État]

Après 18 heures de détention au Bureau du procureur adjoint chargé des enquêtes spéciales sur le crime organisé (SEIDO), les trois femmes et les huit hommes détenus ont été inculpés pour les délits d’association délictueuse, participation à une émeute et tentative d’homicide sous l’enquête préliminaire PGR/SEIDO/UEITA/194/2014, signée par le Ministère Public de la Fédération, Sinué Domínguez Campos, rattaché à l’Unité spécialisée dans la recherche sur le terrorisme, le rassemblement et le trafique d’armes.

Selon les informations collectées, ils ont subi des coups avant d’être arrêtés arbitrairement, car en aucun cas il existe des preuves contre eux concernant les délits dont ils sont accusés. Certains d’entre eux n’ayant même pas participé à la manifestation massive qui a eu trois points de départ : le monument de l’Ange de l’Independence, le monument à la Révolution et la Place des Trois cultures à Tlatelolco. Cependant, la police les a arrêté uniquement du seul fait de leur présence dans le Centre historique, même pour des raisons étrangères à la manifestation.

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Des avocats, de différentes organisations et des parents de ces individus ont dénoncé de graves violations à la procédure, étant donné que, en plus d’avoir été arrêtés de manière arbitraire, la plupart d’entre eux ont été présentés devant le Ministère public plus de 12 heures après leur arrestation. Pendant ce temps, leurs familles et amis ignoraient le sort des détenus. De même, le travail de défense légale a été entravé par les autorités : la PGR les détient en isolement, des avocats commis d’office leur ont été imposés et on leur a empêché de s’entretenir avec les avocats de leur choix et de confiance.

Etant donné leur isolement, les familles de ces individus ignorent leur état de santé, s’ils ont reçu ou non une attention médicale adéquate et si l’expertise, imposée par la loi, concernant leur état au moment de leur arrivée à la SIEDO, a été réalisée.

Après la consignation, les détenus ont été déplacés vers des prisons fédérales loin de la capitale. Les femmes ont été déplacées à la prison de femmes de Tepic, dans l’état du Nayarit (où la très célèbre « Reine du Pacifique », accusée de trafique de drogues, à été détenue) et les hommes à la Prison Fédérale de Villa Aldama, dans l’état de Veracruz.

Les gens ayant subi une réclusion dans des prisons fédérales expliquent que toutes les inspections subies à leur arrivée violent les droits de l’Homme ; que les prisonniers y subissent un traitement cruel, inhumain et dégradant, et qu’elles sont contraires à l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus et, de manière générale, contraires aux Droits de l’Homme.
Selon le Comité Cerezo, le protocole d’incarcération consiste à dénuder les détenus, leur faire une fouille anale, à leur faire faire des sauts accroupis et des bains de bouche, à les intimider avec des chiens entraînés, en plus des cris et des injures. Les conditions deviennent plus graves lorsqu’il s’agit d’individus ayant été arrêtés pour des raisons politiques. Pour plus d’information, consultez le lien suivant : http://comitecerezo.org/spip.php?article1966

Par ailleurs, la distance géographique rendra encore plus difficile leur défense juridique. Elle empêche le contact entre les détenus et leur famille. Cette situation viole également les standards internationaux.

La suite sur Collectif Masde131

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Témoignage d’un étudiant arrêté et rackété à Mexico le 20 Novembre

Je suis un étudiant, et je ne souhaite pas donner mon nom car la police a pris mes coordonnées et je crains pour ma sécurité et celle de ma famille.
Je suis l’une des personnes arrêtées lors des événements de Zaragoza ce 20 novembre, lorsque nous sommes sortis pour exiger le retour en vie de nos camarades normaliens d’Ayotzinapa.
Mon récit commence entre 13h et 13h30, j’ai été arrêté sur l’avenue Ignacio Zaragoza.
Alors que je marchais aux côtés d’un groupe d’étudiants, un CRS ou un policier s’est jeté sur moi, sans crier gare. (L’officer de police qui m’a arrêté ensuite m’a confirmé qu’il s’agissait d’un policier et non d’un CRS).
Bref, j’ai été renversé par un, puis un autre policier, je ne pouvais pas courir, j’ai perdu mes lunettes qui sont tombées dans ma chute, puis des CRS sont arrivés et ont commencé à me donner des coups de pied sur la tête, les jambes, les fesses et le thorax. Je n’ai opposé aucune résistance.
Je me suis alors aperçu qu’un autre policier était arrivé et a calmé ses collègues et ils ont un peu arrêté les coups, à l’exception d’un couple de policiers qui continuaient de me donner des coups de pied sur la tête. A ce moment-là, ils se sont querellés entre eux, ce qui a au moins mis fin aux coups.
On m’a soulevé et porté dans une voiture de police, un CRS a mis la main dans la poche gauche de mon pantalon pour me voler mon portable. Une fois dans la voiture, ils m’ont passé au peigne fin, m’ont enlevé mon portefeuille pour prendre l’argent qui s’y trouvait, ils m’ont pris les 150 pesos que j’avais sur moi, m’ont enlevé mon sac, et ils ont noté mes coordonnées qu’ils ont trouvées sur mes documents d’identité.
Ils m’on ensuite menacé en me donnant des coups sur les côtes, je n’opposais aucune résistance car je savais que j’étais en position de faiblesse à la merci de trois policiers dans la voiture, et j’entendais d’autres policiers dehors, qui me frappaient sur la tête violemment. Je les ai vu « semer » dans mes affaires de l’essence, des pétards et des gants pour me dire que j’étais dans le pétrin car je venais de faire brûler un bus, et que j’étais le seul à avoir en ma possession de l’essence dans mon sac. En réalité, tout ce que j’avais dans mon sac était une bouteille d’eau d’un litre et demi et un sweatshirt.
On m’a retenu dans la voiture de police pendant plus de deux heures, sous la menace, en disant que je devrais payer une caution de 26 mille pesos, que je prendrais pour quatre ans de prison au Reclusorio Norte (prison locale) si j’étais présenté au juge et qu’on m’y enverrai illico.
On m’a demandé le numéro de téléphone d’un membre de ma famille pour leur dire où on allait me transporter ; ils ont demandé à ma famille 9 mille pesos à fournir tout de suite, faute de quoi ils m’emmèneraient devant le juge. Mon parent était bien évidemment effrayé et nous avons attendu son arrivée avec l’argent. On lui a dit que les étudiants avions fait brûler un bus, qu’on était en possession de pétards et de bombes.
J’ai perdu la notion du temps. Ils m’ont enfin relâché.
Enfin, on m’a dit que j’avais été enregistré en vidéo et qu’on verrait pour combien d’années je prendrai en prison.
Je suis arrivé à 20h chez moi, je suis couvert de coups et endolori, mais libre. Merci pour tout.

La suite à lire sur : http://masde131.com/2014/11/le-bureau-du-procureur-general-de-la-republique-a-rendu-coupable

P.-S.

1er texte : Source Collectif Masde131
Traduction Red global de traductores #Ayotzinapasomostodos

2e texte : http://comitecerezo.org/spip.php?article1966

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