Ni oubli ni pardon : 2 000 personnes à Lyon pour Clément

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Plus de 2 000 personnes se sont déplacés jeudi soir à Lyon place de la Comédie pour un rassemblement à la mémoire de Clément Meric, assassiné le 5 juin à Paris par des fascistes. Un rassemblement fort, massif et populaire, qui s’est rapidement transformé en manifestation sauvage à travers la presqu’île. Pour Clément, en échos aux violences fascistes si présentes à Lyon, la solidarité antifasciste s’exprimait.
Clément, on t’oublie pas, le fascisme ne passera pas !

Comme dans de très nombreuses villes en France , un rassemblement était appelé à Lyon jeudi soir, lendemain de l’assassinat de Clément. Dès 18 h, une foule hétérogène a commencé à se rassembler place de la Comédie, devant les marches de l’Opéra. Militants ou non, c’est près de 2 000 personnes qui étaient présentes.

Le mot d’ordre avait circulé, comme à Paris, de n’avoir ni drapeau ni signe distinctif d’organisation, parti ou syndicat, pour éviter les évidentes tentatives de récupérations politiques de cet évènement. Vers 18h30 un cortège d’antifascistes arrive sur la place derrière une banderole « Clément Méric, ni oubli, ni pardon ». La banderole sera ensuite tendue devant les marches de l’Opéra, le temps de quelques slogans : « Justice pour Clément » « Le fascisme c’est la gangrène on l’élimine ou on en crève ». Le rassemblement est chargé d’émotion, le décès de Clément prenant par ailleurs une dimension toute particulière dans une ville où la violence fasciste est récurrente depuis plusieurs années.

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Vers 19h, une prise de parole a lieu, et le texte suivant est lu par des antifascistes lyonnais :

Hier soir Clément Meric est mort des suites de ses blessures.
Blessures infligées par un groupe de skinhead d’extrême droite qui
l’attendait dans le seul but de ’casser’ de l’antifasciste.

Hier soir l’extrême-droite a montré le vrai visage de son projet
politique, la mort.

Clément était un étudiant de 19 ans, militant à Sud et à l’action
antifasciste Paris Banlieue.

Clément se battait avec ses camarades contre les idées racistes,
xénophobes, homophobes, sexistes, réactionnaires de l’extrême-droite.

Clément, parce qu’il avait des convictions politiques et militait pour cela
en est mort.

Ces idées nauséabondes ne datent pas d’hier, mais ces idées ont connues
un regain d’intérêt avec le déferlement de haine récente. Ces idées sont
celles véhiculées depuis la droite populaire au FN, depuis les Jeunesse
Nationaliste aux Génération Identitaire, depuis les Jeunesse Nationaliste
Révolutionnaire aux Antigones. Ces idées tuent. Mais si ces idées ont pu se
propager c’est qu’elles ont été acceptées par la bienveillance des médias et
des autorités. Les médias qui font passer le FN pour un parti respectable,
les médias qui suivent les Jeunesses Nationalistes et leurs laissent des
tribunes nationales sur leurs chaines télévisées. Les pouvoirs publics qui
laissent défiler les fascistes dans les rues de Paris ou de Lyon. Ces
mêmes pouvoirs publics qui renvoient dos à dos l’extrême droite et
l’extrême gauche.

Non messieurs, mesdames, nous militantEs antifascistes n’avons rien
à voir avec ces meurtriers. Ces meurtriers qui comptent déjà 39 agressions
sur Lyon, 500 jours d’ITT, deux tentatives de meurtre à Villeurbanne, un
mort à Paris.

Clément est mort d’avoir voulu défendre ses idées, nous n’oublierons pas,
nous ne pardonnerons pas.

S’en suit une minute de silence, fumigènes allumés devant la foule et des centaines de poings dressés.

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Fascistes assassins, politiciens complices !

C’est ensuite massivement que les participants au rassemblement commencent une manifestation sauvage le long de la rue de la République, plus de la moitié des personnes présentes se joignant au cortège. Précédé d’un drapeau « action antifasciste » porté à bout de bras, la manifestation enchaîne les slogans à la mémoire de Clément et de toutes les victimes de violences fascistes, également contre les politiciens qui, par le racisme d’État et les discours populistes, ont entretenu et fait grandir les idées nauséabondes qui ont amené à la mort de Clément.

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Le cortège s’est rendu jusqu’à la place Bellecour en remontant la rue de la République, avant de repartir en sens inverse le long de la rue Édouard Herriot. Arrivé à hauteur des Cordeliers, le cortège bifurque et s’élance rapidement, en criant des slogans, en direction du Vieux Lyon, que les fascistes se targuent de tenir.

Arrivée au bord du pont Alphonse Juin, la manifestation est bloquée par un rang de gardes mobiles casqués et équipés. Le vieux Lyon étant visiblement « interdit » aux antifascistes, le préfet a depuis longtemps acté et accepté la « possession » des nervis d’extrême droite de cette partie de Lyon.

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Le face à face entre manifestants et gendarmes dure plusieurs minutes sous les « la police protège les fascistes », avant que le cortège ne reparte en direction des terreaux. C’est à son point de départ que finira la manifestation, place de la Comédie où la banderole est pliée au son des « Clément, on ne t’oublie pas ». 200 bougies sont ensuite allumées et placées sur les marches de l’Opéra.

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La situation lyonnaise et notre cher maire...

Alors que le rassemblement se disperse, Gérard Collomb sort à pied de la mairie. Ce dernier a fait une déclaration le matin même, et a rencontré les représentants du Collectif Vigilance 69 avant le rassemblement, mais n’a pas participé à ce dernier. Il n’y aurait probablement pas été bien accueilli.

C’est qu’il aura fallu un mort à Paris pour que le maire de Lyon, ville ou sont pourtant perpétré de façon systématique des violences fascistes depuis près de 4 ans, réagisse, n’ayant jamais bougé un doigt sur la question, ne voulant pas en entendre parler et déléguant le problème à Jean-Louis Tourraine.

Les violences fascistes sont pourtant légion à Lyon. Le CV69 comptabilisait récemment plus de 500 jours d’ITT cumulés, 39 agres­sions et deux ten­ta­ti­ves de meur­tre [1]. L’absence de réaction est criante, le procès de la tentative de meurtre ayant eu lieu à Villeurbanne en janvier 2011 n’a toujours pas eu lieu ! et les agresseurs, clairement identifiés, sont visibles depuis à chaque rassemblement de l’extrême droite.

L’hypocrisie du maire PS de Lyon ne faisait visiblement aucun doute pour les manifestants encore présents puisque ceux-ci se sont rapidement élancés vers ce dernier qui a du être « exfiltré » par la police qui est intervenue dans l’instant. Pas d’arrestations ni de blessés. Reste que le Maire de Lyon n’a eu comme réaction au rassemblement et à la mort de Clément que celle, égoïste et hypocrite, de communiquer le soir même à la presse sur le fait d’avoir été pris à partie [2].

Ce jeudi soir nous étions nombreux présents à la mémoire de Clément, pour assurer de notre solidarité antifasciste ses proches et sa famille, les camarades parisiens et toutes les victimes des violences fascistes. Nous ne savons que trop bien qu’au vu de la situation locale, la victime aurait pu être lyonnaise. Et si c’est à Paris que l’assassinat a été perpétré, nous affirmons avec les camarades de Clément qu’il est à jamais l’un des nôtres.

Ni oubli, ni pardon.

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Notes

[1voir par exemple le récapitulatif sur les années 2010 et 2011 à Lyon, la situation n’ayant fait qu’empirer depuis.

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  • Le 13 juin 2013 à 09:52, par Combi

    Reportage dans le rassemblement lyonnais et retour sur agressions des fachos à Lyon de ces dernières années à écouter dans la dernière Mégacombi de Radio Canut http://audioblog.arteradio.com/MegaCombi/frontUser.do?method=getPost&postId=3056502&blogName=MegaCombi

  • Le 11 juin 2013 à 16:19, par Black List

    La police est venue à la maison pour nous faire retirer une banderole sur notre balcon. dessus était inscrit : « Justice pour Clément » et « Stop au fascisme »
    Un d’eux a cru qu’il était écrit :« Mort au Fascisme » (Je crois qu’il l’a prit pour lui)
    Motif : incitation à la violence et interdiction d’installer quelconque enseigne
    au balcon sous peine d’etre amendable.

    Bravo la justice...

  • Le 7 juin 2013 à 16:08

    Parmi les nombreux slogans de cette manifestation : « Ni oubli ni pardon » ; « Fascistes assassins, police/politiciens complice(s) ! » ; « En avant pour Clément ! » ; « L’Etat ne nous protégera pas » ; « Antifascistes, anticapitalistes/c’est chaud c’est chaud c’est chaud pour les fachos » ; « Clément on oublie pas, le fascisme ne passera pas ! » ; en passant sous une fenêtre ornée d’un drapeau de la manif’ pour tous : « Manif’ pour tous assassins ! », etc

    Un rassemblement puis une manifestation très politique et déterminée, avec la présence de nombreuses personnes non-organisées, où les charognards du PS et du PG n’auront pas eu voix au chapitre... Ça n’enlève rien à notre chagrin, mais ça a quelque chose de rassurant : on peut encore réagir collectivement face à l’horreur, et non par le désespoir et la peur comme les fascistes, les politiciens et les médias le voudraient ; mais la tête haute, et en rappelant qui était Clément, et les idées que nous partagions avec lui, qui continuent à s’exprimer après lui et, aujourd’hui, en grande partie pour lui.

    Sinon des photos de Lyon (et d’autres villes), sur le compte facebook de l’AFA Ireland : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.537694589624195.1073741830.192377537489237&type=1

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