15h30 : Place des Alpes
Il y a comme un flottement. Une partie des manifestant-es notamment du block anti-capitaliste continue à avancer en direction du siège de l’OMC. Une autre partie composée de manifestant-es moins radicaux reste sur la place. Quelques dizaines de mètres derrière nous, trois voitures ont fini de bruler. Les pompiers ont fait leur job.
Quelques tracteurs supportant une sono restent sur la place.
A l’avant, le cortège se fait copieusement gazer.
Après quelques minutes le gros du cortège est complétement disloqué et pas mal de groupes hères dans les rues adjacentes. La manif est officiellement dissoute, le siège de l’OMC ne sera jamais atteint comme prévu initialement. Petit à petit les manifestant-es reviennent en direction de la place des Alpes accompagnés par un important dispositif policier, autopompe en tête. La place est sous contrôle policier, de nombreuses rues adjacentes sont bloquées par les flics. Difficile de reprendre l’initiative dans ces conditions.
Enfin un semblant de mouvement se fait en direction de la gare Cornavin et du parc des Cropettes qui est censé accueillir la fin de manif par un concert.
16h00 : Parc des Cropettes
De plus en plus de gens convergent vers le parc. A ce moment il n’y a plus de cortège constitué. Le fameux « black-block » est dissout. Pourtant de nombreuses personnes ne désire pas rester sur place à boire des bières et à écouter la soupe des discours alter mondialistes.
« Tous à l’OMC ! »
« On va pas s’arrêter pour quelques lacrymos ! »
Bref de manière totalement autonome (avec l’aide de quelques gueulards quand même) des centaines de personnes, pas loin d’un milliers, se dirigent en direction du siège de l’OMC par la rue Montbrillant. De nombreux jeunes du quartier tout proche nous ont rejoint. L’ambiance est bonne enfant, les gens sont pour beaucoup masqués, et il y a une certaine combativité qu’on peut sentir dans l’air.
16h20 : Rue Montbrillant
Alors que nous nous approchons, encore pacifiquement, du quartier qui regroupe la plupart des institutions internationales, les flics barrent la route. Il ne sont pas encore trop nombreux et la foule continue d’avancer calmement mais de manière déterminée.
16h30 : Rue Montbrillant
Les flics font pleuvoir un nombre impressionnant de lacrymogènes. Une autopompe se met en position et commence à asperger les manifestant-es.
Quelques pierres volent en direction du canon à eau. Le face à face se prolonge quelques minutes puis une première charge à lieu.
Deuxième charge, les manifestant-es refluent. Soudain à l’angle de la rue Montbrillant et de la rue du Valais, les manifestants se retrouvent pris en sandwich entre deux cordons de flics.
Alors que le gros des troupes de la police nous charge dans le dos, un cordon se met en place et nous empêche de nous replier.
Le but semble être de faire quelques arrestations mais c’est surtout des coups qui sont donnés aux manifestant-es. Les flics se lâchent à coups de matraque, de gazeuse au poivre (en plus de l’épais nuage de lacrymogènes), certains flics nous tirent dessus à moins de trois mètres avec des balles en caoutchouc (sorte de chevrotine en caoutchouc). Plusieurs manifestant-es reçoivent de ces balles.
Il y a à ce moment une certaine panique qui s’installe, mais pas mal de manifestant-es calment le jeu et prennent en charge les gens qui ont mangé trop de gaz.
Des petits groupes s’échappent en passant par des jardins privés.
Les flics après avoir stoppé leur avance pendant quelques minutes, continuent à repousser les manifestant-es vers le parc des Cropettes.
Aux abords du parc une petite barricade est installée à partir du matériel pris dans un chantier. Les manifestant-es tentent de l’enflammer.
La foule reste dans la rue de Montbrillant et refuse de se disperser.
17h00 : Parc des Cropettes
Un concert a lieu ainsi qu’une bouffe. Des manifestant-es de tous âges mangent et écoutent la musique. La rue Montbrillant est calme, et les flics ont pris position à plusieurs carrefours autour du parc. Il devient assez rapidement évident qu’ils vont charger à un moment ou à un autre.
17h15 : Parc des Cropettes
Les flics s’amassent rapidement au début de la rue Montbrillant ou s’est montée une barricade. Ils gazent (très) copieusement l’ensemble du parc, puis chargent à très nombreux. Des lacrymos et des balles en caoutchouc sont systématiquement utilisées. L’air est vraiment irrespirable.
Les occupants du parc ne comprennent pas vraiment ce qui se passe, beaucoup sortent comme ils le peuvent, des coups de matraque sont donnés.
17h20 : Parc des Cropettes et les rues adjacentes
Les flics chargent très violemment et systématiquement les moindres groupes de personnes qui tentent de se regrouper. Malgré cela les manifestant-es font encore preuve de ténacité. La dispersion dure un certaine temps. Des manifestant-es sont repoussé-es dans le quartier des Grottes, d’autres en direction de la gare Cornavin.
Les abords de la gare sont gazés dans une grande confusion. Manifestant-es et passant-es ont la bouche et les yeux irrités. Un groupe de manifestants traversent la gare par les galeries commerciales et en profitent pour balancer deux trois trucs.
17h30 : Place Cornavin
Les manifestant-es se regroupent et refusent de se disperser. Des slogans fusent « Police partout, justice nulle part ! ». Les voies de tramways sont bloquées. Le groupe grossi au fur et à mesure que des gens s’échappent de la course poursuite.
17h35 : Place Cornavin
Nouvelle charge des flics avec, comme depuis une heure, lacrymogènes, tirs tendus de balles en caoutchouc, gazeuses, tonfas... La charge pousse les gens boulevard James Fazy. A l’angle de ce boulevard et de la rue « Chantepoulet » les flics nous refont le coup de l’encerclement. Ils semblent vouloir nous encercler pour procéder à des arrestations. Ce sont plutôt des des balles en caoutchouc et des coups qui sont distribués. Quelques personnes sont blessées. La police est bien à bloc.
Cette charge a été particulièrement violente.
Après quelques courses poursuite dans les rues adjacentes la plupart des groupes sont atomisés.
Les voltigeurs et des voitures de police patrouillent dans les rues et procèdent à quelques contrôles d’identités.
18h00 : Fin des hostilités.
Après plus de deux heures, la police reprend la rue.
- OMC Genève 28.11.09
- Place de Cornavin
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