La « gentrification », objet d’une recherche-action qui ne dit pas son nom

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Gentrification. Le mot est désormais (presque) rentré dans le langage commun. Et de nombreux chercheurs se penchent aujourd’hui sur cette forme d’embourgeoisement des quartiers populaires. Las, ces analyses, plus ou moins critiques, sont récupérées par ceux-là même qui s’emploient à opérer cette gentrification. Paradoxe ?

(...)

« Ce que l’on appelle désormais la “gentrification” », affirme une chercheuse qui, comme ses confrères ou consœurs, se garde bien de remettre en cause cette appellation a priori incontrôlée1, « constitue un véritable sous-champ disciplinaire en sociologie et en géographie ». Cependant, le silence est de mise sur la ou les raisons de l’importance prise par ledit sous-champ et surtout sur l’intérêt qu’il suscite. Or, si l’utilité d’un tel champ reste à prouver pour les habitants qui font les frais du processus ainsi désigné, maintenus dans l’ignorance des enjeux sociaux et politiques qu’il recèle et qui l’expliquent, il n’en va pas de même pour ses bénéficiaires. Outre les chercheurs pour qui il constitue un véritable « créneau » pour ne pas dire un fonds de commerce sur le marché des idées, on peut inclure certains élus locaux, les requins de l’immobilier et les « gentrifieurs » eux-mêmes.

Nombre d’entre eux, en effet, ont eu vent des études scientifiques portant sur la « gentrification », et en ont pris connaissance, directement ou sous une forme vulgarisée. Pour le « bobo » en quête d’une résidence conforme à ses revenus et à ses attentes en matière de style de vie et d’ambiance urbaine, rien de tel qu’un article ou un reportage inspiré par ces études pour choisir le quartier populaire idoine où il établira ses nouveaux quartiers. Il en ira de même pour les marchands de biens et les agents immobiliers à la recherche d’espaces urbains en voie de « boboisation » pour y faire du blé. L’un d’eux, basé près de la Butte-aux-Cailles à Paris, confiait récemment : « Ces chercheurs qui prennent pour thème la gentrification et qui s’en prennent souvent à elle nous évitent des études de marché ! » Du côté des édiles soucieux de faire « bouger » leur ville en y ancrant la soi-disant « classe créative », en particulier celle qui, en matière d’arts et de loisirs, c’est-à-dire de production-consommation culturelle, crée les tendances et lance les modes, ces études auxquelles ils auront accès (quand ils ne les auront pas financées eux-mêmes), les éclaireront ainsi que leurs aménageurs pour l’élaborer des projets de « requalification urbaine » et des stratégies pour les mener à bien. Car ce qui était au départ un processus spontané résultant d’initiatives individuelles non coordonnées est devenu une politique concertée menée à l’initiative des pouvoirs publics pour rehausser la réputation d’un quartier ou d’une ville afin d’y attirer des citadins d’un rang supérieur à celui des anciens habitants.

La suite à lire sur : http://www.article11.info/?La-gentrification-comme-objet-d

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