Si l’évacuation des campements est un des piliers de cette politique, l’expulsion par charter en voyage organisé ou individuel est une autre caractéristique de ces pratiques éminemment de gauche pour laquelle les électeurs n’ont pas voté.
Fatima est une ressortissante marocaine de 39 ans, qui , pour son plus grand malheur, s’est vu notifier une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) suite à un refus de titre de séjour. Placée au Centre de Rétention Administratif de Marseille en attente d’un retour forcé pour son pays, elle refuse par deux fois d’embarquer dans l’avion les 10 et 18 juillet 2012. Un nouveau départ est donc programmé pour le 31 juillet, mais cette fois-ci, l’administration socialiste prépare son coup en envoyant les policiers de l’UNESI, Unité Nationale d’Escorte, de Soutien et d’Intervention.
Les policiers de l’UNESI sont des spécialistes de l’accompagnement des étrangers en situation irrégulière. Un peu comme des animateurs du Club Med qui vont s’assurer que tout se passe bien pendant le voyage et en particulier pendant l’embarquement dans l’avion. Pour mieux comprendre leur travail et leurs méthodes, il suffit de regarder une vidéo mise en ligne par les Inrocks. Elle nous montre un étranger qui refuse de repartir au pays sans rien dire et le fait savoir. [1]
Les policiers travaillent dans des conditions difficiles. Sur la vidéo, on voit bien qu’ils n’ont même pas de place assise et qu’ils sont obligés de s’asseoir sur le monsieur qui refuse les vacances offertes par l’administration française. Il y a des chances que le commandant de bord ait expliqué aux policiers qu’un être humain qui criait n’était pas un coussin et que voyager assis dessus était formellement interdit par le règlement d’Air France. On peut supposer aussi que l’étranger en situation irrégulière et inconfortable s’est vu administrer une bonne dose de calmants pour terminer le voyage tranquillement.
Très soucieuse que la ressortissante marocaine qui a osé se maintenir en France sans papiers ne rate pas son avion, outre l’UNESI, la police du centre de rétention prévoit donc de la mettre au frais avant l’embarquement, c’est-à-dire en cellule d’isolement, lundi vers 15 heures, soit plus de 18 heures avant l’heure de départ.
A 19 heures, Fatima appelle sa famille depuis son téléphone portable pour se plaindre de violentes douleurs au ventre et de violences policières. Selon ses proches et son avocat, elle a désespérément essayé d’alerter sur son état de santé qui se dégradait suite à l’absorption de médicaments. Laissée à l’abandon et sans soins, elle aurait tenté de se faire entendre en donnant des coups contre les murs.
On ne sait pas ce qui s’est passé ensuite. En revanche, ce qu’on sait, c’est qu’à 1 heure du matin, soit plus de 6 heures après son appel au secours à sa famille, elle est emmenée aux urgences de l’hôpital nord de Marseille. L’Association Forum Réfugiés qui assiste les étrangers dans la défense de leurs droits pendant leur rétention est informée « d’une pathologie grave affectant les reins et le foie, suite à l’ingestion de substances, et d’une proche intervention en vue d’une greffe du foie ».
De source médicale, on parle également d’hématomes sur le visage et de traces de menottes sur les poignets.
Outre des violences évidentes qui seront prouvées lors de l’exploitation de la bande vidéo de la cellule d’isolement, on apprend que la police aurait obligé la femme a porter un casque pour la protéger des coups qu’elles se donnait… Un casque, des menottes, des hématomes au visage, voilà notre jeune femme transformée par la police en Hannibal Lecter dans « Le silence des agneaux ».
Forum Réfugiés à publié un communiqué dans lequel il est regretté que « la volonté d’aboutir à tout prix à l’exécution de la reconduite de Mme ASFOUR au Maroc l’a emporté sur les considérations humanitaires qui auraient dû conduire rapidement le chef de Centre à alerter les secours pour mettre un terme à une situation de souffrance qui a conduit à un danger vital ». Le communiqué souligne également que « l’exécution de la mesure d’éloignement ne saurait prendre la forme d’un acharnement au péril de l’intégrité des personnes concernées. » [2]
En d’autres termes, reconduire un étranger dans son pays d’accord, mais pas dans un cercueil.
L’ordre des avocats au Barreau de Marseille a également publié sur son site un communiqué qui évoque les « conséquences de la mise en œuvre de traitements inhumains et dégradants au sein du Centre de Rétention Administrative et du recours abusif au régime du placement à l’isolement. » Il rappelle que « le but de la rétention administrative n’autorise en aucun cas le recours à des atteintes à l’intégrité physique des étrangers qui en sont l’objet. » [3]
Le cas de cette ressortissante marocaine n’est pas isolé. Il intervient quelques jours seulement après l’enlèvement par la police d’un ressortissant algérien sous les yeux de sa fille de 11 ans, à Lille. Afin de s’assurer de sa coopération, on lui a administré des drogues au centre de rétention et il a ensuite été bâillonné et attaché dans l’avion. [4]
En réalité, ce sont des années de traitements inhumains et dégradants que ces événements tragiques mettent en lumière. La manière dont travaillent aujourd’hui certaines administrations et certains policiers est indigne de notre grand pays toujours prompt à donner des leçons de liberté et de démocratie à la terre entière.
Ce qui était insupportable sous Sarkozy et Guéant n’est pas devenu plus supportable sous prétexte que ce sont Hollande et Valls qui se livrent aux mêmes pratiques.
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