En début d’après-midi, une demi-heure avant que le procès ne commence, la place devant le tribunal est déjà occupée par le rassemblement antifasciste. La salle d’audience ne tarde pas à être remplie elle aussi par de nombreuses personnes venues soutenir les accusés. Les fachos (les deux « victimes » accompagnés de trois autres) n’entrent dans la salle qu’en retard, après l’arrivée du juge. Les trois observateurs passeront le début de l’audience debout au milieu de plusieurs dizaines d’antifascistes. Dès le début, l’accusation parait grossière : les accusés font facilement la moitié du volume des prétendus agressés, lesquels ont pour l’occasion troqué bombers et rangers contre des costards ridicules.
L’audience commence par un rappel des faits par le juge, puis par le témoignage des deux parties, interrogées par le juge puis par l’avocat de la partie adverse.
L’accusation tourne autour de deux altercations supposées. Selon les fafs, la première est une agression qu’ils auraient subie de la part d’une quinzaine d’antifascistes, et à laquelle il prétendent qu’un des deux antifas a participé. Ce que les deux nient et que rien ne vient appuyer sauf un hématome sur le bras d’un des fascistes. Plus tard le même jour, les deux antifas, pris à partie par les deux fachos, font usage de gaz lacrymogène pour se sortir de ce mauvais pas.
L’avocat des fafs, aussi connu pour être leur avocat dans le procès faisant suite au guet-apens armé ayant eu lieu à Villeurbanne en janvier dernier, prend son temps mais n’arrive pas à sortir des détails, cherchant le détail manquant dans la déposition des antifa, ce qu’il n’arrivera pas à faire. Son plaidoyer ne vaut guère mieux et nous réserve les plus beaux morceaux :
M. le juge, il y a ici des faux témoignages
- la salle : rire et références au fait que les faux témoignages ne sont pas à chercher du coté antifa mais de l’autre.
- Veut-on nous faire croire qu’il s’agit d’un procès politique ?
- rire dans la salle -
L’avocat des accusés est relativement court quand il questionne les « victimes » :
- Maitre Sayn : M. avez-vous un casier judiciaire ?
- Premier facho : Oui
- Me S. : Avec quelle condamnation ?
- Violences (en regardant ses pieds)
- Me S. : Vous êtes trésorier du Bunker Korps Lyon ?
- Plus depuis deux ou trois mois.
- Me S. : Deux ou trois mois ? C’est une responsabilité trésorier vous devriez savoir !
- Trois mois
- Me S. : Et depuis quand circule ce dossier ? - en sortant le dossier sur le Bunker Korps Lyon - dans lequel vous êtes nommément accusé ?
S’en suit quelques minutes pendant lesquelles Sayn rappelle les rapports entre l’association de la « victime » et les milieux néo-nazis, photos et preuves à l’appui, pour finir par poser la question : « Etes vous encore néo-nazi ? » à laquelle répondra un non bien mou en regardant ses chaussures.
Quand il questionne le deuxième, mis en cause pour « non assistance à personne en danger » dans le cadre de l’agression de Villeurbanne, à la question « d’où venait la mise en danger ? » l’avocat des fachos s’énerve et tente de mettre fin à la série de questions. Ce qui n’empêchera pas son confrère de continuer l’interrogatoire : comment, alors que la « victime » demande des jours d’ITT, a-t-elle pu le lendemain matin aller passer sans problème l’épreuve sportive d’entrée à la formation pénitentiaire ?
La procureure se lance à son tour dans son réquisitoire : d’emblée elle écarte la « première attaque » à laquelle seule la parole des fafs donne crédit (et des témoignages non signés de « commerçants du quartier » portés par la défense). Puis elle ironise sur la deuxième partie : pourquoi les fachos, traumatisés - ce qu’ils prétendent - par l’agression, vont-ils, en les voyant plus loin, « demander des explications » aux deux antifas ? Personne n’est dupe de ce que cela sous-entend de la part de nervis racistes et violents. Seule est donc conservée comme accusation la possession de la bombe lacrymogène, son usage pouvant relever de la légitime défense.
L’avocat des deux accusés remet une dernière couche sur l’incohérence de l’accusation et le lourd passif des « victimes » connu pour leurs faits de violence. Puis, en attendant le rendu, la plupart des personnes sortent dans la cour. D’abord les antifascistes, nombreux, puis la brochette des cinq. Face à ces derniers, personne ne bouge, dans l’attente de la délibération. Les quelques photos que prennent avec leur portable les fachos ne provoquent pas de réponses.
Un journaliste présent sur les lieux prend quelques clichés du rassemblement et des cinq fachos présents à l’extérieur du TGI. Rapidement l’un des nervis fascistes s’approche de lui, l’invective et lui demande son appareil photo. Le journaliste refuse et alors que le facho tente de lui arracher son appareil, un antifasciste le repousse en lui demandant pourquoi il s’en prend au journaliste. La réponse ne tarde pas, il lui crache dessus puis se jette pour le frapper. Il est rapidement repoussé avant que ses quelques camarades viennent se joindre à lui pour réclamer leur part de baffe.
En une ou deux minutes la police intervient et refoule à l’intérieur du TGI les fachos repoussés par les participants au rassemblement qui se mettent à scander slogans sur slogans antifascistes. Depuis l’intérieur du tribunal, derrière les vitres et le rang de policiers, les fachos s’énervent, enchaînent les saluts nazis et les insultes. Certains ne trouvant rien de mieux à faire que de montrer leur bite à travers la vitre. Par deux fois ils tentent, en braillant, de passer le rang de flics (qui leur tournent le dos) pour attaquer les antifascistes. La première tentative est rapidement refoulée par les antifas, et la deuxième, à l’aide du mobilier du TGI, se solde par une immobilisation en règle par les bleus.
Les fachos, éructants, sont emmenés à l’intérieur du tribunal pendant qu’un détachement supplémentaire de policiers vient boucler l’entrée. A l’intérieur, les soi-disant « victimes » rejoignent la salle d’audience pour le rendu du procès et n’hésitent pas, sous le nez du juge, à menacer les deux antifas accusés : « on va te choper, te tuer, tu es mort ». Le rendu du procès viendra rapidement leur clouer le clapet : l’accusation d’agression qu’ils portent n’est pas retenue par le juge. Le seul élément conservé est la possession par les antifascistes d’une bombe lacrymogène -son usage ayant tacitement été considéré comme de la légitime défense-. Les fachos sont donc déboutés de leur plainte et nos deux camarades écopent de 200 € d’amende pour port d’armes prohibées.
Le journaliste attaqué ainsi qu’une autre personne ont fait part de leur volonté de porter plainte.
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