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Procès [de] Minatec

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La manifestation du 1er juin à Minatec a visiblement troublé les projets des technarques grenoblois. Avec ce procès le 20 novembre, le vérouillage de Minatec continue.

Le lundi 20 novembre à 14h, au Palais de Justice de Grenoble, deux manifestants seront jugés pour avoir, la veille de l’inauguration de Minatec « n’étant pas porteurs d’une arme, participé volontairement à un attroupement après les sommations de dispersion ».

Ils ont obtenu la relaxe tous les deux ! Voir ci-dessous leur communiqué.

- Dimanche 19 novembre, 19h, soirée d’information et de soutien
avec en avant-première
“NanoVent”, pièce de théâtre ’’nanotechnologique’’
à l’ADAEP 163, Cours Berriat, Grenoble.

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informations issues du tract d’appel à soutien aux deux manifestants

Rappel des faits

De février à mai 2006, le collectif Opposition
Grenobloise aux Nécrotechnologies (OGN) organise une
cinquantaine de réunions publiques d’information en France,
réunissant au total plus de 2000 personnes. OGN diffuse des
milliers de documents pour alerter sur les conséquences sociales,
militaires, sanitaires et environnementales des nanotechnologies. Il
appelle à une manifestation lors de l’inauguration officielle du centre
Minatec, le 1er juin à Grenoble.

Le 1er juin, un millier de personnes marchent dans les rues
de Grenoble contre Minatec, contre une science au service des
industriels et des militaires. La Police a déployé un important
dispositif pour bloquer le cortège juste avant la gare. Quelques
manifestant-e-s brisent une vitrine de banque et un panneau de
pub. Le cortège arrive devant le cordon de CRS bloquant la rue
Alsace-Lorraine. Les manifestant-e-s sont dispersé-e-s violemment
avec Flasballs et gaz lacrymogènes, puis pourchassé-e-s dans les
rues. Les CRS utilisent des grenades de désencerclement sur un
rassemblement pacifique Place St-Bruno : une jeune fille est
grièvement blessée au visage. Les quelques manifestant-e-s
rassemblé-e-s Place Félix Poulat rejoignent ensuite « la BifurK »,
lieu d’information et de débats sur les nanotechnologies depuis le
29 mai.

Le 2 juin, jour de l’inauguration retardée, les grenoblois se
réveillent dans une ville en état de siège : la zone autour de Minatec
est soumise à des restrictions de circulation et de stationnement
draconiennes depuis la veille au soir. Elle est verrouillée par des
grilles anti-émeutes. Des centaines de policiers sont déployés dans
la ville. Ils fouillent et contrôlent systématiquement tout
rassemblement de plus de cinq personnes, parfois plusieurs fois de
suite. Malgré ce harcèlement, les militants anti-Minatec distribuent
des tracts pour informer et débattre dans les rues avec les
grenoblois.

A 7h00 sur le campus, un campement de 30 militant-e-s est
évacué manu militari par 200 policiers. A partir de 8h30, la Bifurk est
encerclée par la police (notamment Brigade Anti-Criminalité). Toute
personne entrante ou sortante doit subir une fouille complète et un
contrôle d’identité.

A 9h30, deux membres du collectif OGN sont interpellés alors
qu’ils se dirigent vers le centre-ville à vélo. Ils sont maintenus 10h
en garde-à-vue, emmenés menottés à leur domicile pour une
perquisition, et doivent se soumettre à un prélèvement ADN pour
fichage (qu’ils refusent). Ils seront jugés le 20 novembre par le
Tribunal Correctionnel pour : « n’étant pas porteurs d’une arme,
avoir continué volontairement à participer à un attroupement après
les sommations de dispersion, le 1er juin 2006 ».

La répression des opposant-e-s continue

. Le 9 mai 2006, l’émission de TéléGrenoble "Une heure pour
avancer sur la crainte des nanotechnologies" a confronté en
direct un militant anti-Minatec à deux promoteurs du projet. Le
siège parisien de TéléGrenoble a immédiatement reçu de vives
protestations de la part d’Olivier Noblecourt, directeur de
cabinet du maire de Grenoble (financeur de Minatec). Ces
pressions ont contribué au départ de la chaîne du journaliste
animant l’émission.

. Pour avoir hébergé l’Opposition Grenobloise aux
Nécrotechnologies, les collectifs d’associations Cap Berriat et
La Bifurk ont subi des pressions de la part de la mairie de
Grenoble, notamment des menaces de baisse de subvention.

. Le 18 septembre 2006, deux personnes identifiées comme
« opposantes » se sont vues refuser l’accès à l’inauguration de
l’exposition Nanodialogue au CCSTI, après fouille et contrôle
d’identité par la Police. Un groupe d’étudiants invités par leur
professeur a failli ne pas pouvoir entrer pour les même raisons,
et a été suivi par un policier des RG durant tout l’évènement.

. Deux autres manifestants seront jugés le 10 janvier 2007 à
Grenoble, pour « outrage à agent » et « violences sur agent »,
suite à une interpellation lors de la manifestation du 1er juin
2006 et une autre lors de l’évacuation matinale et musclée du
campement sur le campus le 2 juin.

Pourquoi nous avons manifesté contre Minatec ?

Parce que nous sommes pour une science orientée par le bien
commun et contrôlée par la population, pour une science qui ne soit
pas au service des profits industriels et de l’Armée, pour une
science qui ne détruise pas notre santé et notre environnement.

Les nanoparticules, amiante-bis ?
Les nanoparticules sont commercialisées sans étude toxicologique.
En juin 2006, un rapport remis au Ministère de l’Ecologie
affirmait : « Aucune évaluation des risques, y compris pour les
nanostructures les plus fabriquées, n’est actuellement disponible.
Toutefois les résultats de tests de laboratoire [...] laissent penser
que les organismes vivants peuvent être affectés par l’exposition à
des nanomatériaux. » (http://www.ecologie.gouv.fr). Quelques jours
plus tard éclatait en Allemagne le premier scandale sanitaire
impliquant les nanos : le nettoyant ménager « Magic Nano » a été
retiré en urgence des rayons, après avoir déclenché des
phénomènes de détresse respiratoire chez 97 consommateurs.
Minatec, centre de recherche militaire

En mars 2006, la Ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie visitait
le chantier de Minatec en expliquant son importance pour l’Armée.
Quatre ans plus tôt, la Délégation Générale pour l’Armement (DGA)
signait une convention avec Minatec, permettant à l’Armée de
participer au choix des recherches et d’acquérir les technologies
inventées. Minatec permettra aux militaires de produire le matériel
des guerres du futur : drones, missiles intelligents, gaz de combat...
C’est ce que décrit un rapport publié en septembre 2006 par
l’Observatoire des Armements (http://www.obsarm.org).

La dérive totalitaire des nanos
Les nanotechnologies rendent possibles de nouveaux outils de
contrôle social d’une puissance inégalée dans l’histoire humaine :
vidéosurveillance invisible, nanopuces lisibles à distance (RFID) ou
implantables sous la peau, biométrie... Ces outils permettront toutes
les dérives sécuritaires. Quand les puces sous-cutanées seront
obligatoires et les rues truffées de nanocaméras, quelles seront les
résistances possibles face à un pouvoir totalitaire ?

Enfin, Minatec a été construit sans débat public, sans
information sur ses nuisances environnementales et sanitaires,
sans information sur ses implications militaires et policières.
Minatec est contrôlé par le Commissariat à l’Energie Atomique,
structure opaque. 75% des 190 millions d’euros de Minatec sont des
fonds publics : Conseil Général de l’Isère, Métro, Ville de
Grenoble... Mais les profits de Minatec, eux, seront avant tout pour
les industriels.

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Tract d’information et de soutien

Communiqué des deux manifestants à la suite du procès du 20 novembre 2006 à Grenoble :

Notre relaxe marque pour nous la fin d’un cycle qui a débuté le 2 juin dernier dans un sordide fourgon de police pour s’achever hier dans une salle du Tribunal correctionnel. De ce "voyage répressif", nous retiendrons le sadisme de certains policiers, la puanteur des cellules, l’humiliation de la fouille au corps et de la perquisition, la pression suite à notre refus de prélèvement ADN, la pénible et surréaliste ambiance du Tribunal, l’infantilisation face aux juges et au procureur ; mais aussi, et surtout, nous retiendrons la solidarité collective, le soutien par la présence et la pensée, tous les liens forts d’entraide partagés.

Cette relaxe doit beaucoup à la cinquantaine de témoignages
écrits reçus, aux 250 personnes qui sont venues nous soutenir au Tribunal et à la très bonne plaidoirie de notre avocat. Nous enverrons dans les jours qui viennent sur Indymedia Grenoble un récit détaillé de notre procès, histoire de partager les moments intenses vécus hier.

Ce verdict, s’il nous apporte un soulagement personnel, ne diminue cependant pas notre colère et notre volonté de changement social. Ce procès a été pour nous l’occasion de remettre en lumière les raisons pour lesquelles nous avons manifesté le 1er juin dernier : une recherche scientifique au service des profits industriels et de la puissance militaire ; une course au high tech qui méprise ses conséquences sociales et environnementales ; de nouvelles technologies de contrôle social qui feront l’omnipotence des Pinochet du futur.

Ce qui s’est passé en juin dernier préfigure une société
techno-totalitaire, un Etat qui étouffe toute résistance par la force des CRS et de leurs grenades, de la BAC et de leurs flashballs, des RG et de leurs indics. Ou, plus insidieusement, une société qui éteint l’esprit critique par les campagnes de "com", les débats sans enjeux, les postures pseudo-critiques des décideurs politiques, les comités
d’éthique oligarchiques, autant de dispositifs d’acceptabilité pour éviter le "scénario OGM" et éloigner la population des réels centres de décision, d’une réelle information.

Face à la destruction de notre environnement, face au pillage des pays du Sud, face à la misère psychique et aux inégalités sociales d’une France "à la pointe du progrès", nous n’avons pas besoin de Minatec et de ses frigos intelligents, de Minalogic et de ses écrans toujours plus
plats, du Techno-Sillon-Alpin et de son tunnel sous la Bastille ; nous avons besoin de renouer avec la politique, la réflexion sur la société que nous voulons pour nous et nos enfants, la résistance en actes et en pensées.

De janvier à juin 2006, l’Opposition Grenobloise aux Nécrotechnologies a montré qu’en se regroupant à quelques dizaines, avec un budget ridicule, en organisant une soixantaine de réunions d’information et en diffusant
des milliers de documents, il est possible de faire vaciller l’image lénifiante des nanos, construite à coup de centaines de milliers d’euros et de cabinets publicitaires ; de transformer l’inauguration pompeuse de Minatec en échec médiatique. L’inlassable travail d’enquête de Pièces et
Main d’Oeuvre, mais également toutes les actions de résistance -occupation du chantier de Minatec en décembre 2004, nombreuses soirées d’information, diffusion de canulars comme le "Faux Métroscope", "Libertys" ou "Tunnelis"...- montrent qu’il est possible de résister au
"système technicien" que dénonçait déjà Jacques Ellul dans les années 70.

Parce que nous refusons de rentrer dans la logique de l’Etat qui, en choisissant d’arrêter quelques manifestants sur mille, cherche non seulement à criminaliser les mouvements politiques, mais également à les personnifier, nous n’avons pas pris la parole publiquement devant les médias présents lors du procès (M6, France3, Le Daubé, Télégrenoble, l’AFP, etc.). Pour nous, ce procès était avant tout celui de Minatec ; le procès de l’Etat, des industriels et des militaires ; le procès d’une organisation sociale qui détruit le Bien commun.

Pour terminer, nous vous invitons à deux futurs procès : le 10 janvier 2007, pour soutenir les deux autres personnes inculpées lors des évènements contre Minatec ; et, vraisemblablement, notre possible futur procès pour « refus de prélèvement ADN »...

Les deux manifestants jugés à Grenoble le 20 novembre 2006
procesminatec(Arobase)no-log.org

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