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LE CHANT DES OUVRIERS de Pierre Dupont
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chansonnier lyonnais (1821-1870)
(paroles rédigées à la suite de la révolte des canuts, publiées en 1846)
.Nous dont la lampe, le matin
Au clairon du coq se rallume.
Nous tous qu’un salaire incertain
Ramène avant l’aube à l’enclume.
Nous qui des bras, des pieds, des mains,
De tout le corps luttons sans cesse,
Sans abriter nos lendemains
Contre le froid de la vieillesse,Aimons-nous, et quand nous pouvons
Nous unir pour boire à la ronde,
Que le canon se taise ou gronde
Buvons, buvons, buvons
A l’indépendance du monde !Mal vétus, logés dans des trous,
Sous les combles, dans les décombres
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres ;
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines.
Nous nous plairions au grand soleil,
Et sous les rameaux verts des chênes.Aimons-nous, et quand nous pouvons
Nous unir pour boire à la ronde,
Que le canon se taise ou gronde
Buvons, buvons, buvons
A l’indépendance du monde !A chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde,
C’est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde.
Ménageons le dorénavant,
L’amour est plus fort que la guerre.
N’attendons pas qu’un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre.Aimons-nous, et quand nous pouvons
Nous unir pour boire à la ronde,
Que le canon se taise ou gronde
Buvons, buvons, buvons
A l’indépendance du monde !
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