A Gleneagles, tout au nord de l’Écosse, le G8 doit démarrer jeudi, mais la contestation bat déjà son plein. En dehors des spectaculaires démonstrations consensuelles du « Live8 » et de la « Make Poverty History March », les premières actions radicales affichent un bilan mitigé.

Deux ans après les villages alternatifs autour d’Évian, une partie radicale de la constellation altermondialiste se retrouve en Écosse pour contester une nouvelle fois le G8. Cette année les militant-es sont éclaté-es en trois sites, Glasgow, Edimburgh et Stirling. Les autorités ont tenté de parquer le mouvement dans un camp de 15000 places à Edinburgh, bardé de caméras et de vigiles, mais les manifestant-es semblent préférer le village autogéré de Stirling, où il-elles affluent depuis quelques jours.

La contestation démarrait ce samedi, avec la "Make Poverty History march". Évènement médiatique et populaire considérable au Royaume-Uni, cette manifestation a réuni plusieurs centaines de milliers de personnes, toutes vêtues de blanc, pour réclamer plus d’aides, l’annulation de la dette et surtout la disparition de la pauvreté. La marche s’est déroulée dans une ambiance calme et familiale, marquée par une forte présence religieuse. Mais les autorités, parties prenantes de la manifestation, n’étaient pas disposées à laisser une voix plus radicale s’exprimer. Ainsi une centaine de personnes, vêtues, elles, de noir, mais qui n’étaient pas équipées pour mettre la ville à sac, se sont vues isolées par les nombreuses forces de police dès le début de l’après-midi. Elles ont passées la journée bloquées dans une rue, avant de ressortir une par une sous les flashs des policiers. La ville a tout de même éte animée par une armée de clowns et par une grosse batucada, qui ont réussi à interrompre le flot blanc par intermittence.

Le soir, au camp de Stirling, les blocages de mercredi se préparaient a côté de petits concerts, sans trop s’inquiéter du sort des millions de télespectateurs qui assistaient aux shows de Bob Gedolf.

Ce dimanche était l’occasion d’affirmer à nouveau l’importance de l’abolition des frontières, lors d’une manifestation intitulée "Make Borders History". Celle-ci s’est déroulée dans une bonne ambiance dans les rues de Glasgow, pendant que de nombreux ateliers et réunions animaient un bâtiment de l’université d’Edimbourg, mais aussi le camp rural. Dans le même temps, la coalition "G8 Alternatives" tenait un meeting riche en intervenants altermondialistes.

Aujourd’hui, les opposant-es au sommet étaient réuni-es autour de deux grands objectifs : le blocage de Faslane et un carnaval à Edimbourgh. Tradition désormais bien installée, le blocage annuel, pour un jour, de la principale base nucléaire britannique s’est bien déroulé. Les militant-es pacifistes habitant le camp permanent proche du site ont accueilli les anti-G8 et sont resté-es plusieurs heures durant devant les differentes portes.

Ambiance beaucoup moins calme à Edimbourgh, où était prévu un « carnaval pour le plaisir », avec des batucadas et l’armée des clowns, pour protester contre les exploitations dues au travail, à la précarité, ou encore à l’armée. Mais cette action de rue n’était pas autorisée, et dès leur arrivée, les joyeux manifestant-es ont été reçues par diverses sortes de policiers britanniques. Cette fois, ce sont environ 500 personnes, dont certaines en noir et une batucada internationale, qui ont dû rester tout l’après-midi entre plusieurs rangs de forces de l’ordre. Au moins sept militant-es ont même été arrêté-es à cette occasion, pendant que les rues, pleines de journalistes en mal d’images choc, voyaient les policiers anti-émeutes empêcher toute formation en groupe, quelle soit festive ou agressive. Le bilan n’est pas encore complet mais il y a eu plusieurs blessé-es et arrêté-es, notamment lors d’un affrontement prolongé. La force de l’Autorité, omniprésente, a tout de même toléré quelques petites fêtes, autour des bouts de batucada qui avaient échappé au piège initial, et n’a pu empêcher quelques habitant-es écossais-es de danser avec leurs visiteurs, pourtant présumés si dangereux.

La lutte continue ! Parmi les nombreux évènements, la journée de mardi verra notamment se dérouler une manifestation au centre de détention de Dungavel, pendant que de nombreux et nombreuses bloqueur-se-s se réuniront pour coordonner la tentative de bloquage du sommet. Sommet qui doit donc démarrer mercredi matin. Quant à la journée internationale d’action à propos du changement climatique, vendredi, elle sera relayée par une "critical mass" à velo à Edinburgh (comme à Lyon), et par une street party à Glasgow, en opposition à la construction d’une autoroute.

Mathieu, depuis le centre des médias alternatifs d’Edimburgh.