La rave interdite, le centre-ville s’inquiète
La préfète d’Ille et Vilaine a pris vendredi l’arrêté d’interdiction d’organisation de tout rassemblement festif à caractère musical sur l’ensemble de son territoire du 6 au 12 décembre, pour des raisons de sécurité lié au terrain d’accueil.
Celui-ci pourtant proposé par la Mairie de Rennes n’accueillera pas de rave en marge des Trans musicales. Dans le centre-ville, on redoute des affrontements entre teufeurs sans point de chute et forces de l’ordre.
La rave est interdite mais les teufeurs affluent déjà. La préfète, à défaut d’assistance, doit opter pour le maintien de l’ordre. Un millier de policiers et gendarmes ont été mobilisés. La tension est déjà grande.
Les commerçants du centre se souviennent des nuits de folie qu’ils ont vécues l’an dernier lors des Trans Musicales. Une jeune femme avait passé ses soirées derrière sa vitrine de peur qu’elle vole en éclats. Elle n’avait pas tort. Une trentaine de magasins avaient subi la fureur de jeunes teuffeurs, lors des affrontements, devenus inévitables, avec les forces de lordre.
La rave interdite, la préfecture a mis les petits plats dans les grands. Cinq escadrons de gendarmes mobiles et une compagnie de CRS passeront le week-end à Rennes. Des renforts de police viendront aussi des départements voisins. Et des services spécialisés devront se reconvertir, le temps dun week-end, en forces de maintien de lordre.
Dès hier soir, les teufeurs, les amateurs de rave, affluaient déjà dans le centre de Rennes. Des squats ont été évacués, hier. Des jeunes, extérieurs au département, y avaient trouvé un logement de fortune pour les trois jours de rave, auxquels ils sattendaient. « On craint des difficultés dans le centre mais nous ne pouvions pas accepter les conditions dans lesquelles la rave aurait eu lieu. Nous avions pensé que nous allions trouver une solution avec les organisateurs mais ça na pas été le cas », explique Stéphane de Ribou, directeur du cabinet de la préfecture.
Hier soir, en ville, les commerçants et les habitants du centre ne cachaient pas leur inquiétude. L’expérience de l’an dernier est dans toutes les mémoires. Pour limiter l’afflux dans la ville, les gendarmes ont reçu la mission de contrôler les véhicules. Si une rave devait avoir lieu, la préfecture annonce la couleur : des sanctions seront prises et le matériel de sono sera saisi, ce que permet la loi Sarkozy de 2002.
Le Collectif Korngheol abandonne les négociations pour les TRANS’OFF 2005.
Communiqué :
Devant l’attitude belliqueuse de la préfecture d’aller au conflit en interdisant la traditionnelle soirée techno en marge des Transmusicales sous prétexte que le dispositif de sécurité proposé pour la Prévalaye n’était pas suffisant, le collectif Korngheol abandonne les négociations. Il est impossible de faire un travail de médiation quand l’un des participants ne souhaite pas une solution pacifique.
De son coté, le collectif a réussi à faire signer plus de 30 associations et collectifs techno nominativement représentés par leur président et responsable sur une déclaration que même le Ministère de l’Intérieur considère comme l’une des plus détaillées jamais fournies jusqu’à présent pour ce type d’événement et près de 200 bénévoles se sont portés volontaires pour aider à la gestion. La mairie de Rennes a elle fourni un terrain, mis à disposition les moyens de nettoyage, les bennes à ordure et fait les travaux d’assainissement demandés par la Préfecture. Et malgré ces efforts, cette dernière utilise de faux prétextes pour annuler l’événement.
En effet comment croire une préfecture qui dit que le système de sécurité n’est pas suffisant et que les étangs ne sont pas bien protégés et interdit plutôt que d’aider avec son expérience. Mettre en place un dispositif de 1000 CRS et Gendarmes pour organiser les saisies et les arrestations dans un rayon de 100 kilomètres autour de Rennes, prévoir du coup les camions pour transporter le matériel saisi, l’approvisionnent de ses troupes, les secours en cas d’incidents et la coordination de tels moyens sur quatre départements est-il plus simple et socialement plus utile que de coordonner 50 pompiers et 100 gendarmes à la Prévalaye ?
Sans compter les affrontements inévitables que cette interdiction de dernière minute va générer et dont on sait déjà et avec une triste certitude qu’ils feront bien plus de dégâts et de victimes que n’en aurait fait un Teknival qui se serait déroulé, certes bruyamment mais dans la joie et la bonne humeur .
Quel sera le coup financier d’une telle opération ? Quel sera le coup humain de ces choix ? Allons nous voir un jeune homme avec une main arrachée comme au Faouet il y a quelques années ? Encore des arrestations, des vitrines brisées et jets de cannettes ? Tout cela pour de la musique et des jeunes qui veulent la faire partager, alors que tout le monde met du sien et est d’accord pour que la fête aie lieu, c’est absurde.
La préfecture préfère dépenser l’argent du contribuable à mettre en place un outil de répression policière plutôt que d’aider de jeunes citoyens à organiser leur passion, en complète contradiction avec la dynamique mise en place par les élus de la république, tant du coté de Nicolas Sarkozy que d’Edmond Hervé, le Maire de Rennes.
Dans ces conditions et ne souhaitant pas rentrer dans une lutte politique le collectif ne peut que conseiller aux Sound Sytems d’éviter Rennes et aux ravers d’éviter les coups de matraques.
Korngheol appelle aussi tout ceux qui pensent que les violences policières imposées aux citoyens de la ville de Rennes par la Préfecture doivent cesser et tous ceux qui déplorent l’annulation de cette grande fête de la techno que sont les Trans’off depuis plus de 10 ans à rejoindre l’appel à manifester du Collectif contre les Violences Policières le samedi 10 décembre à 15 heures devant la mairie de Rennes.
Citation de la préfète publiée sur un forum :
"C’est sûrement plus compliqué qu’une région enclavée au cœur de la France.Notamment parce que nous partageons la régression de civilisation qui se manifeste dans la difficulté à reconnaître l’autre. On veut bien que l’autre existe à condition qu’il soit le même. Donc la frontière et le travail frontalier devrait être une reconnaissance permanente de l’altérité. "
source :www.tekalouest.org & www.tekalombre.org
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