Encore une fois, nous nous lamentons. Bien-sûr notre indignation est bien sincère. Sincère et vaine. Toute cette indignation est alimentée par un sentiment d’impuissance. Cette colère ne sert à rien, elle témoigne de la contradiction inhérente à notre fonction. Un travailleur ou une travailleuse sociale, c’est déjà un flic, le flic diffus qui normalise les comportements, redonne une discipline aux personnes « exclues », neutralise la colère des marginaux. Grâce à nous, plus de masses dangereuses, mais des dossiers bien classés et des vies bien rangées.
Alors évidemment, quand on nous demande de passer l’uniforme, ça choque. On sent bien des tiraillements, mais au fond, ça ne fait que formaliser, donner un nouveau style à notre mission de contrôle social.
Ce n’est pas en temps que travailleurs sociaux qu’on pourra lutter contre le flicage généralisé et la mise en place d’un fascisme ambiant. Le refus de collaborer ne peut pas être une posture morale. Cela réclame des actes, saboter notre travail : empêcher les radiations et aider les RMIstes dans leur entreprise de désertion du monde du travail ; désinformer la police ; propager l’organisation politique des opprimés plutôt que participer à leur individualisation et à leur mise sous tutelle.
Démissionnons après une ultime falsification des dossiers.
Travaillons à devenir asociaux.
Des travailleurs sociaux en désertion
Compléments d'info à l'article